Congrès de la CGT : Sophie Binet proclamée successeuse de Philippe Martinez à la tête du syndicat

French labour union General Confederation of Labour (CGT) newly named General Secretary Sophie Binet delivers a speech on the last day of the CGT trade union's 53rd congress, at the Grande Halle d’Auvergne in Cournon d’Auvergne, central France, on March 31, 2023. - France's CGT trade union federation on Friday elected surprise candidate Sophie Binet as secretary general, making her the first woman to hold the post since the body's creation in 1895, senior members told AFP. (Photo by JEFF PACHOUD / AFP)
Les propositions pour porter les favorites Marie Buisson et Céline Verzeletti à la tête du syndicat ont été rejetées. Après de longues discussions, c’est la secrétaire générale de l’Ugict, le syndicat des cadres, Sophie Binet, qui a été proclamée, vendredi 31 mars.

par Frantz Durupt, Envoyé spécial à Clermont-Ferrand, Damien Dole et AFP

publié aujourd’hui à 7h53
(mis à jour le 31 mars 2023 à 14h20)
Le visage d’une CGT unie après un congrès parfois houleux. Sur la scène de la Grand Halle d’Auvergne de Clermont-Ferrand ce vendredi en fin de matinée, Natacha Pommet, secrétaire confédérale qui anime la séance, demande aux congressistes de «se lever tous pour notre camarade secrétaire générale Sophie Binet». Le millier de congressistes réunis scande «tous ensemble, tous ensemble». Après de longues tractations, le 53e congrès du syndicat proclame la nouvelle patronne de la centrale de Montreuil, un peu à la surprise générale.

Sophie Binet, la première femme à occuper ce poste en 128 ans d’existence, prend alors la parole : «Je voudrais qu’on s’applaudisse tous. On a vécu un congrès difficile, compliqué, et on a su par notre sens des responsabilités collectives surpasser les difficultés. Je suis sûre qu’on réussira à sortir avec une CGT largement rassemblée pour répondre à tous les défis qui sont les nôtres.»

Jusqu’à présent secrétaire générale de l’Ugict-CGT, qui représente les cadres, les techniciens et les professions intermédiaires au sein de la confédération, Sophie Binet n’était pas candidate à la succession de Philippe Martinez. Mais le nom de cette conseillère principale d’éducation née en 1982 – ex-figure de la lutte contre le CPE – a finalement émergé tôt ce matin après que le Comité confédéral national (CCN) de la CGT, son «Parlement» en quelque sorte, eut rejeté à quelques voix près le nom de Marie Buisson proposé par le secrétaire général sortant Philippe Martinez. Les membres de la Commission exécutive confédérale (CEC) avaient ensuite réfléchi à une autre équipe, autour cette fois-ci de Céline Verzeletti – à qui Olivier Mateu, le secrétaire de la CGT des Bouches-du-Rhône, avait proposé un ticket – mais sans parvenir, une fois encore, à se mettre d’accord. La CEC avait commencé à se réunir vers 23 heures, après la validation par les congressistes de sa composition.

De la lutte contre le CPE à CPE dans un lycée

Etudiante en philosophie à Nantes et ancienne membre du bureau national de l’Unef, Sophie Binet est devenue conseillère principale d’éducation en lycée professionnel à Marseille puis en Seine-Saint-Denis. Elle fait depuis partie de l’Ugict-CGT. En charge par ailleurs de l’égalité entre les femmes et les hommes à la centrale de Montreuil, elle a coécrit en 2019 Féministe, la CGT ? Les femmes, leur travail et l’action syndicale avec Maryse Dumas et Rachel Silvera. Un sujet sur lequel elle intervient depuis près de dix ans. «Dans l’histoire du mouvement ouvrier, le combat de classe a longtemps été jugé supérieur au combat pour l’émancipation contre les discriminations. Ce n’est plus le cas à la CGT, où nous savons qu’il faut les mener de front», expliquait-elle en 2016 à la Fête de l’Huma.

Le bureau de dix personnes constitué autour de Sophie Binet vise à rassembler le plus largement possible la CGT. A ses côtés, on trouve ainsi Laurent Brun, de la CGT Cheminots, qui est nommé administrateur, mais aussi Céline Verzeletti ou encore le secrétaire générale de Fédération nationale des mines et de l’énergie, Sébastien Menesplier.

Les congressistes de la CGT réunis avaient approuvé jeudi soir, à une large majorité, le document d’orientation proposé par la direction, après de vifs débats. Ce texte qui définit la ligne de la centrale pour les trois prochaines années a été approuvé avec 72,79 % des voix. La direction avait pris soin de tenir compte d’un certain nombre d’amendements, afin d’arrondir les angles sur les dispositions les moins consensuelles.

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