Selon des résultats qui ne sont pas encore définitifs, les élections israéliennes de mardi devraient permettre la formation d’une coalition homogène de droite dirigée par Benjamin Netanyahou avec, à ses côtés, une extrême-droite triomphante qui a doublé son nombre de sièges.
L’autre résultat, totalement inattendu celui-là, est le taux de participation, qui atteint un taux final de 71,3 %, le meilleur score depuis 2015. Un chiffre d’autant plus étonnant que les citoyens étaient appelés aux urnes pour la cinquième fois en moins de quatre ans.
La droite dure gagnante
Pour certains, ce fort taux de participation est une réponse à la situation de blocage politique existant depuis trois ans. Si ce n’est qu’il a surtout joué en faveur de la droite dure. Betsalel Smotrich, chef du parti national religieux, ne s’y trompe pas lorsqu’il salue cette victoire comme « historique » et se réjouit de pouvoir former « un gouvernement nationaliste de droite, juif et sioniste », autrement dit sans un seul arabe.
Il y a un autre gagnant, moins flagrant celui-là. « Il y a un avenir », le parti de Yaïr Lapid, l’actuel Premier ministre, aurait gagné huit sièges, passant de 17 à 25 sièges, la percée la plus importante tous partis confondus. « Ce parti est une alternative au Likoud, mais malheureusement cela n’a pas suffi », remarque Yehouda, militant dans ce parti, qui, mardi à Jérusalem, tenait un stand en face de l’entrée d’un bureau de vote, à l’instar d’autres partis politiques.
Vers une coalition fragile autour de Netanyahou
Si les résultats sont confirmés, Netanyahou sera le premier qui l’emporte pour un troisième règne non-consécutif . Mais une coalition de 61 ou 62 députés ne tient qu’à un fil. Certes, contrairement à la coalition sortante dirigée par Naftali Bennett puis Yaïr Lapid, le nouveau gouvernement Netanyahou sera homogène. Composé de cinq partis, il sera à droite, très à droite même, compte tenu du fait que le Likoud n’aurait que 31 députés, l’extrême droite 14 et la droite ultra-orthodoxe 17. Et le Likoud, qui reste le premier parti du pays, n’aurait gagné qu’un ou deux sièges par rapport à la Knesset sortante.
Benjamin Netanyahou n’est donc pas en position de force pour la distribution des postes ministériels et sera l’otage de l’extrême-droite pendant toute cette législature. Une situation que l’émission satirique de télévision « Un pays merveilleux » a mise en scène dès mardi soir, une heure après l’annonce des premiers résultats. Le présentateur appelle le nouveau Premier ministre à venir le rejoindre : le personnage d’Itamar Ben Gvir, chef de Puissance juive, apparaît. Une fois assis confortablement, il siffle et c’est l’acteur incarnant Benjamin Netanyahou qui finalement entre en scène. Quand ce dernier demande à s’installer dans son fauteuil, Ben Gvir met un révolver sur la table et ajoute « ce n’est pas la première fois que je tirerai sur un Premier ministre », allusion à l’assassinat d’Itzhak Rabin le 4 novembre 1995, tué par Igal Amir. Or, le vrai Itamar Ben Gvir, réclame le ministère de la Sécurité publique.
Cette coalition étroite pourrait ne pas voir le jour. Le décompte des voix n’est pas terminé et le parti arabe, Balad, est proche du seuil d’éligibilité. Si finalement, ce parti entre à la Knesset et obtient donc quatre sièges, Benjamin Netanyahou perd sa coalition de 61 députés. Et dans ce cas, le pays sera de nouveau sans majorité naturelle et claire.
Catherine Dupeyron (Correspondante à Jérusalem)
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