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C’est un drame qui avait ému le grand public, le 24 novembre 2021. Ce jour-là, vingt-sept corps furent repêchés, dont ceux de six femmes et d’une fillette, seuls deux survivants étant secourus. Il s’agissait du naufrage le plus grave survenu depuis que des migrants entreprennent de rejoindre l’Angleterre à bord de canots pneumatiques de fortune depuis la France.
Ce phénomène des traversées de la Manche continue d’augmenter malgré tout. Depuis le début de l’année 2022, 40 000 personnes auraient rejoint l’Angleterre à l’aide de passeurs, à bord de bateaux de fortune.
18 appels pour demander de l’aide
Des révélations du journal Le Monde, complétées ce mercredi 16 novembre par celles de la cellule investigation de Radio France sur franceinfo.fr indiquent qu’il y a eu plusieurs négligences de la part de secours français. Au cours de cette nuit du 23 au 24 novembre 2021, les migrants en difficulté ont appelé ou tenté d’appeler à 18 reprises les secours français, soit via le numéro du Cross, qui dépend de la préfecture maritime, soit via celui du Samu, qui transfère ensuite les appels au Cross.
« Allez pschitt, votre migrant machin là »
Dans les échanges téléphoniques retranscrits, la froideur de l’opératrice française est hallucinante et agrémentée de réflexions en aparté particulièrement choquantes. Comme ce « Allez pschitt, votre migrant machin là », quand elle prétend transférer l’appel aux Anglais. Ou encore « Ah bah, t’entends pas, tu seras pas sauvé », au migrant auteur de l’appel et qui peine à comprendre ce qu’elle lui dit.
Maître Emmanuel Daoud, avocat de plusieurs familles de victimes, estime qu’il y a eu une grande négligence de la part des secours français : « De façon délibéré, on ne leur a pas porté secours, au motif que cette embarcation dérivait vers les eaux territoriales anglaises. » Il rappelle l’existence d’une une convention franco-britannique qui oblige chacune des parties à intervenir lorsqu’il y a urgence.
L’autorité de tutelle du Cross, la préfecture maritime de la Manche, n’a pas réagi à ces révélations, expliquant auprès de nos confrères qu’elle n’a pas accès au dossier judiciaire et qu’elle ne peut pas commenter des informations parcellaires. L’enquête n’a, pour l’heure, pas permis de déterminer pourquoi les secours anglais ne sont pas, eux non plus, intervenus.
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