par LIBERATION
Ils ont pris la route mercredi mais ils devront zapper la case Paris. Les «convois de la liberté», cortèges composés d’anti-pass sanitaire et d’antivax, n’auront pas le droit de passer par la capitale, a annoncé ce jeudi la préfecture de police, qui interdit toutes leurs manifestations de vendredi à lundi. «L’objectif affiché de ces manifestants serait de “bloquer la capitale” en entravant la circulation routière dans les rues de Paris pour promouvoir leurs revendications, avant de poursuivre leur périple en direction de Bruxelles […] En raison des risques de troubles à l’ordre public que pourrait causer ce rassemblement, le préfet de Police prend un arrêté interdisant de telles manifestations, du vendredi 11 février 2022 au lundi 14 février 2022 inclus», souligne le communiqué.
En réaction, l’avocat Juan Branco a annoncé ce jeudi avoir déposé un référé liberté devant le tribunal administratif de Paris contre l’arrêté du préfet.
Les convois sont partis mercredi de Perpignan ou de Nice. D’autres sont prévus de Dijon ou de Troyes pour converger vers Paris d’abord, avant de participer à un rassemblement européen à Bruxelles ce week-end.
«Un dispositif spécifique sera mis en place par la préfecture de police pour empêcher les blocages d’axes routiers, verbaliser et interpeller les contrevenants à cette interdiction de manifestation», prévient la préfecture de police de Paris, qui évoque des «risques de troubles à l’ordre public». L’instance rappelle également les peines encourues.
Les manifestations également interdites à Bruxelles
Le texte dresse une liste très complète : le fait d’entraver ou de gêner une voie ouverte à la circulation publique est passible de deux ans d’emprisonnement, 4 500 euros d’amende, immobilisation et mise en fourrière du véhicule utilisé pour commettre le délit d’entrave mais aussi réduction de moitié du nombre maximal de points du permis de conduire, voire suspension du permis de conduire pour une durée de trois ans au plus. «L’organisateur d’une manifestation interdite peut être puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende et les participants à une manifestation interdite seront verbalisés avec une contravention de quatrième classe», insiste la préfecture.
Le «convoi de la liberté» français se distingue de son modèle canadien par sa plus faible proportion de routiers. Les agents du renseignement notent que les organisations syndicales de chauffeurs se désolidarisent du mouvement mais aussi qu’à la différence des chauffeurs canadiens, la plupart des routiers français ont «un statut de salarié» et ainsi «ne supportent pas directement les conséquences de l’augmentation des prix des carburants». On pourrait ainsi retrouver nombre de fourgonnettes et de voitures individuelles aux côtés des poids lourds, ce qui peut rendre les participants plus difficiles à identifier.
En Belgique, les autorités bruxelloises ont elles aussi interdit les manifestations prévues lundi du «convoi de la liberté», ce jeudi, au motif qu’aucune autorisation n’avait été demandée. La mesure s’adresse aussi aux éventuels manifestants belges ou déjà sur le sol belge. «Des moyens sont mis en place pour empêcher le blocage de la Région Bruxelles-Capitale», a déclaré sur Twitter le bourgmestre (maire) de Bruxelles, Philippe Close. Il a précisé que la décision avait été prise en concertation avec l’exécutif régional et la ministre belge de l’Intérieur.
Mise à jour : à 14 h 12 avec précisions de la préfecture et détails sur les convois et à 16 h 26 avec le dépôt d’un recours par Juan Branco.
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