REMISE EN CAUSE COLLECTIVE SOUS PEINE DE NAUFRAGE GÉNÉRAL
(Bientôt 5 millions dans la rue, mais après ?)
Malgré un chiffre rarement atteint et une bataille qui ne fait, espérons-le, que commencer, il est pour le moment difficile d’entrevoir une issue victorieuse.
Nous l’avons écrit à maintes reprises, et nous sommes loin d’être les seuls.
Il faudra une certaine inventivité et du renouveau pour espérer gagner, ou plutôt pour éviter une nouvelle défaite dont le mouvement social ne se remettra pas avant des années.
Oui mais comment ?
Soyons honnêtes, à l’heure qu’il est, nous séchons tous.
A la recherche de pistes, de propositions, d’idées, c’est malheureusement comme si nous étions cantonnés à faire ce que nous connaissons de mieux, espérant miraculeusement que notre salut viendra par le nombre de manifestants et quelques paralysies largement cantonnées en île de France. Ou encore, que quelques milliers de personnes supplémentaires se greffant au mouvement permettraient de provoquer un désordre spontané qui suffirait à faire plier le gouvernement.
DES ÉCHECS CONSTANTS
En 2016, malgré une inventivité et une complémentarité salutaires allant du cortège de tête aux Nuit-Debouts.
En 2018, au printemps, lors du mouvement étudiant et de la grève des cheminots.
Puis à l’automne avec l’insurrection la plus resplendissante d’après-guerre en France, la déferlante gilets jaunes.
Et enfin, en décembre 2019, malgré une grève inédite de par son ampleur et sa diversité.
Inutile de refaire les matchs, nous savons toutes et tous que nous n’avons pas été en mesure de faire reculer le gouvernement une seule fois.
Pas la peine de nous rappeler qu’il y a aussi d’autres luttes primordiales ayant déclenché des mouvements surprenants autour de l’antiracisme politique, des violences policières, de la lutte contre le patriarcat ou encore de l’écologie, qui ont parfois surpris par un renouveau générationnel.
Dans tous les cas, nous n’avons quasiment rien obtenu.
UN MOUVEMENT PRÉVISIBLE
Alors que nous sortons de la torpeur de plusieurs années globalement vides et dénuées d’action, une nouvelle occasion se présente.
Elle était attendue, nous savions toutes et tous que cette réforme arriverait tôt au tard et qu’elle serait susceptible de mettre beaucoup de monde dans la rue.
En deux mobilisations les chiffres explosent, et augmentent même en dehors de l’île de France. Nous pourrions trouver ça spectaculaire en s’en tenant seulement aux chiffres des petites villes, moyennes ou grandes.
L’opposition à cette réforme semble donc trouver un large écho, et cette opposition n’est pas uniquement cantonnée aux électeurs de la gauche, il s’agit donc d’une nouvelle opportunité de terrain.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces chiffres dans les petites et moyennes villes : le rapport démographique et la moyenne d’âge, des services publics défaillants, une offre d’emploi limitée, la fragilisation dûe à la période du COVID… Vous l’aurez compris : la coupe est pleine et plus des trois quarts des français rejettent massivement cette réforme partout dans l’hexagone.
L’avantage d’un mouvement sur les retraites, c’est qu’il concerne tout le monde, même les luttes corporatistes deviennent alors d’intérêt général.
IMPASSE IMAGINATIVE ?
Comme beaucoup de nos amis, nous souhaitons que la jeunesse s’empare de ce mouvement et le fasse déborder vers d’autres revendications.
Nous rêvons aussi que toutes les bases syndicales s’alignent sur le courage de la CGT-Energies. Seulement voilà, cela ne se décrète pas en un claquement de doigt, et les milieux autonomes sont globalement déconnectés des bases syndicales et des jeunes générations, ce qui ne facilite pas la tâche.
N’allons pas nous autoflageller pour autant, nous faisons face à un mur qui peut paraître infranchissable.
Seules quelques sections syndicales ont pour le moment réellement la capacité de pouvoir partir en grève reconductible et devront porter encore une fois ce mouvement à bout de bras. Fort heureusement, ce sont des secteurs clés dans le transport, l’énergie, les raffineries…
Et si ces fédérations prennent un temps de réflexion qui peut nous sembler long avant de se mettre en grève, c’est qu’une fois lancées, elles ne pourront pas faire marche arrière.
Elles sacrifieront une nouvelle fois leurs salaires, en pleine période d’inflation, alors que la grève pourrait durer des mois.
Le mouvement repose à l’heure actuelle sur les syndicats, qui sont les seuls à être en mesure de faire descendre trois millions de personnes dans la rue.
Qu’importe les griefs que certains peuvent avoir avec les différentes centrales, ou encore les reproches que l’on peut formuler quant à l’efficacité de ces manifestations, il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire d’apprendre à composer avec toutes les franges du mouvement social.
Pour les lycéen·nes qui sont en terminale aujourd’hui, l’espoir de la transmission commencée par la génération Loi Travail a été avortée. Ils avaient 13 ou 14 ans au moment des Gilets Jaunes, et ont subi la violence de la répression aux abords des collèges, lycées et facs lors des blocus et ce dès les premiers actes du mouvement en 2018. Ils ont vécu les violences policières lors de manifestations, y compris non violentes. Puis deux années de Covid ont anesthésié les possibilités de “transmission” intergénérationnelle.
Nous voudrions garder l’espoir de cette transmission de celles et ceux qui sont aujourd’hui lycéen.ne.s, qui sont conscients des enjeux climatiques et sociétaux.
Les initiatives de type Mouvement Inter-Luttes Indépendant n’existent plus, et le contexte répressif n’est plus le même : tout est à reconstruire.
