La reine est morte !
Entre symbole et nostalgie, l’empire perdure malgré son déclin
Comme à chaque événement de la famille royale, nous allons devoir supporter un sentimentalisme malaisant, dont nous devrions cette fois partager la tristesse.
Il pourrait cette fois atteindre son paroxysme avec la mort de la Reine Elizabeth II après 70 ans de règne.
Le fait même que le monde entier puisse avoir les yeux rivés sur cette famille qui coûte des sommes astronomiques au contribuable, témoigne de la puissance de l’ancien empire colonial.
A la mort d’une princesse ou d’une reine, au mariage d’un prince, nous devrions nous sentir concernés. Pire encore, envier, voire fantasmer ce mode de vie en espérant secrètement nous en rapprocher, nous les gueux de toute la planète, désirant connaître la même vie de château.
Bien que l’équipe de CND partage une envie profonde de provocation et de blagues douteuses, notre premier réflexe sera de revenir brièvement sur ce que la reine représentait vraiment pour nous.
Nos pensées vont en premier lieu vers les victimes de l’impérialisme britannique et son ultra-libéralisme.
Nous ne reviendrons pas sur le fait que la monarchie est en soi un concept dégénéré et inégalitaire, nous pourrions aussi insister sur la fortune amassée par cette famille et sa citation dans des scandales financiers tels que les Pandora papers.
Mais ce que nous tenons à exprimer avant tout est un dégoût profond envers le conservatisme puritain de la société britannique.
Qu’elle le veuille ou non, même si Elizabeth II était tenue de garder le silence sur ses opinions politiques, elle représentait bel et bien la nostalgie d’un empire en déclin qui est allé coloniser le tiers de la planète.
Un pays capable malgré tout de garder sa souveraineté sur quatorze royaumes du Commonwealth, gigantesque alliance économique héritière de l’empire, permettant à l’Angleterre de maintenir ses réseaux économiques dans le monde avec plus de cinquante états, en en constituant le cœur.
Le roi Charles III est dorénavant roi d’Antigua (sans les Barbades), d’Australie, des Bahamas, du Belize, du Canada, de Grenade, de la Jamaïque, de Nouvelle-Zélande (probablement plus pour très longtemps), de la Papouasie Nouvelle Guinée, de Sainte Lucie, Saint Vincent et Grenadine et Tuvalu. Le tout, au mépris des populations autochtones et des déportés subissant souvent discriminations et précarité.
La famille royale règne même si c’est symboliquement aussi sur l’Ecosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord qui forment le Royaume-Uni, alors que la moitié de la population de ces trois pays le refuse.
N’oublions pas non plus, après la seconde guerre mondiale, la décolonisation violente, l’exécution de leaders opposés à l’Empire britannique et une volonté contre-insurrectionnelle d’une férocité implacable comme en témoigne la guerre de Mau-Mau au Kenya. De l’Inde aux îles du Pacifique, de la Caraïbe à la Nouvelle Zélande et de l’Australie au Canada en passant par la Papouasie, les populations indigènes en paient encore le prix aujourd’hui.
Toujours concernant sa politique extérieure, l’Angleterre a toujours été le soutien le plus fidèle à l’impérialisme, participant à tous les conflits armés aux côtés des USA (Irak, Afghanistan) ou de la France (Libye) et étant un appui de taille pour l’État colonial israélien dont elle porte en partie la responsabilité de la création. Elle s’est parfois empêtrée dans des conflits armés absolument absurdes comme aux Malouines contre l’Argentine et s’est illustrée en participant à quasiment toutes les missions anti-communistes et contre-révolutionnaires du monde.
A chaque fois c’est au nom de sa Majesté que l’État anglais tue et réprime, ses forces répressives ont prêté serment !
Comme non loin de ses frontières en Irlande occupée, minée par la pauvreté et un conflit armé qui a coûté la vie à plus de 3500 personnes, l’un des conflits les plus meurtriers d’après guerre sur le sol européen. Car oui, l’Angleterre est aussi une nation tellement raciste qu’elle a même « racisé » une population blanche et chrétienne. Il a d’ailleurs suffi que l’un des princes épouse une femme noire, Meghan Markle, pour qu’une partie de la famille royale revienne à ses sources et réaffirme son racisme. Allant, semble-t-il, jusqu’à insulter le petit prince qui a vraisemblablement le teint un peu trop mat à son goût. Quel beau conte de fées en effet…
Jamais la reine, ni la famille royale ne se sont excusées ou n’auront pris la peine d’affirmer une distance sur les choix politiques et les horreurs qui ont été faits en son nom.
Sur son propre sol, la reine aura vu la férocité des années Thatcher et les différentes crises qui ont traversé le pays, anéanti la classe moyenne et appauvri la classe ouvrière à coups de privatisation, de destruction des usines, ou de spéculation immobilière.
Londres, c’est l’antre et le poumon de l’ultra libéralisme, portée par les financiers de la City dont la bourse est l’une des plus puissantes du monde.
Le premier pays à avoir initié le mariage entre la haute bourgeoisie et l’aristocratie dans leurs intérêts, le berceau du libéralisme.
L’idée d’une réussite qui pourrait tôt ou tard nous conduire à être invité à Buckingham Palace et pourquoi pas anobli par sa majesté ? C’est tout ce que nous combattons.
De notre côté, nous espérons la fin rapide du Royaume Uni, qu’après l’indépendance prochaine de l’Ecosse suivra la réunification de l’Irlande et que l’empire devenu royaume s’effondrera.
Ne nous demandez pas de compassion pour Elizabeth II si de votre côté vous n’en avez jamais eu pour les innombrables victimes des crimes commis en son nom que nous venons partiellement d’énumérer.
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