En cette période de rentrée, un livre à lire et relire, « Le droit à la paresse » de Paul Lafargue (1842-1911), gendre et secrétaire de Karl Marx, et un grand révolutionnaire socialiste français
« Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture. »
Un livre que Fabien Roussel n’a certainement pas lu… lui qui en a rajouté encore une couche après la fête de l’Huma en dénonçant à nouveau » le droit à la paresse » des chômeurs et des bénéficiaires du RSA comme tous les vieux cons réactionnaires du Figaro jusqu’au RN.
Une grande partie du mouvement ouvrier ayant tendance à réduire son combat à une lutte pour l’amélioration des conditions de travail et l’augmentation du salaire, ce qui peut exprimer une adaptation réformiste au système, le pamphlet de Lafargue répondait à cette adaptation non révolutionnaire en mettant l’accent sur une des principales raisons d’être du socialisme, celle de permettre un épanouissement humain à l’opposé de l’aliénation du travail capitaliste.
Certaines et certains de nos ami.e.s communistes nous pensent animés de mauvaises intentions.
Ils nous accusent de « mal interpréter » les propos de Fabien Roussel.
Et nous proposent une autre interprétation en général sincère, construite, mais le plus souvent assez éloignée de la formulation initiale.
C’est un exercice que j’ai moi même pratiqué longtemps lors que j’étais membre du PCF et que j’essayais de donner un peu de rationalité à des « sorties » de Marchais, Hue ou d’autres
Mais le problème des sorties de Roussel, ce n’est pas en premier leur interprétation. Celle ci est presque secondaire.
Le problème des sorties de Roussel, c’est la violence (volontairement provocatrice) de leur FORMULATION.
C’est un ancien journaliste. Il connait l’intérêt de la punchline et de la formule qui brise un tabou, l’importance du buzz.
Il construit ainsi depuis des mois une collection de phrases chocs qui marquent les esprits bien plus que toutes les interprétations subtiles qui pourront les justifier a posteriori.
Ce que dit Fabien Roussel se suffit à lui même. Il n’y a besoin ni de sous titres ni d’intertexte.
Il construit un style, un ton, une posture.
Ses formulations ont un effet politique en elles-mêmes. Sur la société française mais aussi sur les militantes et militants du PCF.
Chères et chers ami.e.s communistes ne vous laissez pas embarquer dans ce qui apparaît comme une entreprise de déculturation politique en vous précipitant dans la justification de l’injustifiable.
Ce faisant vous risquez de justifier à vos propres yeux la formulation elle – même, à intégrer le style, la posture, la violence des mots et vous finirez par vous renier vous mêmes.
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