Grève du 7 mars, en direct : la CGT annonce le blocage des expéditions de carburants dans toutes les raffineries de France
Tandis que l’examen de la réforme des retraites se poursuit au Sénat, l’intersyndicale appelle les Français à mettre le pays « à l’arrêt » mardi, avec plus de 300 manifestations et des dizaines d’actions de blocages prévues partout en France.pier le lien
Ce mardi sera « une journée de mobilisation très puissante », selon Laurent Berger (CFDT)
« On est à l’aube d’une journée de mobilisation qui sera très puissante. On fera le bilan ce soir mais ça montre que cette réforme est rejetée par les citoyens et le monde du travail », a fait valoir ce matin le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, invité de LCI. Un moyen de rejeter les allégations de blocage « de la France qui travaille », lancées par le gouvernement à l’encontre de l’intersyndicale.
Il fait le pari que cette journée « sera réussie », « aussi bien, voire mieux que le 31 janvier dernier », avançant : « Il y a 320 points de rassemblements et des manifestations là où il n’y en avait jamais eu ».
Au sujet de la reconduction de la grève dans certains secteurs, le chef de file du syndicat réformiste a ajouté : « Que certains secteurs professionnels qui ont leur propre culture syndicale, ou par opposition parfois au sein de leur propre organisation puissent faire des choses différentes, ça existe. Mais la grande majorité sera appelée à de nouvelles initiatives ».
Blocage « symbolique » à l’université de Nanterre : « Il est temps, maintenant, de passer à l’addition des luttes »
Quelques dizaines d’étudiants de l’université de Nanterre ont bravé la parcimonie des transports mardi matin pour se retrouver devant les bâtiments plantés contre la gare RER. Piochant parmi les poubelles et grilles de chantier présentes sur le campus, ils ont rapidement bloqué les entrées de plusieurs facultés. Une action surtout « symbolique » : peu de jeunes sont venus suivre les cours en présentiel, l’université ne relevant pas les absences. Une mesure déjà appliquée lors de précédentes journées de mobilisation contre la réforme.
« On a bien vu que les grèves perlées en janvier et février n’ont en rien fait plier le gouvernement, souffle Bart Piron, 24 ans, étudiant en master d’histoire et trésorier du syndicat étudiant UNEF. Tout est bon pour faire pression sur l’exécutif, et surtout donner de la motivation aux travailleurs qui se sacrifient pour la cause. Il est temps, maintenant, de passer à l’addition des luttes. »
Des barbecues et ventes de gâteaux ont été organisés ces dernières semaines pour abonder une caisse de grève à destination de sous-traitants du site et de salariés du Crous mobilisés. Des enseignants ont aussi promis de mettre au pot.Ce mardi, tous ont déjà la tête au lendemain : un blocage massif, et non plus « symbolique », de l’université mercredi a été voté lundi lors d’une assemblée générale. Avec l’envie de maintenir portes closes jusqu’à « l’abandon » du gouvernement. Une autre réunion est déjà prévue mercredi matin pour décider la poursuite du mouvement, afin d’« assurer un combat durable, à tout prix. »
La solidarité avec les travailleurs et les futurs « vieux » concernés par la réforme tient de l’évidence pour ces étudiants mobilisés. « Les grèves jusque-là isolées n’étaient qu’un tour de chauffe, nécessaires car elles ont permis d’alimenter la mobilisation et de montrer que le soufflé ne retombait pas, constate Florent, 24 ans et en thèse d’économie. Désormais, le débat ne se fait plus que dans la rue et doit concerner tout le monde ». Noa, 23 ans, étudiante en histoire de l’art et archéologie, ajoute : « Et surtout, il ne faut pas laisser Macron en roue libre. On a bien vu ces dernières années ce dont il était capable contre nous, de la sélectivité discriminatoire en master à l’augmentation des frais pour les étudiants étrangers. »
L’incinérateur d’Ivry bloqué ce matin
Bonjour 62,
Les huit raffineries de France métropolitaine sont en effet touchées ce mardi par un blocage des expéditions de carburants, du fait du mouvement social contre la réforme des retraites. Et pour l’instant, la CGT-Energie a annoncé que la grève doit être reconduite au moins jusqu’à jeudi à la raffinerie de Gonfreville (Seine-Maritime), la plus grande de France, tandis qu’elle doit s’allonger au moins jusqu’à vendredi à celle de Donges (Loire-Atlantique).
