Emploi et recrutement : quels sont les métiers qui manquent le plus de bras dans les Hauts-de-France ?

De la santé aux transports en passant par l’hôtellerie-restauration, l’impression d’un manque de bras domine dans bien des domaines. Tour d’horizon des métiers les plus en tension dans la région et zoom sur cinq des secteurs les plus touchés par la pénurie de main d’œuvre.

Aides à domicile et aides ménagères

Voilà un métier qui a vu ses effectifs doubler en vingt ans – on compte largement plus de 500 000 intervenants à domicile en France – et dont les besoins, vieillissement de la population oblige, n’ont pas fini de s’accroître. Mais la profession a d’ores et déjà bien du mal à séduire autant de candidats qu’il n’en faudrait. Au total, le secteur du domicile aimerait recruter près de 4 600 personnes rien que dans le département du Nord, près de 2 200 dans le Pas-de-Calais, selon les chiffres de Pôle emploi.

 

 

Malgré de récentes revalorisations dans la foulée de l’épidémie de Covid, les conditions de travail attirent peu. Horaires hachés et variables, difficultés physiques, temps passé sur la route d’un bénéficiaire à l’autre se conjuguent en effet à des emplois majoritairement à temps partiel (72,4 % selon les chiffres de la DREES, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques).

 

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Secteur médical

Ce n’est pas une surprise, nombre d’établissements de santé peinent à recruter des soignants. Des médecins parfois – 500 projets de recrutement dans les Hauts-de-France –, mais surtout des soignants. Rien que dans le Nord, plus de 3 400 postes d’aides-soignants et 1 800 d’infirmiers sont à pourvoir, respectivement 1 800 et 760 dans le Pas-de-Calais. Perte de sens, crise des vocations, manque de reconnaissance, conditions de travail, horaires décalés… Les causes, multiples, ont été aggravées et mises en relief par la crise sanitaire. Et les revalorisations du Ségur de la Santé n’ont pas vraiment apaisé la situation.

« On n’achète pas la dégradation des conditions de travail et les servitudes spécifiques du service public avec 183 €.

« On n’achète pas la dégradation des conditions de travail et les servitudes spécifiques du service public avec 183 € », estime Frédéric Pierru, chercheur en sciences sociales et politiques au CNRS, qui dépeint un « problème spécifique aux paramédic aux » et pointe un « manque d’attractivité de l’hôpital public, qui a maintenant une aussi mauvaise image que le BTP ou l’hôtellerie-restauration ».

À cela s’ajoute un malaise qui, selon le chercheur, « dépasse très largement les enjeux de rémunération ». « Ce que veulent les soignants, répète-t-il, c’est de la reconnaissance. »

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Transport routier

Pas sûr que cela soulage les patrons du secteur, mais la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur du transport routier n’est l’apanage ni de la région ni même de la France. Elle est mondiale. La faute au vieillissement des effectifs, à des rémunérations assez basses et à des conditions de travail souvent physiques et solitaires, qui découragent les jeunes générations.

Dans le Nord et le Pas-de-Calais, on compte pas moins de 5 000 projets de recrutement de conducteurs routiers. Marchandises comme voyageurs sont concernés puisque rien que pour les transports scolaires, ce sont 400 conducteurs qui manquent à l’appel dans les Hauts-de-France pour la rentrée.

Aggravée par la crise sanitaire qui a vu certains salariés se tourner vers d’autres secteurs, la pénurie ne date cependant pas d’hier. En 2019, le métier de conducteur routier faisait déjà partie des 30 métiers les plus en tension en France, selon un rapport de la DARES (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques). En raison, là aussi, d’un déficit d’image.

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Hôtellerie-restauration

Serveurs, cuisiniers : à eux seuls, ces deux métiers font l’objet de près de 8 000 projets de recrutement dans les Hauts-de-France dont plus de 5 000 dans le Nord et le Pas-de-Calais.

Mais si on y ajoute les autres métiers du secteur (femmes de ménage, agents de sécurité…), ce sont environ 15 000 personnes qui manquent à l’hôtellerie-restauration dans les Hauts-de-France, soit un quart des effectifs, selon le président régional de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie), Pierre Nouchi. Avec, à la clé, « des établissements qui freinent leur activité ou doivent surcharger leurs équipes ».

« Les parents dissuadent souvent leurs enfants de travailler dans l’hôtellerie-restauration. Pourtant, on peut très bien en vivre et organiser sa vie autour de ces métiers. »

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Il faut dire que le secteur fait partie de ceux qui ont payé le plus lourd tribut à la crise sanitaire. Entre février 2020 et février 2021, à l’échelle nationale, il a perdu quelque 237 000 employés sur 1,3 million, selon une étude de la DARES. Un constat qui avait débouché début 2022 sur un accord de hausse des salaires.

Faible rémunération, charge de travail, horaires décalés… Autant de reproches souvent faits au secteur, mais que réfute Pierre Nouchi, préférant pointer un manque de valorisation : « Les parents dissuadent souvent leurs enfants de travailler dans l’hôtellerie-restauration », regrette-t-il. « Pourtant, on peut très bien en vivre et organiser sa vie autour de ces métiers. »

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Sécurité

Ce n’est pas tant par le nombre de postes à pourvoir que par les difficultés à recruter (73 %) que le secteur de la sécurité se démarque dans les Hauts-de-France. Ainsi, dans le Nord et le Pas-de-Calais, ce sont 2 500 agents de sécurité et de surveillance qui sont recrutés.

C’est peu comparé aux 15 000 employés de restauration recherchés dans la région, mais c’est beaucoup au prorata des 13 700 salariés qui composent le secteur dans les Hauts-de-France, selon le groupement des entreprises de sécurité privées (GES).

Et la profession, sursollicitée durant la crise sanitaire par les contrôles à l’entrée de bien des lieux, est en pleine crise. Bas salaires, compétences non reconnues, risques d’agression… Le métier accuse un réel déficit d’attractivité. Et se trouve perturbé par « la loi de sécurité globale qui a interdit le métier aux personnes ayant des titres de séjour de moins de cinq ans », regrette le GES, qui indique que « cela concerne 20 à 30 % des candidats aux formations de sécurité. »

Le secteur, qui emploie 180 000 personnes en France, devra pourtant en trouver environ 35 000 pour assurer la sécurité des Jeux olympiques en 2024.

Ainsi, selon un rapport de l’Observatoire des métiers de la sécurité privée, 73 % des entreprises du secteur sont confrontées à un refus des candidats du fait des conditions de travail et 49 % à des exigences de rémunération ne correspondant pas aux postes.

Le secteur, qui emploie 180 000 personnes en France, devra pourtant en trouver environ 35 000 pour assurer la sécurité des Jeux olympiques en 2024.

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