Le nombre de personnes sans domicile a doublé en 10 ans, à 330.000, selon la Fondation Abbé Pierre

Par Le Figaro avec AFP

La tendance a ainsi augmenté de près de 130% depuis 2012, date de la dernière étude de l’Insee.

«C’est encore une estimation assez conservatrice», a assuré lors d’une présentation à la presse le directeur des études de la fondation, Manuel Domergue. Ce chiffre englobe les quelque 200.000 personnes en hébergement d’urgence, 110.000 migrants en centre d’accueil ou en hébergement pour demandeurs d’asile, plus environ 27.000 personnes sans abri, dormant dans la rue, le métro, sous une tente ou dans une voiture.

Au total, 4,15 millions de personnes sont mal logées, estime la Fondation, qui calcule ce nombre à partir d’une enquête de l’Insee de 2013. Dans cette catégorie sont comptabilisées les personnes en hébergement contraint chez des tiers (y compris leur famille, pour les plus de 25 ans), ainsi que celles vivant dans un lieu beaucoup trop petit ou privé du confort de base (cuisine, toilettes, chauffage…). Une large part des «gens du voyage», subissant de mauvaises conditions d’habitat, entre également dans cette catégorie.

Le «halo» du mal-logement, qui regroupe les situations de fragilité comme la précarité énergétique ou les impayés de loyer, concerne 12,1 millions de personnes, selon les calculs de la FAP à partir de données de 2013. On y trouve les ménages «appauvris par des niveaux de loyer insoutenables», les personnes ayant eu froid chez elles faute d’avoir les moyens de se chauffer, celles obligées de vivre dans un logement trop petit, les locataires avec des impayés et les propriétaires dans une copropriété en difficulté.

Cette année, dans un chapitre titré «Le genre du mal-logement», la FAP s’est penchée sur les vulnérabilités spécifiques subies par les femmes et les personnes LGBT+. Elles risquent, révèle l’étude, de basculer dans le mal-logement à quatre moments de rupture de la vie : le départ du domicile familial, la séparation conjugale, l’héritage et le veuvage.

Les ménages modestes vulnérables face à l’inflation

L’inflation, qui a nettement accéléré en 2022, met en difficulté les ménages modestes en augmentant leurs coûts contraints (logement, déplacement, alimentation…), relève la Fondation. Une personne au RSA, ou une famille monoparentale, peut vite se retrouver «dans le rouge», ou avec un reste à vivre famélique, simplement en s’acquittant de ces dépenses contraintes, explique la Fondation, qui a calculé le budget de ménages-types (fictifs) dans plusieurs communes comme Aubervilliers et Tarbes.

Les aides distribuées pour atténuer l’impact de l’inflation, comme le bouclier tarifaire, ne sont selon elle pas suffisamment ciblées. L’aide à la rénovation des logements MaPrimeRénov’, dont l’enveloppe a été augmentée dans le budget 2023, est jugée insuffisante car finançant peu de rénovations performantes et laissant aux plus pauvres un reste à charge insurmontable. «Aux plus riches, d’un côté, des mesures pérennes, massives ; aux plus pauvres, d’un autre côté, des mesures ponctuelles», s’est indigné le délégué général de la Fondation, Christophe Robert.

«Contre les pauvres»

L’«effort public pour le logement», rassemblant les aides aux personnes et à la production, ne représentait plus en 2021 que 1,5% du produit intérieur brut, un chiffre qui n’a pas été aussi bas depuis au moins 1991, dénonce la FAP. L’encadrement des loyers, et la lutte contre les locations saisonnières type Airbnb, sont encore trop timides, ajoute-t-elle. Concernant le logement social, les mesures d’économies du premier quinquennat d’Emmanuel Macron ont été maintenues, malgré la hausse du taux du Livret A qui a alourdi la dette des bailleurs sociaux.

L’État mène même des politiques «parfois contre les pauvres», assène la Fondation, ciblant la réforme de l’assurance chômage, qui vise à réduire la durée d’indemnisation, ou la proposition de loi anti-squatteurs examinée mardi par le Sénat. Sur le front le plus urgent, si le gouvernement a renoncé à supprimer des places en hébergement d’urgence, «le fait même qu’il ait envisagé de les réduire est pour nous un signal assez préoccupant», a jugé Christophe Robert.

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