LUNDI 16/03/2020 – La Provence
Marseille : ces taxis qui donnent de l’espoir aux plus démunis
Une association organise des maraudes toutes les deux semaines dans la ville
Par P.G.
Les sous-vêtements hommes et femmes, il faut les prendre !« , conseille Juan, en désignant deux petits cartons qu’il a préparés pour la maraude. Ce soir, les bénévoles de l’association Les Taxis de l’espoir sont « moins nombreux » que d’habitude, il faut donc sélectionner les dons. Mais parmi la dizaine de personnes qui s’agitent dans le local de l’association, les habitués sont là, comme Juan, Stéphanie, la secrétaire de l’association, Nicolas, le trésorier, Jérémy qui ne rate jamais un rendez-vous avec son grand-père Patrick, et même Leïla, de retour après un an d’absence. Pendant que le reste de l’équipe descend les cartons, Serge alias « Monsieur Café » fait chauffer de l’eau au rez-de-chaussée pour ce qu’il appelle sa « valise diplomatique » : les boissons chaudes qui seront distribuées aux sans-abri. Café, thé et chocolat chaud, le tout en dosettes, « pour l’hygiène« , explique-t-il, méticuleux.
Les bénévoles ne sont pas tous taxis, ni marseillais. Istres, Saint-Cannat, certains viennent de loin pour participer à l’initiative solidaire qu’ils ont, pour la plupart, découvert sur les réseaux sociaux, le péché mignon du président de l’association, Nicolas Varennes, qui fait des live Facebook à chaque maraude. « Allez les enfants, partagez« , répète-t-il sans cesse dans ces live qui documentent l’action des bénévoles. « On ne cache rien, on dit tout« , affirme-t-il.
Une fois les voitures remplies, la joyeuse assemblée fait un premier arrêt devant la préfecture de police. Ici, un policier, Christian, a pris sous son aile Gilles, un sans-abri. Les réseaux sociaux ont encore fait marcher la solidarité : une story Snapchat relayée par les taxis, qui lui ont apporté une tente. Depuis, il s’est installé, intégré. « Ça doit être le sans-abri le plus en sécurité du quartier« , confie le policier en riant. Quelques mètres plus loin, c’est le premier arrêt de l’association : le palais de justice. Trois personnes les attendent déjà, des sacs à la main.
« Le peu d’argent que j’avais, je le buvais »
À la descente de voiture, tout le monde se fait la bise et se retrouve en riant. « Ce sont des habitués, on les connaît bien. Les autres arrivent« , dit Juan en souriant. Juan, c’est un pilier de l’équipe et le local est son temple sacré. Il s’occupe des dons récupérés via Facebook mais surtout, c’est celui qui connaît la rue. Le reste du temps, il fait le tour des squats de sans-abri pour les prévenir du lieu et de la date de la prochaine maraude. Ancien alcoolique, il a vécu dans la rue pendant dix-sept ans, impuissant face à la spirale infernale : « Le peu d’argent que j’avais, je le buvais« , se souvient-il. Sa rencontre avec Les Taxis de l’espoir à changé la donne : aujourd’hui, c’est un ambassadeur de la rue qui fait le lien. Tout comme Hamza, un vieil ami de Juan, qui se définit comme « pas complètement à la rue« . Alors qu’une mère de famille accompagnée de sa petite fille passe voir les vêtements et manger un plat de pâtes, Jean-Paul, un monsieur aux yeux bleu azur, s’adresse à un bénévole après s’être servi : « C’est beau ce que vous faites. » Les Taxis de l’espoir, c’est l’idée d’un chauffeur de taxi, Stéphane Teboul, qui a contacté son collègue Nicolas Varennes pour son côté « très connecté« . Ils ont commencé à deux voitures.
Ce soir-là, après un passage à la gare Saint-Charles, le groupe se sépare autour de minuit. Mission accomplie pour Nicolas : « Tout ce qu’on veut, c’est passer un moment avec eux
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