Nicolas Hulot
Ministre de la Transition écologique et solidaire (2017-2018)
Administrateur et président d’honneur de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme
Actionnaire d’Eole Conseil
Grâce au succès de ses émissions (Ushuaïa était regardée par plus de 7 millions de téléspectateurs), Nicolas Hulot est vite devenu une figure familière auprès du grand public. Profitant de cette réussite et de sa popularité, il a décidé de militer en faveur de la sauvegarde de la nature, avec l’aide bienveillante des milieux institutionnels. Proche au départ du clan Chirac, Nicolas Hulot va rapidement tisser des liens au sein des milieux politiques de l’UMP, collaborant de façon très étroite par exemple avec Nathalie Kosciusko-Morizet au moment de la Charte de l’Environnement. Côté finances, il n’a pas d’états d’âme à profiter des financements d’EDF, Rhône-Poulenc, TF1, L’Oréal, Orange, etc., justifiant cela par pur pragmatisme. Enfin, n’ayant à l’origine pas de légitimité sur les questions écologistes, il s’entoure de «spécialistes» en la matière dans un Comité de veille écologique (CVE), formé avec l’aide du philosophe Dominique Bourg, et fréquente aussi des figures au discours plus radical, comme Pierre Rabhi ou Jean-Paul Besset, afin de parfaire son image d’écologiste engagé.
Fort de ces soutiens politiques, financiers et intellectuels, Nicolas Hulot est devenu un rouage essentiel pour introduire l’écologie dans les débats politiques et sociétaux. Depuis quelques années, il a durci ses critiques contre le mode de vie de la société occidentale, expliquant par exemple qu’il y a «intérêt à organiser la décroissance des flux qui viennent à épuisement».
Longtemps ambigu sur la question du nucléaire, il s’est clairement positionné en faveur d’une sortie du nucléaire en France qu’en 2012.
Concernant l’engagement politique, il a souvent tergiversé. Après sa défaite à la primaire écologiste en 2012, il rebondit en étant nommé «envoyé spécial pour la protection de la planète» par le président François Hollande, en vue de la COP21. En 2013, il estime que «la politique au sens où on l’entend habituellement, c’est-à-dire adhérer à un parti, me présenter à des élections, oui, je pense que c’est fini». Il refuse en février 2016 d’entrer au gouvernement à la tête d’un grand ministère en charge de l’écologie et renonce à une candidature à la présidentielle de 2017.
En avril 2017, il annonce qu’il votera Emmanuel Macron, tout en critiquant le projet et le modèle économique de ce dernier : «Un modèle qui semble préférer le libre-échange au juste échange, la croissance à la prospérité, l’écologie saupoudrée ici et là à l’écologie intégrale. Comme si la crise écologique ne conditionnait pas l’ensemble de nos choix économiques.» Nicolas Hulot a aussi exprimé qu’il y avait des divergences avec Emmanuel Macron, «notamment sur la question du nucléaire». Le 17 mai 2017, il est nommé ministre de la Transition écologique et solidaire mais décide de démissionner le 28 août 2018. Malgré ses déboires en politique, il a su préserver sa popularité. Selon un sondage de septembre 2018, Nicolas Hulot atteint 70% d’opinions positives.
Par ailleurs, l’approche pragmatique de Nicolas Hulot lui vaut des critiques assez sévères de la part des écologistes radicaux comme le journal La décroissance qui le qualifie de «télécologiste» et a organisé un «pacte contre Hulot». Enfin, les rapports avec les autres associations écologistes ne sont pas forcément plus cordiaux.
A l’instar de sa décision de faire sortir sa Fondation de L’Alliance pour la planète qui réunissait, au moment du Grenelle de l’environnement, la plupart des grandes ONG écologistes. Pour Corinne Lepage, «C’est lui qui a tout fait sauter, à cause de son ego surdimensionné.» Quant à Yannick Jadot, ancien responsable de Greenpeace et eurodéputé Europe Ecologie-Les Verts, il estime : «Le problème Hulot, c’est le collectif.» Enfin, Serge Orru constate : «Il n’a pas envie de se faire chier avec des organisations. Il ne sait pas fédérer des gens.»
En 2010, le livre de Bérengère Bonte, Sain Nicolas (Editions du Moment), première biographie sur Nicolas Hulot, révèle de nombreux aspects pertinents sur la personnalité de l’animateur de TF1 et sur la façon dont il a accompagné le virage vert, de Chirac à Sarkozy.
A côté de l’engagement de Nicolas Hulot, il y a aussi l’aspect lucratif non négligeable. En effet, l’émission Ushuaïa Nature coûtait 1 million d’euros par épisode et TF1 possède et exploite le label écolo «Ushuaïa». En quinze ans, la licence d’exploitation a été octroyée à plus d’une quinzaine de sociétés et TF1 estime à 100 millions d’euros le chiffre d’affaires annuel généré par tous les produits griffés Ushuaïa.
Pour sa part, à l’époque d’Ushaïa Nature, Nicolas Hulot touchait 30.000 euros par mois, en plus des droits d’auteur de ses ouvrages et d’un pourcentage sur les ventes des livres et des DVD Ushuaïa. La société Eole Conseil, créée en 1990 et dirigée par Hulot jusqu’à sa nomination au gouvernement, gère divers droits d’auteur et touche 5,25 % des royalties des droits dérivés.
Le dernier chiffre d’affaires connu d’Eole Conseil s’élève à 575.000 euros en 2013 (contre 685.600 euros en 2012, 715.000 euros en 2009 et 675.000 euros en 2008). Selon la déclaration d’intérêts de Nicolas Hulot, ce dernier s’est versé entre 176.000 et 338.000 euros de salaire annuel entre 2012 et 2016, sommes auxquelles il faut ajouter les dividendes (60.000 euros en 2013). Selon Le Canard Enchaîné, Nicolas Hulot ne percevra pas de «royalties L’Oréal» pendant qu’il est ministre ; elles seront mises en réserve et versées une fois qu’il ne sera plus ministre.
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