Les fans de Zemmour préparent la guerre

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AU PROGRAMME CETTE SEMAINE :

• L’ARTICLE DE LA SEMAINE : des soutiens de Zemmour tirent sur des caricatures de juifs, de noirs et de musulmans

• BRUIT DE COULOIR : que faisait Najat Vallaud-Belkacem aux côtés d’un militant d’extrême droite

• L’ALBUM DE FAMILLE : un ancien député LREM soutient Zemmour

• C’EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS : agressions au couteau à Lyon

• ÇA VIENT DU FRONT : les candidats LR s’inspirent de Le Pen

Dans la rue, dans les urnes, comme dans les têtes, l’extrême droite gagne du terrain. Elle est, avec Le Pen et Zemmour, aux portes du pouvoir. À StreetPress, on a voulu réagir à notre manière : documenter, informer, décrypter. Bref, faire du vrai journalisme !

Le temps de cette campagne, vous retrouverez chaque mardi dans votre boîte mail FAF, notre newsletter gratuite. Elle contient des enquêtes inédites et un regard engagé sur le sujet. Comment être neutre face au racisme, au sexisme, à l’homophobie et à toutes les formes de discriminations que porte l’extrême droite ?

Bonne lecture,

Mathieu Molard, rédacteur en chef.

Des soutiens de Zemmour tirent sur des caricatures de juifs, de musulmans et de noirs

La scène se passe dans une forêt de l’Ouest de la France. Un militant d’extrême droite au crâne rasé vêtu d’un treillis militaire tient à deux mains un flingue. Il tire à deux reprises en direction de cibles en papier clouées sur des troncs d’arbres. Sur chacune des feuilles blanches, criblées d’impacts de balles, on peut voir des caricatures racistes dessinées au marqueur. Trois au moins. Un juif, longue barbe et nez crochu. Un musulman, la tête couverte d’un chèche. Et un noir aux cheveux crépus. Sur le bas de cette dernière cible, on peut lire « nigga », « nègre » en argot. La vidéo est glaçante. Sur d’autres photos, on voit différents individus munis de colts ou de fusils faire à tour de rôle des cartons sur ces mêmes cibles racistes. Tous semblent se délecter à l’idée d’abattre, juifs, musulmans et « nègres »…

Qui sont-ils ? Il s’agit d’un groupuscule d’extrême droite baptisé la Famille Gallicane. Quelques dizaines de membres actifs, selon nos estimations, et quelques centaines de sympathisants. Ils animent une petite page Facebook, un compte Instagram, mais surtout une chaîne Telegram. C’est sur cette dernière, accessible à tous et suivie par un peu plus de 550 personnes, qu’ils publient les vidéos de tir.

À l’approche de l’élection présidentielle, ils ont un favori : Eric Zemmour…

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Najat Vallaud-Belkacem et l’ami de De Lesquen

L’ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem était, le 19 octobre, l’invitée du Club de l’Alliance. Un groupe « apolitique/apartisan » dixit son site internet. Mais dont le président n’est pas tout à fait un inconnu : Karl Alexandre était jusqu’en juin 2018 le responsable et trésorier des Jeunesses Lesquenistes. Un groupe de soutien au racialiste Henry de Lesquen (un homme qui veut par exemple interdire la « musique nègre »), avant d’en être éjecté pour une sombre histoire d’argent.

Le Club de l’Alliance a par le passé invité Charles Gave (financier de Zemmour), l’entrepreneur Laurent Alexandre ou encore l’ancien conseiller de François Hollande passé à LREM Gaspard Gantzer.

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Le député Son-Forget rejoint l’équipe de Zemmour

Un ancien député de la majorité et un nostalgique de l’Algérie française côte à côte dans un meeting de Zemmour. Mi-octobre à Versailles, Joachim Son-Forget et Jean-Pax Mefret, ancien de l’OAS et chanteur préféré de l’extrême droite en son temps, ont été photographiés au premier rang d’un événement du « pas-encore-candidat ».

