La crise financière s’invite au banquet des autres crises

Wall Street dévisse à l’ouverture, apeurée par inflation et resserrement monétaire

information fournie parAFP13/06/2022
Un opérateur du New York Stock Exchange ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / SPENCER PLATT )

La Bourse de New York a ouvert lundi en forte baisse, crispée par la persistance de l’inflation et la perspective d’un possible durcissement de la politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed), qui a fait monter les taux à 10 ans à un sommet depuis 11 ans.

Vers 14H05 GMT, le Dow Jones se repliait de 1,88%, l’indice Nasdaq, à forte composition technologique, lâchait 2,92% et l’indice élargi S&P 500 perdait 2,46%.

 dernier, considéré comme le plus représentatif du marché américain, est désormais en « bear market », ce qui signifie qu’il a perdu plus de 20% par rapport à son pic historique de début janvier.

« La peur est en train de prendre le dessus », a commenté Adam Sarhan, de 50 Park Investments. « On approche de la fin du mois et du trimestre, et il n’y a toujours aucune nouvelle favorable au marché. »

« La semaine dernière, le marché avait l’occasion de reprendre de l’élan, mais au lieu de ça, il a encore baissé. Ça montre à quel point il est affaibli », a poursuivi le gérant.

Les investisseurs continuaient à digérer la publication, vendredi, de l’indice des prix CPI, qui a montré que l’inflation, loin de ralentir comme le prédisaient certains, a accéléré en mai, pour s’inscrire à 8,6% sur un an, son plus haut niveau depuis décembre 1981.

Le chiffre, qui avait déjà fait plonger les indices vendredi, a fait craindre à la place new-yorkaise que la Fed ait la main encore plus lourde que prévu jusqu’ici en matière de resserrement monétaire.

Les opérateurs évaluent ainsi désormais à près de 40% la probabilité que la banque centrale américaine relève de 0,75 point de pourcentage son taux directeur à l’issue de sa réunion, qui se tient mardi et mercredi, ce qui serait une première depuis 1994.

Signe de la nervosité ambiante, l’indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, a bondi de près de 20% par rapport à la clôture de vendredi.

« Il y a un mouvement d’aversion au risque en cours », a expliqué, dans une note Patrick O’Hare, de Briefing.com.

Vendredi, Wall Street avait aussi été prise au dépourvu par l’enquête mensuelle de l’université du Michigan, qui avait montré que la confiance des consommateurs était descendue, en juin, à son plus bas niveau, en 70 ans d’existence.

« Il n’y a pas beaucoup d’intérêt pour les actifs risqués », mais « il n’y en a pas beaucoup non plus pour les obligations souveraines », a souligné Patrick O’Hare. « Elles sont vendues par anticipation de taux plus élevés et d’une inflation durable. »

Le taux des emprunts d’Etat américains à 10 ans, qui évolue en sens inverse de leur prix, a atteint lundi son plus haut niveau depuis plus de 11 ans.

Peu après l’ouverture de Wall Street, le rendement de référence des obligations souveraines américaines est monté jusqu’à 3,29%, un sommet depuis mai 2011, contre 3,15% vendredi.

A la cote, les valorisations les plus importantes de Wall Street, quasiment toutes des valeurs technologiques, étaient pilonnées, à l’instar d’Alphabet (-2,60%), Amazon (-3,57%), Meta (-3,55%) ou Tesla (-5,06%).

Le secteur des cryptomonnaies était au plus mal, pris dans un vent de panique lié pour partie à la décision de la plateforme Celsius de suspendre les retraits de ses clients.

Les grands acteurs cotés du secteur encaissaient, tels Coinbase (-14,46%) ou Riot Blockchain (-13,05%), voire les sociétés qui se sont engagées dans les cryptomonnaies comme PayPal (-4,68%) ou Block (-9,60%).

Le géant de la logistique Prologis reculait (-7,70% à 108,21 dollars) après l’annonce du rachat du spécialiste de l’immobilier commercial Duke Realty (+0,61% à 50,08 dollars), pour environ 26 milliards dollars, moyennant une offre uniquement en actions.

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1 Comment

  1. Le dogme libéral de l’efficience des marchés est une imposture scientifique. Rien n’est significatif dans cet article, sinon la confirmation d’une certaine volatibilité.

    Pour l’instant, les bourses subissent une guerre des indices, car les spéculateurs n’achètent plus des valeurs d’entreprise mais des indices boursiers. Tels sont les marchés de produits dérivés : https://www.adam-salamon-philosophe.fr/mensonge-de-la-finance.html

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