Les influenceurs arnaqueurs, ce nouveau fléau qui sévit sur internet

Des influenceurs profitent parfois de leur communauté. Des spécialistes expliquent et dénoncent le phénomène.

Influenceurs influvoleurs

Les arnaques sur internet sont devenues une chose assez courante, dont de plus en plus de gens semblent aujourd’hui avertis. On sait par ailleurs que les arnaqueurs usent de stratagèmes de plus en plus finement rodés pour ne pas se faire repérer. C’est dans ce cadre qu’une nouvelle sorte d’arnaqueurs potentiels a été mise en lumière récemment.

Il s’agit des personnalités déjà connues, des influenceurs d’extrême droite pour la plupart et autres noms du web ou d’ailleurs ayant une certaine notoriété. Certains semblent en faire usage à mauvais escient. On parle parfois d’eux sous le terme ironique d’ « influvoleurs ». Les influenceurs Haickel Laouini alias Ramous, Olivier Rohaut alias Oliv Oliv ou encore Michael Parraccini alias Mike Rambo, ont notamment été épinglés par certains internautes pour leurs démarches dans ce cadre. Des spécialistes estiment, eux, que le droit français doit agir contre les dérives d’arnaques potentielles.

La radio France Culture a mis en ligne un podcast, le 2 août 2022. Dans ce dernier, on peut prendre connaissance d’un nouveau phénomène qui semble prendre de l’ampleur depuis un certain temps. Il s’agit des « arnaqueurs » dont le visage est connu, parfois disposant d’une plutôt large audience. Ce sont souvent des influenceurs sur le web.

Certains issus du mouvement des Gilets Jaunes

La crise des Gilets Jaunes qui a eu lieu en 2018 et 2019 en France avait été le théâtre d’une répression policière hors normes. Des mains avaient été arrachées. Des yeux avaient aussi été crevés du fait des policiers français, comme l’avait dénoncé par exemple le journaliste David Dufresne avec son hashtag « Allo place Beauvau » sur Twitter.

Les manifestations des gilets jaunes avaient aussi vu apparaitre en masse des médias « citoyens » et des vidéastes qui rapportaient les événements en direct sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui certains d’entre eux existent toujours et en ont parfois fait leur activité. Bien sûr tous ne viennent pas du mouvement des Gilets Jaunes. Ils sont toutefois également devenus des influenceurs, de par l’audience qu’ils ont acquise au fil des jours et des mois. Beaucoup d’entre eux ont rejoint des groupuscules d’extrême droite comme celui de Florian Philippot, à la tête du parti Les Patriotes, ancien bras droit de Marine Le Pen. Celui-ci a déposé la marque « Les Gilets Jaunes ».

C’est là toutefois qu’un certain problème réside. Il s’agit de celui de tirer profit de leur position pour « en profiter » (comme certains le dénoncent), notamment financièrement. Ceux-ci font, par exemple, des appels aux dons réguliers à l’adresse de leurs communautés d’abonnés ou encore leur vendent diverses choses.

Ramous, Oliv Oliv et Mike Rambo notamment épinglés

De telles initiatives ont déjà été dénoncées pour les influenceurs et vidéastes live Mike Rambo (Michael Parraccini), Oliv Oliv (Olivier Rohaut) ou Ramous (Haickel Laouini), pour ne citer qu’eux. Ils sont issus du mouvement des gilets jaunes.

En effet, en France, pour le cas de Mike Rambo, une vidéo « compil’ » de ces appels aux dons, manifestement fréquents, a été postée sur Facebook entre autres. Elle y reprend les demandes que le vidéaste live fait à sa communauté de le soutenir financièrement. La lanceuse d’alerte qui a réalisé la compil’ est Olga Vasilyev. « Va travailler », lui dit l’internaute dans son commentaire.

« 5 euros la question »

En Belgique, on peut citer les noms de Joshua Malaise et Gabin Formont, propagandistes antivax pour Vécu. Ces derniers procède de la même façon que Mike Rambo. Joshua Malaise et Gabin Formont se sont également fait connaitre sur Facebook et ont pu acquérir une large communauté durant la crise des gilets jaunes qui a touché également la Belgique.

La lanceuse d’alerte Olga Vasilyev a également épinglé les influenceurs Ramous et Oliv Oliv, en postant une capture d’écran du TikTok de ce dernier à propos d’une tondeuse en promo. Olga Vasilyev écrit : « (…) notre cher Ramous qui fait du placement de produit sur Snap, ça crie anticapitaliste et ça fait de la promo Black Friday pour faire de la télé-réalité avec Shauna Évents ».

Un quatrième exemple n’est pas lié aux gilets jaunes met est tout de même dénoncé par Olga Vasilyev. C’est celui de la voyante Rapha Ailes Voyance« 5 euros la question », s’indigne la lanceuse d’alerte .

Des spécialistes de la question analysent le phénomène

C’est ainsi que l’on peut mettre en perspective ces exemples avec ce qu’ont expliqué à France Culture en ce début du mois d’août, des spécialistes, au sujet de ce phénomène.

Le fondateur du site Signal Arnaques en France, Jean-Baptiste Boisseau, travaille à la mise en lumière pour le plus grand nombre de gens sur internet de ces phénomènes dommageables. Ce dernier a déclaré à France Culture qu’il y a trois types d’arnaques selon lui.

Il explique qu’il y a « d’abord le type d’arnaque vente, souvent illégale comme des ventes de permis de conduire. Puis, les jeux, comme les faux concours et pronostics. Enfin, la dernière catégorie, ce sont les placements financiers alternatifs ou schémas pyramidaux. »

Boisseau note également que le profil des piégés est plus hétéroclite que l’on pourrait intuitivement le penser. « Ces arnaques ne sont pas réservées au moins de vingt-cinq ans, il existe des victimes de tout âge qui entrent en contact avec nous ».

« Il n’y a pas de place pour eux dans le marché du travail »

Concernant les actions d’assistances aux victimes proposées, Yannick Pons, directeur de création chez Reech, une entreprise experte de l’influence marketing, et Marjolaine Koch, journaliste indépendante, ont aussi été questionnés par France Culture à ce sujet. Yannick Pons déclare ainsi : « L’influence est un vecteur plus rapide et fort [des arnaques – ndlr], par le lien qui est partagé entre l’influenceur et sa communauté ». Pour lui, les mécanismes de blocage (limité au simple signalement) ne sont pas suffisants et à la hauteur des dommages que créent ces arnaques.

Marjolaine Koch ajoute, pour sa part : « Ce sont souvent des jeunes, bons élèves des classes populaires issus de banlieue. Ils se lancent dans le trading, car il n’y a pas de place pour eux dans le marché du travail. Alors ils se créent leur propre société, avec des codes, un langage, des activités sportives partagées ». Pour elle, ce phénomène est inquiétant : « Il est dur pour les victimes de s’extraire de cette nouvelle communauté car la dérive sectaire les entraîne à exclure de leurs fréquentations ceux qui ne sont pas en accord avec leurs projets ».

Pour Jean-Baptiste Boisseau, le droit français doit agir. Il estime que les procédures judiciaires pour obtenir réparation sont trop faibles, trop peu adéquates avec cette nouvelle réalité d’internet et des réseaux sociaux. Il explique : « On n’a pas de vraies class actions à la française. De plus, les actions de groupes créés par la loi Hamon, qui permettent aux particuliers de se réunir pour porter plainte collectivement, sont souvent inefficaces ».

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