Tchad: calme relatif et chasse aux manifestants après une journée meurtrière

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Des policiers patrouillent, à Moundou, au Tchad, le 20 octobre 2022. HYACINTHE NDOLENODJI via REUTERS – HYACINTHE NDOLENODJI

Au lendemain de la mobilisation à Ndjamena et dans d’autres villes du pays, le calme était de retour ce vendredi 21 octobre au Tchad. Cependant, le pouvoir continue d’interpeller des personnes soupçonnées d’avoir pris part à la manifestation de jeudi.

Avec notre correspondant à Ndjamena, Madjiasra Nako

Un calme est revenu au Tchad à part quelques échauffourées ce vendredi matin à Ndjamena et à Moundou. La circulation a repris, certaines voies ont même été nettoyées. Il faut signaler qu’une « opération de ratissage » a eu lieu dans les quartiers où les manifestations ont eu lieu. La police a investi les maisons une à une à Ndjamena et à Moundou pour interpeler d’éventuels manifestants qui auraient été identifiés. Des dizaines d’arrestations en marge des manifestations donc, mais aucune information sur le sort des personnes interpellées.

Une certitude : le coup de filet de la police n’a pas permis d’interpeller un « gros poisson ». Beaucoup de leaders de l’opposition seraient en effet entrés dans la clandestinité et se font très discrets depuis les évènements de la veille.

Cette situation a le don d’amplifier les rumeurs comme celles sur le sort du rappeur Ray’s Kim. Depuis jeudi, il a été annoncé mort, avant que la nouvelle ne soit démentie, et actuellement, c’est le flou total concernant le chanteur très populaire à Ndjamena.

Pendant ce temps, le président de transition a rendu visite aux blessés des manifestations de jeudi internés à l’hôpital général de Ndjamena. Après avoir pris les nouvelles des blessés et encouragé le personnel soignant, le président de transition s’est rendu au siège des partis UNDR et RNDT Le Réveil dirigés par les deux Premiers ministres de transition, Albert Pahimi Padacké, et Saleh Kebzabo, qui ont été saccagées par les manifestants du 20 octobre.

Moundou calme mais plongée dans la crainte

À Moundou  la deuxième ville du pays, au sud, des coups de feu pouvaient encore être entendus dans certains quartiers vendredi matin, où un climat de peur règne. Les rues étaient désertes vendredi, à part les patrouilles de police qui parcouraient la ville. Plusieurs habitants n’osaient pas sortir de chez eux.

Le vicaire épiscopal Amédée Ekeeurbe lui, a préféré annuler sa messe. « Il y a la peur qui règne, on entend encore des coups de balle. Pour le moment il y a un calme, un calme morose. La ville de Moundou est consternée. »

Les gens n’osent pas trop sortir. La peur règne. Chacun reste chez lui.

AMÉDÉE EKEEURBE, VICAIRE, HABITANT DE MOUNDOU

Selon les sources hospitalières locales, les violences de jeudi ont fait 20 morts, une soixantaine de blessés, dont sept graves. Six restent encore à identifier. Mais le calme est revenu selon Sylver Beinde, directeur du journal local Sud Echo. « La mairie de Moundou commence à évacuer les barricades qui étaient érigées, donc je suppose que le travail va reprendre, et puis il y a donc des appels pour la reprise des activités donc à travers la ville de Moundou. »

Le réseau internet mobile était encore perturbé par endroits. Un couvre-feu de 18h-6h reste en place jusqu’à nouvel ordre.

A tous les niveaux, chacun doit bouger et agir pour panser nos plaies, apaiser les tensions, pour aller vers une paix solide. C’est vers ça que je me tourne aujourd’hui, espérant que les uns vont écouter.

ABBÉ RAYMOND MADJIRO
Sébastien Németh
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