FAITS DIVERS L’homme n’était pas en état d’être entendu, ayant été blessé par balles
Le conducteur soupçonné d’avoir refusé d’obtempérer lors d’un contrôle à Paris samedi puis foncé sur des policiers a été très brièvement placé lundi en garde à vue pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique », selon le parquet de Paris, Sa garde à vue à l’hôpital en début d’après-midi a été levée peu de temps après, l’homme de 38 ans n’étant finalement pas en état d’être entendu à ce stade, selon la même source. Il a été grièvement blessé par balle au niveau du thorax par des tirs des policiers.
Garde à vue prolongée pour les trois policiers ayant tiré sur le véhicule
Parallèlement, la garde à vue entamée dimanche dans les locaux de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) des trois policiers, deux hommes et une femme qui auraient tiré sur le véhicule, a été prolongée lundi, selon le parquet. Ils sont entendus pour « violences ayant entraîné une ITT (interruption totale de travail) de plus de 8 jours avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique » et désormais également pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique ». La passagère avant, touchée par balle au niveau de la tête, est décédée dimanche des suites de ses blessures. La mesure de garde à vue a été prise « en raison de la gravité des conséquences des tirs réalisés et afin de vérifier les conditions d’usages de leurs armes par les intéressés », selon le parquet. Ce contrôle s’est déroulé samedi en fin de matinée dans le 18e arrondissement, dans le nord de la capitale. Des fonctionnaires à VTT ont d’abord remarqué « une voiture avec quatre passagers dont l’un ne portait pas sa ceinture de sécurité », avait relaté samedi une source policière. Alors qu’ils s’en approchent, la voiture « prend la fuite à très vive allure ». Un peu plus loin, alors que les policiers tentent à nouveau de le contrôler, le conducteur démarre et « fonce sur l’équipage de policiers à VTT », selon le récit de la police. Les fonctionnaires « font alors usage de leurs armes » à plusieurs reprises et blessent gravement « le conducteur et le passager » à l’avant, transportés à l’hôpital, selon la source policière. Les deux passagers arrière, un homme et une femme, n’ont pas été blessés.
DOCUMENT RTL – Tirs de police à Paris : les policiers « voulaient se déchaîner », raconte un passager du véhicule
Ibrahima, qui se trouvait à l’arrière du véhicule visé samedi 4 juin par des policiers à vélo, livre sa version des faits.
« On était à un feu rouge et un policier à vélo est venu taper à la vitre du conducteur pour lui demander de se mettre sur le côté pour un contrôle« , raconte ainsi Ibrahima, qui se trouvait sur la banquette arrière. « Mon ami a bougé la tête comme s’il disait ‘oui, je vais me mettre sur le côté’, a avancé un peu et ne s’est pas arrêté », poursuit-il, précisant que l’homme au volant n’avait pas le permis.
Alors que le véhicule se retrouve coincé « dans une sorte d’embouteillage », les policiers le rattrapent. « Ils sont revenus à côté de nous et nous ont braqués directement« , assure le passager arrière. « Sortez », « coupez le contact », « éteignez le moteur », leur auraient alors lancé les policiers. Néanmoins, « mon ami n’a pas osé regardé du côté gauche, il a regardé le côté droit et a fait comme s’il ne les voyait pas ». « Il n’a percuté aucun policier, on était à l’arrêt », martèle-t-il.
Il n’a percuté aucun policier, on était à l’arrêt
Ibrahima, passager arrière du véhicule visé par des tirs de policiers à Paris
Toujours selon Ibrahima, les agents « étaient en train de trembler, ils tenaient les pistolets ». Une scène qui d’après lui a effrayé les passagers. « On disait au conducteur ‘gare-toi, sors’, mais il ne voulait pas regarder le policier. Je crois que c’est à ce moment-là que le flic a dû voir qu’il ne voulait pas le calculer ni sortir de la voiture, il a tiré directement, au moins dix coups de feu« , ajoute-t-il.
« Après ça, nous sommes sortis de la voiture et avons vu que la fille devant était pleine de sang, inconsciente« , poursuit le passager du véhicule. Les policiers leur passent alors les menottes et prodiguent un massage cardiaque à la jeune femme blessée, en vain.
« Là je me dis quoi ? Ils ont vu une histoire, ils voulaient se déchaîner, se montrer, je ne sais pas ». Alors que l’on « entend toujours parler de courses-poursuites où les policiers tirent dans les pneus ou sur l’habitacle », Ibrahima s’interroge : « Pourquoi ils ont tiré dans la tête de la fille ? ». « Je suis en colère, c’est abusé. Même dans les films on ne voit pas ça. Franchement, je n’arrive pas à comprendre », dit-il.
« On connaît des histoires pour de vraies choses, la personne qui aurait essayé de foncer dedans, qui aurait mis les gens en danger. Mais il n’y avait rien de tout ça« , assure Ibrahima
Les policiers en garde à vue, celle du conducteur levée
Les trois policiers impliqués dans cette affaire, qui assurent que le véhicule leur a foncé dessus, ont quant à eux été placés en garde à vue dimanche à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), pour « violence avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique ». Ils sont auditionnés en raison de la gravité des conséquences des tirs réalisés et afin de vérifier les conditions d’usages de leurs armes.
« La garde à vue se poursuit pour analyser l’ensemble des éléments et comprendre l’enchaînement de ces faits dramatiques », a déclaré auprès de l’AFP l’avocat des policiers, Me Laurent-Franck Liénard. « Pour mes clients, cette mesure de garde à vue est particulièrement éprouvante mais ils en acceptent le principe et collaborent pleinement aux investigations ».
Le conducteur de 38 ans, blessé au niveau du thorax, a lui brièvement été placé en garde à vue pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » lundi. Celle-ci a cependant été levée peu de temps après, son état ne lui permettant finalement pas d’être entendu à ce stade.
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