Scandale des Ehpad : le PDG d’Orpea présente ses excuses, mais réfute tout « système organisé qui aboutirait à de la maltraitance »
PDG du groupe d’Ehpad, Philippe Charrier, a réagi à la plainte déposée par l’Etat à la suite du rapport des Inspections générales des Finances et des Affaires sociales remis au gouvernement.
« Au nom d’Orpea, je présente mes excuses les plus sincères aux résidents et aux familles. » Dans un entretien au Figaro publié en ligne samedi 26 mars au soir, le PDG d’Orpea, Philippe Charrier, dit avoir « pris toute la mesure de l’émotion légitime suscitée par [l]es dysfonctionnements » au sein du groupe d’Ehpad privés dénoncés par le journaliste Victor Castanet dans le livre « Les Fossoyeurs ». Et d’assurer : « Nous devons et nous allons nous améliorer. »
« Nous aurions dû faire notre mea culpa plus tôt », reconnaît le PDG, qui tente cependant de réfuter point par point les accusations dont le groupe fait l’objet. Philippe Charrier « regrette » par ailleurs que le rapport d’enquête que les Inspections générales des Finances (IGF) et des Affaires sociales (IGAS) remis au gouvernement « ne soit ni rendu public ni mis à disposition des parties prenantes ». M. Charrier affirme en effet que ce dernier « permet de conclure » qu’« il n’y a pas chez Orpea de système organisé qui aboutirait à de la maltraitance ».
« Dysfonctionnements graves »
Par ailleurs, le PDG d’Orpea prend « acte de la décision de la ministre de transmettre le rapport au procureur de la République ».
Selon le ministère chargé de l’autonomie, le rapport des inspections fait état de « dysfonctionnements significatifs dans l’organisation du groupe, au détriment de la prise en charge des résidents ». « Les dysfonctionnements relevés » sont liés « le plus souvent [à] une pénurie de professionnels du soin et de l’accompagnement touchant l’ensemble du secteur », répond le PDG d’Orpea.
Et « nous demandons la restitution » de dotations publiques présumées détournées de leurs fins, qui s’élèvent à « plusieurs millions » d’euros, a ajouté Mme Bourguignon. « Nous n’avons à ce stade pas reçu de demande en ce sens », rétorque le PDG d’Orpea, affirmant qu’« il n’y a pas de système Orpea visant à optimiser l’utilisation de ces dotations ».
Ces sommes « résultent de l’entrée en vigueur en 1917 de la loi d’adaptation de la société au vieillissement », qui visait à aller vers une « convergence tarifaire » entre Ehpad publics et Ehpad privés, sous-dotés par rapport aux publics, selon le patron d’Orpea.
« Secret des affaires »
Au-delà de l’aspect comptable, les inspecteurs de l’administration ont constaté des « fragilités dans l’accompagnement des résidents » : la « satisfaction de [leurs] besoins nutritionnels » laisse à désirer, certains personnels « n’étaient pas forcément à la hauteur » et des résidences accueillaient trop de pensionnaires par rapport à leur capacité autorisée.
« L’argument du secret des affaires m’a été opposé tout au long de mes trois années d’enquêtes » et « de nouveau, cette notion floue protège un groupe privé au détriment de l’intérêt général », a-t-il déploré.
Cette décision est « surprenante, à la limite choquante », a abondé le sénateur (LR) Bernard Bonne, co-rapporteur de la commission d’enquête du Sénat sur le scandale Orpea. « Je fais le siège du ministère depuis le début de la semaine, mais on ne nous l’a toujours pas transmis ».
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