Haïti s’enflamme après l’annonce du premier ministre Ariel Henry d’une hausse vertigineuse des prix du carburant (+30% pour l’essence et + 50% pour le diesel et le kérosène).
Comme c’est le cas de manière récurrente dans le pays, les routes des principales villes sont bloquées par des barricades, les transports ne circulent plus, les ambassades et une partie des institutions publiques ferment. Il s’agit encore une fois d’un ras le bol spontané qui mobilise des milliers de personnes dans la rue.
Dans une bonne partie du pays, on évoque un nouveau « peyi lòk » (pays bloqué), en référence à des mouvements sociaux comprenant des blocages qui avaient paralysé le pays en 2018 et 2019.
Si cette fois-ci, le point de départ provient avant tout de l’inflation, plus particulièrement des carburants qui sont déjà une denrée rare sur l’île, il est tout de même essentiel de situer un peu le contexte particulièrement difficile dans lequel évolue le pays.
Le pays déjà en récession subit une inflation des prix d’environ 30%, la crise en Ukraine amplifie les besoins car l’alimentation est surtout importée, à plus de 70% pour les céréales.
4,5 à plus de 5 millions d’haïtiens ont besoin d’aide alimentaire.
Événement significatif : les locaux du Programme Alimentaire Mondial (PAM) ont été incendiés et pillés.
Cette pauvreté endémique, en partie dûe à l’héritage d’une dette imposée par une France rancunière après la libération du pays, se cumule à une insécurité grandissante.
La place des gangs s’aggrave au fil du temps. Les enlèvements avec rançons sont récurrents, les assassinats sont fréquents et l’état totalement défaillant. Il y a un an, l’ancien président Jovenel Moïse a été tué par un groupe de mercenaires colombiens, il n’y a plus de président depuis. Il y a environ un mois, l’assassinat de deux journalistes Tayson Lartigue et Frantzsen Charles avaient suscité une vague d’indignation et de colère.
A cela s’ajoutent les ingérences américaines et françaises ainsi que la dépendance des aides internationales qui s’avèrent complètement contre-productives. Autant de facteurs d’instabilité qui poussent les haïtiens à se révolter une nouvelle fois.
Nous reviendrons bientôt plus en détails sur ce sujet, d’ici là : sipò pou ayiti !
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