Petite enfance: une mission de conseil à 425.000 euros qui passe mal
Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, qui était aussi mandaté par l’Elysée pour travailler sur le sujet, n’était pas au courant de cette mission « doublon ». Il déplore « beaucoup d’argent gâché ».
Le président Emmanuel Macron et le neuropsychiatre, Boris Cyrulnik devant l’Elysée pour la mission « les 1000 premiers jours »
POLITIQUE – C’est une information qui tombe mal pour le gouvernement, alors que l’affaire McKinsey n’a pas fini de polluer la campagne d’Emmanuel Macron. Ce mercredi 6 avril, on apprenait que la justice avait ouvert une enquête le 31 mars dernier pour ”blanchiment aggravé de fraude fiscale”, visant des cabinets de conseils français.
Au même moment, L’Obs sortait une information faisant état d’une autre mission de conseil réclamée par l’État, sans en avoir tenu au courant les principaux intéressés (ni les Français).
La mission des “1000 premiers jours”, confiée par le président de la République au neuropsychiatre Boris Cyrulnik, afin d’améliorer la prise en charge de la petite enfance, fait partie des fiertés d’Emmanuel Macron. Il en a encore parlé lors de son unique meeting de La Défense Arena, le 2 avril. “Je suis fier avec vous d’avoir lancé ce qu’on appelle les ’1000 premiers jours’, ce grand projet qui depuis l’extension du congé paternité jusqu’à l’accompagnement des mères vise à donner les mêmes chances à chacun, quelle que soit sa naissance”, se félicitait le candidat, sans faire mention d’un quelconque cabinet de conseil.
Je suis étonné et désorienté par cette nouvelle.Boris Cyrulnik, président de la commission des « 1000 premiers jours ».
Selon les informations de L’Obs, le cabinet de conseil Roland Berger a été mandaté, en plus de la commission Cyrulnik composée de 18 membres pour plancher sur le même sujet. “Je suis étonné et désorienté par cette nouvelle”, a réagi Boris Cyrulnik qui n’était pas au courant.
Des prestations qui s’élèvent à 425 565.60 euros, “malgré le scepticisme de la Direction interministérielle de la Transformation publique (DITP) qui a, dixit le rapport sénatorial, estimé qu’elles ‘n’étaient pas au niveau’ et que ‘la valeur ajoutée sur le scénario de chiffrage [n’était] pas à la hauteur d’un cabinet de stratégie’”, écrit notre consœur de L’Obs.
Contacté par Le HuffPost ce 6 avril, l’entourage du secrétaire d’Etat Adrien Taquet a au contraire été “très satisfait des résultats” qui ont permis “à cette grande politique publique d’être déployée sur le territoire”. Cette même source affirme que les deux missions étaient “concomitantes” et “complémentaires”. La DITP s’est chargé de passer un appel d’offre avec le cabinet de conseil pour “la seconder dans ses missions, comme c’est très souvent le cas en cas de charge de travail ou de mission innovante comme celle-ci”, nous explique-t-on.
Emmanuel Macron “pas au courant”
Sollicité par Le HuffPost, le service de presse de l’Élysée nous a assuré qu’Emmanuel Macron “n’était évidemment pas au courant” car “ces décisions de gestion dépendent des ministères. En l’occurrence un recours par une administration à un prestataire selon un marché à bon de commande”.
Lors de son discours à la Défense, Emmanuel Macron promettait en guise de programme d’aller “plus loin, plus fort” sur le sujet. “Il nous faut protéger nos enfants des violences qu’ils subissent, des réseaux sociaux, du harcèlement dont ils sont trop souvent victimes”. Le président sortant n’a pas précisé s’il comptait s’y prendre avec l’aide de cabinets privés.
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