L’impérialisme étasunien domine le monde depuis 1945, et plus encore depuis la Chute du Mur, mais sa domination extérieure n’est plus absolue et cette situation se traduit aussi par des tensions croissantes à l’intérieur.
L’impérialisme russe et l’impérialisme chinois veulent leur part du gâteau (on le voit très clairement en Afrique, mais aussi à la périphérie de ces deux puissances: Ukraine, Xinjiang, Hong Kong, Kazakhstan…).
L’impérialisme russe dispose d’une force militaire et de ressources énergétiques, l’impérialisme chinois d’une force économique et financière. Par-delà leurs désaccords, leur rapprochement stratégique récent est un fait d’une importance majeure.
Plus d’un siècle après 1914-1918, le spectre d’une guerre mondiale interimpérialiste – une guerre pour le partage du monde entre capitalistes – réapparaît en pointillés… dans le contexte d’une catastrophe écologique sans précédent.
Face à cette réalité inquiétante, il est urgent de construire ce que Catherine Samary, dans une interview récente, appelait « un internationalisme par en-bas ». Un internationalisme conséquent avec la vieille devise communiste: « Prolétaires du Monde entier, unissez-vous ». Unissez-vous contre l’exploitation, contre l’oppression, contre le militarisme et la guerre, contre la destruction de la planète, pour vos droits démocratiques et sociaux.
Les blocs qui rivalisent sont également criminels. Le groupe Wagner qui sévit pour le compte de Moscou en Syrie et en Afrique n’a rien à envier au groupe Blackwater qui a sévi en Irak et en Afghanistan pour le compte de Washington. L’étouffement systématique de la population Ouïghoure par Pékin n’a rien à envier à l’étouffement systématique de la population palestinienne par Israël, fidèle allié des USA.
Quelle que soit la région du monde dans laquelle on se trouve, nous devons maintenir cette vision globale de lutte contre tous les blocs et de solidarité avec toutes les victimes. Nous devons la maintenir parce que nous avons besoin d’une révolution mondiale pour mettre fin à la catastrophe sociale et écologique capitaliste.
Nous ne sommes plus dans la « guerre froide »: tous les blocs sont fauteurs de guerre parce que tous sont capitalistes et que le capitalisme, comme disait Jaurès, « porte en lui la guerre, comme la nuée, l’orage ».
Ni Moscou, ni Washington, ni Pékin (ni Bruxelles!): solidarité avec les peuples en lutte du monde entier: telle est la ligne de « l’anti-impérialisme par en-bas ».
Cette ligne n’est pas facile à tenir, en particulier dans les périodes de conflit, et plus encore dans les zones de conflit. Dans ces situations et dans ces zones, la tentation existe en effet de chercher à distinguer « l’ennemi principal » de « l’ennemi secondaire »… On le voit dans certains pays africains où la haine justifiée de la Françafrique pousse certains secteurs de la population à dire « vive les Russes ». On le voit en Ukraine où les menaces de Poutine poussent une majorité de la population à souhaiter l’adhésion à l’OTAN… dont elle ne voulait pas en 2014.
Le problème est que la logique « ennemi principal/ennemi secondaire » conduit très vite à fermer les yeux sur les crimes de « l’ennemi secondaire »… De la sorte, on choisit de fait un bloc impérialiste contre l’autre…
Du coup, et même si on prétend hypocritement le contraire, on considère dans les faits qu’il y a de bons peuples qui mènent de bonnes luttes, et de mauvais peuples qui en mènent de mauvaises… ce qui est le contraire de l’internationalisme. CQFD
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