Mais la direction du groupe TotalEnergies a souhaité rassurer lundi les consommateurs en assurant qu’il n’y avait à ce stade « pas de manque de carburants » dans ses stations, ajoutant que « les stocks en dépôts et en station-service sont à un niveau élevé ». Elle a aussi assuré que ses équipes sont mobilisées « pour faire face à une demande qui pourrait être plus soutenue que d’habitude », en raison des anticipations des consommateurs et disposent « de moyens logistiques supplémentaires le cas échéant ». Il en va de même pour les autres fournisseurs.
A ce stade, des pénuries, comme nous en avons connu à l’automne dernier, ne sont donc pas annoncées. Mais elles pourraient survenir si le mouvement social s’étale sur la durée dans les raffineries et dépôts pétroliers.
Et au Monde, et plus largement dans les médias, vous faites grève ?
Comme dans n’importe quelle entreprise, les salariés du Monde qui le souhaitent peuvent exercer leur droit de grève à titre individuel. Le journal du Monde daté du mercredi 8 février ne paraîtra pas en kiosque ce mardi, comme plusieurs autres titres de presse. Sa version électronique restera consultable sur Lemonde.fr ainsi que l’ensemble des articles de la rédaction.
S’agissant des autres médias, comme nous l’avons souligné précédemment dans ce live, un mouvement de grève conjoint dans les imprimeries des deux grands journaux de la région Provence-Alpes-Cote d’Azur a empêché la sortie de La Provence et de Nice-Matin dans leur version papier du 7 mars. Autre exemple, en raison d’un appel à la grève de l’ensemble des organisations syndicales représentatives en son sein, Radio France ne diffuse pas l’ensemble de ses programmes habituels ce mardi.
Sur les sites pétroliers de TotalEnergies, 64 % de grévistes ce mardi et la mise à l’arrêt des expéditions
Le groupe TotalEnergies a confirmé que les expéditions de pétrole sont arrêtées mardi sur l’ensemble de ses sites en France, en raison du mouvement de grève pour protester contre le projet de réforme des retraites, via un de ses porte-parole, confirmant la revendication faite plus tôt par la CGT.
Sur les 296 opérateurs du groupe postés mardi matin sur les sites, 64 % d’entre eux étaient en grève, a-t-il précisé, ajoutant que la raffinerie de Gonfreville (Seine-Maritime) est entièrement bloquée. Sur ce site, la grève doit durer au moins jusqu’à jeudi, a fait savoir à Reuters Eric Sellini, coordinateur CGT du groupe TotalEnergies. A la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), l’arrêt de travail est prévu au moins jusqu’à vendredi, a-t-il par ailleurs précisé.
La raffinerie de Normandie de Gonfreville comptait 75 % de grévistes parmi les opérateurs du matin, tandis que la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) en comptait 90 % et la raffinerie d’Esso-ExxonMobil de Gravenchon (Seine-Maritime) seulement 40 %. Au dépôt de TotalEnergies de Madryck, près de Dunkerque, « 100 % du personnel posté est en grève », a affirmé pour sa part Force Ouvrière.
La CGT a également fait savoir que les deux raffineries Esso (groupe Exxon Mobil) à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime) et à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) étaient en grève avec pour conséquence l’arrêt des livraisons de carburant pour au moins 24 heures reconductibles.
La CFE-CGC appelle de nouveau le président et le gouvernement à retirer la réforme
« Si le président [de la République]retire son texte, c’est lui qui sort par le haut. Cela ouvre le quinquennat sur des perspectives de discussions sur, pourquoi pas, d’autres réformes pour faire avancer la société », a fait valoir sur Public Sénat ce matin François Hommeril, président de la CFE-CGC, syndicat des cadres, partie prenante de l’intersyndicale opposée à la réforme des retraites.
Questionné sur ses attentes face à la sixième journée de mobilisation qui commence, M. Hommeril a ajouté qu’« une mobilisation réussie ça ne se mesure pas que le jour de la mobilisation », mais aussi dans la façon dont elle se prépare en amont et se répercute après. Il constate en tout cas pour son syndicat des remontés de « forte volonté de participer à cette journée » d’action. « Je pense que la barre du million sera dépassée. On va avoir une mobilisation du même niveau que la [première et] plus forte journée, [tenue] à la fin du mois de janvier », a-t-il ajouté, plus nuancé sur la question des projections que son allié de FO contre la réforme des retraites un peu plus tôt.
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