[ad_1] 2021-11-26 00:01:19 Revolution Permanente
Crédit Photo : Capture d’écran BFMTV
Mercredi 24 novembre, la veille de la diffusion d’une enquête menée par des journalistes de France 2 pour l’émission Envoyé Spécial à propos de faits présumés de viol et d’agressions sexuelles dénoncés par cinq femmes ayant croisé la route de l’ancien ministre de la transition écologique, BFMTV a fait le choix de donner la parole à l’accusé avant même de la donner aux victimes.
Cette invitation visait selon la chaîne à ce que le principal intéressé « réponde » au préalable à ces accusations. Une tribune nauséabonde qui participe à la décrédibilisation de la parole des femmes et à la banalisation du viol qu’a saisi au vol Nicolas Hulot pour déverser un discours de culpabilisation des victimes et de victimisation de sa personne, sans aucun complexe.
Face à l’établissement de nouveaux témoignages et accusations recueillies par les journalistes de France 2 dans une émission diffusée le 25 novembre, Nicolas Hulot a décidé de « prendre les devants », selon les termes qu’il avait lui-même employé en 2018 alors qu’il était déjà accusé de viol et que Marlène Schiappa courait à son chevet avec le reste du gouvernement, sur la situation qu’il qualifie de « poison de la rumeur ».
Lors de cet entretien, qui sera probablement le dernier de sa carrière puisqu’il y a déclaré vouloir définitivement « se retirer de la vie publique », l’ancien ministre n’a cessé de dénoncer le prétendu lynchage médiatique qu’il subit : « On me fait subir ce qu’un homme peut subir de pire », « Je suis victime d’une mort sociale, du sceau infâme de l’ignonimie » a-t-il expliqué tranquillement sur le plateau de Bruce Toussaint, disposant ainsi d’une tribune totalement libre pour retourner les accusations des cinq femmes témoignant dans l’émission de France 2, et ce avant même qu’elles ne puissent s’exprimer.
Un cadre si avenant et bienveillant envers lui qu’il s’est même accordé une plaisanterie nauséabonde sur le viol sans que le journaliste Bruce Toussaint ne le reprenne, esquissant même un sourire : « Je sais que j’ai un physique très ingrat et que seule la contrainte me permet de vivre des histoires d’amour ». Une façon de tourner au ridicule les accusations dont il fait l’objet sans même que les autrices de celles-ci n’aient pu s’exprimer en amont, et ce tout en banalisant le viol en le justifiant par le physique et en évoquant des « histoires d’amour ».
Toujours sur cette lancée, le créateur de la Fondation pour la Nature et l’Homme y a notamment tenu des propos scandaleux sur la réticence des femmes à parler de ces violences avant prescription, en évoquant qu’ « elles ont eu tout le temps à un moment ou un autre pour en parler », prenant cette attente de la prescription comme un argument à son avantage : « Pourquoi on attend la prescription pour parler ? », « Une femme envoyée par l’ambassade de France que j’aurais agressé, pourquoi n’aurait-elle même pas prévenu l’ambassade après ? » a-t-il fustigé sur le plateau de BFMTV, remettant explicitement la parole des femmes en doute, rhétorique classique face à la libération de la parole.
Habitués du traitement médiatique des violences faites aux femmes, BFMTV avait déjà devancé la publication par le journal l’Ebdo de la plainte pour viol déposée par une femme à son encontre, en invitant Nicolas Hulot la veille de la sortie de l’article révélant l’affaire, en février 2018. Une logique qui n’est pas sans rappeler la publication, le 8 mars 2021, jour de la Journée internationale des droits des femmes de la lettre d’un violeur à sa victime intitulée « Je t’ai violée, Alma » par le journal Libération, ou encore le reportage diffusé par TF1 dans l’émission Sept à huit qui laissait Bernard Henric, gynécologue visé par plusieurs plaintes d’agressions sexuelles et un viol se défendre publiquement et tenter de décrédibiliser la voix des plaignantes en faisant croire à une « erreur » de celles-ci.
Infâme et énième tribune donnée à un accusé de telles violences, l’entretien de Nicolas Hulot confirme le rôle de banalisation des violences patriarcales des grands média, à la veille de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Culpabilisation des victimes et victimisation du mis en cause : voici comment les grands médias, célèbrent la Journée de lutte contre les violences faites aux femmes.
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