Étonnant ? Pas tout à fait : le député confie même à StreetPress qu’il joue déjà un rôle dans la pré-campagne de Zemmour. « Je connais beaucoup de monde alors je fais le tour de mon carnet d’adresse et j’apporte aussi mon expérience à ceux, qui sont des amis, qui l’entourent », détaille-t-il. Au point d’être candidat aux législatives sous l’étiquette du « Z » ? « Oui, j’en serais honoré s’il me le propose » assure Joachim Son-Forget à StreetPress (confirmant une info de Marianne) selon qui le pays a besoin de retrouver la « fierté identitaire française » que prône Zemmour.

Agressions au couteau à Lyon

« Europe, Jeunesse, Révolution », « On n’entend plus chanter Clément Méric », « Avant ! Avant ! Lyon Le Melhor ! ». C’est aux cris de ces slogans nationalistes-révolutionnaires et identitaires, fumigènes en main, qu’une quarantaine de militants d’extrême droite lyonnais ont sillonné la capitale des Gaules, au soir du samedi 23 octobre. Ils se seraient également livrés à deux agressions au couteau contre des personnes isolées, dont un couple de mineurs, sur les pentes de la Croix-Rousse, affirme Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune garde Lyon ainsi qu’un témoin contacté par StreetPress.

Des agressions en réponse à une manifestation organisée le jour même à l’initiative du groupe antifasciste pour dénoncer les violences de l’extrême droite à Lyon et exiger la fermeture des locaux, toujours ouverts, de l’association dissoute Génération identitaire. Plusieurs milliers de personnes avaient défilé dans le calme malgré quelques moments de tensions dans le Vieux Lyon, bastion des Identitaires.

À lire aussi sur StreetPress : À Lyon, l’extrême droite fait régner la terreur

À Albi, des syndicalistes roués de coups

« Antonin, roué de coups au sol, a subi des traumatismes qui l’ont conduit aux urgences ». Un communiqué signé notamment par Sud Solidaires, la CGT, la FSU et le PCF dénonce l’agression de deux étudiants « attaqués par trois militants d’extrême droite proches de la mouvance de Génération Identitaire », lundi 25 à Albi (81). Selon ce texte, les agresseurs appartiennent à « Patria Albiges ». Sur Instagram, ce groupuscule se définit comme un collectif de « jeunes résistants », « enracinés » et « insolents ». Et le communiqué de citer une autre agression, survenue récemment toujours à Albi : « Dans le cadre d’une manifestation contre le pass sanitaire, un militant portant un drapeau anarcho-syndicaliste a été attaqué par ce même groupe fasciste ». À Albi comme à Lyon, mais que fait la police ?

La droite veut un référendum sur l’immigration (comme Le Pen)

Les candidats à l’investiture LR Michel Barnier, Xavier Bertrand et Eric Ciotti ont au moins un point de convergence : ils veulent, s’ils sont élus, organiser un référendum sur l’immigration.

Un consensus qui commence à agacer celle qui revendique le leadership sur le sujet : Marine Le Pen. Il faut dire que l’idée n’est pas nouvelle au Rassemblement national. En 2016 déjà, dans une tribune, elle réclamait à François Hollande un référendum pour régler « la crise des migrants ».

L’idée est même bien plus ancienne. Dès 1989, Jean-Marie Le Pen l’avait brandie. Même chose en 2010, alors que Nicolas Sarkozy était empêtré dans son débat sur l’identité nationale, le patriarche des Le Pen avait sommé le chef de l’État de donner la parole aux Français sur ce sujet.

📱Le tweet de la semaine

(source)

En coulisses, les ex-lieutenants de Bruno Mégret s’activent pour la campagne Zemmour

Anciens du GRECE, de l’OAS (groupe terroriste d’extrême droite pendant la guerre d’Algérie), du MNR de Bruno Mégret, du Bloc identitaire, le comité officieux de soutien à Eric Zemmour en Bretagne rassemble un best-of de ce que l’extrême droite peut produire de plus radical. Enquête de Mediapart sur les coulisses de la pré-campagne de l’ancien journaliste dans cette terre hostile électoralement.