La « marche contre la vie chère et l’inaction climatique » organisée ce dimanche 16 octobre à Paris par la Nupes, des associations et certains syndicats a pour vocation de « stopper le rouleau compresseur néolibéral de la macronie », selon la coalition de gauche.
Pour la Nupes, c’est l’occasion de « remonter sur le cheval », estime Jean-Luc Mélenchon. Les partis de la gauche unie, plusieurs ONG et syndicalistes vont défiler dimanche 16 octobre à Paris dans une « marche contre la vie chère et l’inaction climatique », avec l’espoir d’ouvrir dans la rue un nouveau front contre le gouvernement.
Le leader insoumis a anticipé « un moment très regardé, craint par le régime et le gouvernement de M.
Macron ». « Nous n’avons aucune raison de baisser les yeux, des richesses considérables ont été accumulées, elles peuvent être partagées », a-t-il ajouté. L’ex-candidat à la présidentielle (21,95% au premier tour en avril dernier) avait demandé dès juillet à ses troupes et la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) d’organiser une manifestation la plus large possible, avec les associations et les syndicats.
« Résistance », mais pas avec tout le monde
Il a beau avoir mis la pression sur ces derniers, la CGT, la FSU et Sud-Solidaires ont refusé de signer l’appel. Mais certaines fédérations comme la CGT Commerce, la CGT Energie Île-de-France et 700 syndicalistes comme la secrétaire confédérale de la CGT Céline Verzeletti ont tout de même annoncé leur participation. Une soixantaine de personnalités du monde culturel, dont la récente nobélisée de littérature Annie Ernaux, ont aussi appelé à défiler.
La présidente des députés LFI Mathilde Panot s’est réjouie vendredi « qu’il y ait une résistance qui s’organise dans ce pays, ça commence ce dimanche ». Cette marche a pour vocation de « stopper le rouleau compresseur néolibéral de la macronie », avait déclaré en début de semaine la présidente du parlement de la Nupes, la députée Aurélie Trouvé.
Mathilde Panot s’est également projetée sur « la grève, mardi », dans les transports et d’autres secteurs à l’appel de la CGT, alors que d’aucuns voient dans ces deux actions distinctes une forme de hiatus.
« Les syndicats doivent être soutenus et on ne doit pas faire les choses en parallèle », a estimé vendredi le patron de la confédération, Philippe Martinez, en pointant dans la marche dominicale « des modalités qui ne nous conviennent pas », notamment l’idée d’une manifestation nationale à Paris quand la CGT défend « la proximité ».
30.000 manifestants attendus
Mais, avec les grèves dans les raffineries et les victoires glanées sur certains points du budget à l’Assemblée nationale, le climat est favorable pour la marche, considère auprès de l’AFP la députée LFI Aurélie Trouvé, qui a animé les négociations pour aboutir à la marche : « D’expérience, il y a du monde à une manifestation quand il y a un climat insurrectionnel ».
Selon cette ancienne porte-parole d’Attac, une centaine de cars ont été affrétés vers Paris, davantage que pour la marche du candidat Mélenchon qui avait attiré plusieurs dizaines de milliers de personnes le printemps dernier. Selon une source policière, 30.000 manifestants sont attendus, dont un bloc radical. Il pourrait agréger des profils divers, de l’ultra gauche à des « ultra (gilets) jaunes ».
Différence de taille : le leader de la LFI pourrait ne pas prendre la parole dimanche afin de ne pas donner l’air de tirer la couverture à lui. Mais aussi parce qu' »il ne serait pas avisé de le faire parler en ce moment car il n’est pas une personnalité rassembleuse et n’est pas à l’intergroupe parlementaire de la Nupes », estime un cadre écologiste en privé.
Cinq grands thèmes de revendication organiseront le cortège, qui partira de la place de la Nation pour rejoindre la Bastille : retraite à 60 ans et augmentation des salaires ; allocation autonomie de 1.100 euros pour les jeunes ; blocage des prix ; taxation des super-profits ; bifurcation écologique.
La Nupes pas vraiment en ordre de marche
La marche est en théorie l’occasion pour la Nupes, qui sort des délicates affaires Quatennens et Bayou, de resserrer ses rangs. Et pourtant, des dissensions sont apparues. Les communistes n’ont décidé que la semaine dernière d’appeler à y participer, et leur chef Fabien Roussel n’en sera pas. Chez les écologistes, l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot confie à Libération qu’il « n’ira pas manifester »: « notre priorité devrait être de construire le mouvement social avec les syndicats », explique-t-il.
Quant au PS, son premier secrétaire Olivier Faure a critiqué un tweet de Jean-Luc Mélenchon faisant le parallèle avec un moment insurrectionnel de la Révolution française. La numéro 2 du parti Corinne Narassiguin confie à l’AFP : « On ne va pas changer la culture politique de LFI et on n’est pas surpris. Mais c’était important de dire notre différence ».
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