Alors qu’au fil des années la contestation dans les universités faiblit, la précarité étudiante augmente elle de façon alarmante.
LE BLACK BLOC EST-IL EN GRÈVE RECONDUCTIBLE ?
Si nous devons retenir un point positif : il semblerait que même l’éternel et fatiguant débat autour de la “diversité des tactiques” semble peu à peu s’éclipser, ou du moins s’atténuer, et ce malgré le purisme des fétichistes de l’émeute d’un côté et celles et ceux qui sont incapables de comprendre que la violence sociale suscite forcément des réactions de l’autre, et qui s’avèrent souvent nécessaires pour se faire entendre.
Mardi dernier à Paris, alors que la préfecture pronostiquait la présence de 400 black blocs, ces derniers seront finalement au moins 800 avec un cortège de tête sociologiquement assez jeune et très diversifié, composé de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
S’habiller en noir et rester anonyme dissimulé derrière un parapluie n’est pas forcément synonyme de casse, beaucoup ne sont pas dans l’action mais appuient les offensives ciblées, ce n’est pas nouveau.
Serait-ce une absence d’organisation et de coordination avec ses nouveaux acteurs parfois très jeunes ? Une patience stratégique qui attend son heure et a appris à ne plus se jeter dans la gueule du loup ? Ou tout simplement de la lassitude parce que nous savons certainement que ce moyen de communication tout à fait honorable ne suffit pas à lui seul ?
Elisabeth Borne félicite les syndicats parce que les manifestations sont calmes…
Même nos ennemis des médias mainstream semblent visiblement s’inquiéter de ce qui semble être une déclaration de forfait. Espéraient-il la nouvelle saison du spectacle où ils pourraient de nouveau poser cette question terrifiante de “Qui sont les Black Blocs ?”. Exemple de provocation : le quotidien Marianne, semble déçu et s’interroge en titrant : “Les Black Blocs sont-ils passés de mode en manifestations ?”.
MANIFESTER LE SAMEDI EST-CE PIRE QU’UNE JOURNÉE DE GRÈVE SYMBOLIQUE ?
Quitte à continuer une énumération de questions rhétoriques, puisqu’une journée d’action ou une vitre de banque brisée font finalement partie de plans de communication, une manif le week-end et qui ne se rapproche pas des dates d’autres mobilisations est-elle vraiment si mauvaise ?
Reste que si le but est uniquement de quantifier et d’inclure le plus de participants, après tout ce n’est pas si bête, surtout pour le moment où il ne se passe que peu de choses entre les dates de mobilisations/grèves temporaires.
Les individus qui prétextent encore qu’une seule journée d’action serait susceptible d’avoir un réel impact économique n’y croient probablement même pas eux-mêmes.
Nous nous rappelons sans nostalgie ni folklore que c’était un atout du mouvement des Gilets Jaunes : rappeler que 90 % des salariés ne sont pas syndiqués, et c’est là aussi un enjeu.
Peut-on encore mobiliser numériquement au-delà du stade où nous en sommes ? Si oui qu’avons nous à proposer, comment, et que devrions nous bloquer ?
Le pouvoir législatif et l’assemblée devanceront-ils le mouvement social pour faire capoter cette réforme ?
Chez CND, nous préférons éviter la surenchère de spéculation, et nous n’avons pas la prétention de pouvoir lancer une quelconque dynamique.
Par contre, nous suivrons et appuierons toutes les initiatives allant de l’avant et acceptant l’autocritique.
Une chose est sûre : ne pas perdre cette fois-ci, c’est défoncer une porte comme celle de Grivaux au transpalette pour la suite. Nous comprenons que l’enjeu ce n’est pas que cette réforme, mais que c’est bien contre son monde que nous devons élargir ce mouvement.
Toutefois, le gouvernement sait pertinemment que tout recul redonnera de la confiance aux luttes, et que par conséquent il ne montrera pas le moindre signe de faiblesse.
Le rapport de force est pour le moment insuffisant, nous le savons toutes et tous.
Nous espérons néanmoins que c’est la dernière fois que nous avons à dresser un constat aussi amer.
Certaines pages méritent d’être tournées.
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Bloquer les raffineries .Péage ouvert, bus/ metro/ train / gratuits, mairie qui ferment et ne comptent pas les grévistes, écoles fermées. Lycée, fac bloqués. Tous ces services utiles à la société rendus immobiles ou non payant. Tant d’idées qui ont eu …
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Le député Jean-Luc Warsmann (UDI) a été enfariné lors d’une manifestation pour défendre une maternité à Sedan en Ardennes : « Il le mérite, ça fait 40 ans que c’est un imposteur. La mort des services publics, c’est lui, il trompe le peuple » a déclaré l’homme avant d’être placé en garde à vue.
Via Anonyme Citoyen
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Sylvie Foltier
Bravo ! Et le mec va finir en garde à vue et prison pour avoir jeté de la farine ….et les ripoux en liberté en toute impunité..
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« C’est toujours très curieux qu’on invoque le droit aux vacances pour s’attaquer au droit de grève puisque les congés ont été généralisés suite à une grève générale. »
Axel Persson réagit suite à la déclaration du ministre des transports qui envisage d’encadrer le droit de grève lors des vacances scolaires !
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Par contre la plupart des gens qui commentent en disant ‘ça me concerne pas’ vous ne faites pas parti des plus pauvres hein, vous avez un logement, une voiture, des enfants, un smartphone, une connection internet, vous mangez de la viande, vous partez …
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Il va falloir très vite mettre ces criminels hors d’état de nuire. Leur petit jeu financier pour gagner quelques millions de profits supplémentaires impacte directement la vie des plus précaires. Leurs mains sont bien plus sales que de nombreuses personnes actuellement derrière les barreaux…
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