Oui, ce qui s’est passé ce mardi 7 mars 2023 relevait de la grève générale : rassemblement au grand jour de la majorité exploitée et opprimée, unité contre le pouvoir sur une revendication commune qui, pour nous comme pour lui, concentre des intérêts et des aspirations opposés : soif de vivre et de ne pas perdre sa vie à la gagner d’un côté, soif du profit et de la réduction du « coût » de l’existence humaine de l’autre. Plus de 3 millions de manifestants dans le pays, début de l’irruption de la jeunesse, villes et petites villes voire villages de la « France profonde » en manifestations.
Pour autant, les larges masses sont au pied du mur : elles ont besoin de la claire perspective qui mène à la victoire. Le fractionnement de la manif parisienne qui n’avait pas, il faut le dire, les 700.000 participants annoncés, et surtout le scepticisme des secteurs inlassablement appelés par plusieurs directions syndicales et par les couches militantes se voulant les plus radicales au « durcissement » et à la « grève reconductible » jusqu’à … – jusqu’à quand, justement ? – ne sont pas des signes d’effritement ou de manque de « mobilisation ».
Non, les larges masses sont judicieuses et peuvent l’être parfois plus que les militants. Elles veulent gagner, elles sentent et elles savent leur force, elles font des caisses de grèves, elles pensent à la bataille, mais elles veulent la gagner. Et tant pis, ou plutôt tant mieux, si de ce fait Macron « abdique » comme veulent l’éviter à tout prix les sénateurs LR !
Dans cette situation, l’intersyndicale réunie ce soir maintient, d’un côté, le piétinement : « mobilisation interprofessionnelle » samedi 11 mars, puis « journée de manifestation et de grève » le jour de la commission mixte paritaire Assemblée nationale/Sénat, qui peut être (ce que le communiqué ne précise pas) le mercredi 15 ou le jeudi 16 ou à cheval sur les deux (les organisations syndicales de retraités appelant en outre le 15).
Mais en même temps l’intersyndicale, acculée entre un pouvoir aveugle et sourd qui va dans le mur et la lame de fond sociale qu’elle est censée diriger mais qui chercher à la diriger, elle, cherche une issue, et appelle M. Macron à la recevoir :
« Cela ne peut plus durer. Le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive. En responsabilité, l’intersyndicale lui adressera un courrier lui demandant à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme. »
Cela ne peut plus durer, en effet !
L’intersyndicale est donc conduite, enfin, à indiquer la direction à prendre : l’Élysée. La voie de la victoire, c’est la grève générale pour monter à l’Élysée. Pas en « reconduisant » pendant des semaines, mais en trois jours maxi.
Pour cela, et du même coup pour les salaires, les services publics et toutes les revendications, l’auto-organisation réelle peut et va se développer. Oui, réalisons le 8 mars, aidons les lycéens et les étudiants à entrer dans la danse comme ils savent si bien le faire, manifestons, organisons les caisses de grève, entrons en grève quand c’est possible, mais pour préparer cela, en discuter, l’imposer, le réaliser.
Le 07-03-2023, après 21H.
Document
Le communiqué de l’Intersyndicale nationale du mardi 7 mars 2023 après les manifs du jour
Communiqué de l’Intersyndicale nationale du mardi 7 mars 2023 en soirée
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