; nouvelles manifestations prévues samedi 11 mars
Alors que près de 1,3 million de personnes ont manifesté contre la réforme des retraites en France mardi selon le ministère de l’intérieur, les syndicats ont par ailleurs appelé à être reçus « en urgence » par Emmanuel Macron.
C’est la fin de ce live
Nous allons clore ce live alors que se termine cette sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Merci à tous de l’avoir suivi et d’y avoir contribué.
Vous pouvez dès à présent revivre la journée en remontant le fil de ce live ou bien en lisant le récit de Thibaud Métais et les correspondants du Monde.
Vous retrouvez l’équipe dans un nouveau live demain matin, dès 7 heures. D’ici là, bonne soirée.
Bonjour,
La sixième journée de manifestation contre la réforme des retraites a effectivement été marquée par une mobilisation record avec 1,28 million de participants en France selon le ministère de l’intérieur (3,5 millions selon la CGT). Le 31 janvier, l’affluence avait été similaire, légèrement en dessous, avec 1,27 million de manifestants selon l’intérieur (2,5 millions selon les syndicats). La première journée de mobilisation, le 19 janvier, avait quant à elle réunit 1,12 million de personnes (plus de 2 millions selon la CGT).
Avant cela, quelques autres avaient dépassé le million de manifestants en France. Par exemple, en 2010, l’opposition au projet de réforme des retraites du gouvernement de François Fillon, prévoyant le report progressif de l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, avait déjà largement mobilisé. Une première journée de mobilisation unitaire avait mobilisé, le 7 septembre 2021, 1,12 million de personnes (2,7 millions selon les syndicats) alors que l’Assemblée nationale entamait, ce jour-là, l’examen du projet de loi. Le 12 octobre 2010, 1,23 million de personnes (3,5 millions, selon la CGT) avaient à nouveau défilé. Une semaine plus tard, blocages des raffineries, agitation lycéenne : la situation sociale s’envenimait pour cette nouvelle journée de protestation qui avait rassemblé 1,1 million de personnes (3,5 millions selon la CGT), ce qui n’empêchera toutefois pas l’adoption du projet fin octobre au Parlement.
Ce qu’il faut savoir à 21 heures
- Selon la CGT, quelque 3,5 millions de personnes ont manifesté mardi en France pour la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, dont 700 000 à Paris. De son côté, le ministère de l’intérieur a dénombré 1,28 million de manifestants, dont 81 000 dans la capitale. Ces deux estimations sont supérieures à celles du 31 janvier, précédent record depuis le début du mouvement. Ce jour-là, la CGT avait estimé que 2,5 millions de manifestants avaient battu le pavé en France, le ministère de l’intérieur en avait comptabilisé 1,27 million.
- L’intersyndicale, qui veut « poursuivre et amplifier le mouvement », a annoncé une nouvelle journée de mobilisation samedi. Par ailleurs, l’intersyndicale annonce une deuxième journée de manifestations et de grèves, le 15 mars, jour de la commission mixte paritaire.
- Les routiers ont déployé des barrages filtrants dès lundi, venant accroître les perturbations dans les transports. Le trafic de la SNCF et de la RATP a été « très fortement perturbé ». A midi, la SNCF comptait 39 % de grévistes, selon une source syndicale. Il était de 46,3 % le 19 janvier mais la mobilisation est en revanche supérieure à celle des autres journées, notamment celle du 31 janvier qui avait enregistré 36,5 % de grévistes.
- Le secteur des transports restera perturbé mercredi. La direction de la SNCF prévoit une légèrement amélioration du trafic ferroviaire par rapport à mardi, avec un tiers des trains en circulation pour les TGV et TER. En région parisienne, la RATP a aussi annoncé prévoir une amélioration du trafic mercredi dans le RER et les autobus, mais le service sera toujours très dégradé dans le métro.
- Selon le ministère de l’éducation, 35,35 % des enseignants sont en grève mardi dans le primaire et 30,09 % dans le secondaire. Le premier syndicat du primaire (SNUipp-FSU) estime pour sa part que plus de 60 % des enseignants du premier degré ont fait grève. Le taux de grévistes le plus élevé chez les enseignants date jusqu’ici du 19 janvier, avec 42,35 % dans l’élémentaire et 34,66 % dans le secondaire, selon le ministère. Pour mercredi, le Snuipp-FSU appelle les enseignants du premier degré à « se mobiliser massivement » dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes. Pour le second degré, le SNES-FSU annonce également des personnels en grève.
- Environ la moitié des salariés d’EDF (47,65 %) ont cessé le travail mardi. La mobilisation chez EDF avait déjà été forte le 19 janvier, première journée d’action contre la réforme, et le 31 janvier, avec respectivement 50 % et 46,5 % de grévistes selon la direction. La grève a été reconduite pour mercredi sur l’ensemble des sites de TotalEnergies. Les expéditions étaient stoppées mardi dans le cadre de la sixième journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, sans entraîner dans l’immédiat de problèmes à la pompe.
- Parallèlement, le Sénat, à majorité de droite, continue d’examiner le projet de loi jusqu’à dimanche soir. Après avoir adopté, peu avant 19 heures, l’article 6 du projet de loi rectificatif de financement de la Sécurité sociale, les sénateurs passaient à l’examen du fameux article 7, reportant l’âge légal de départ en retraite à 64 ans. Il n’avait pas pu être débattu à l’Assemblée dans le temps imparti. La commission mixte paritaire se tiendra ensuite le 15 mars, a fait savoir la sénatrice centriste Elisabeth Doineau, corapporteure du projet de loi au Sénat, à Public sénat.
Le récit de cette sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites
Même si les taux de grévistes n’ont pas atteint les records de janvier, les syndicats ont salué une « mobilisation historique », mardi 7 mars, lors de manifestations qui ont réuni 1,28 million de personnes en France, selon le ministère de l’intérieur.
Retrouvez le récit de cette sixième journée de mobilisation :
Lire le reportage : Partout en France, la mobilisation contre la réforme des retraites ne faiblit pas
L’intersyndicale appelle à une nouvelle journée de mobilisation samedi, une autre prévue le 15 mars
Lors de sa conférence de presse traditionnelle, l’intersyndicale a appelé à une nouvelle journée de manifestations samedi contre la réforme des retraites. « Le silence du président constitue un grave problème démocratique ; l’intersyndicale demande à être reçu en urgence. » L’intersyndicale appelle à « poursuivre et amplifier le mouvement » et annonce une deuxième journée de manifestations et de grèves le jour de la commission mixte paritaire, le 15 mars.
France : 3,5 millions de manifestants selon la CGT, 1,28 million selon le ministère de l’intérieur
Les estimations de participation nationale arrivent. Selon la CGT, quelque 3,5 millions de personnes ont manifesté mardi en France pour la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. De son côté, le ministère de l’intérieur a dénombré 1,28 million de manifestants.
Les deux estimations sont supérieures à celles du 31 janvier, précédent record depuis le début du mouvement. Ce jour-là, la CGT avait estimé que 2,5 millions de manifestants avaient battu le pavé en France, le ministère de l’intérieur en avait comptabilisé 1,27 million.
Au sein de l’éducation nationale, la journée de grève du 7 mars s’inscrit comme l’une des plus mobilisatrices depuis le début du mouvement. Si les chiffres d’enseignants mobilisés déclinaient depuis le premier mouvement du 19 janvier, où près de 40 % des professeurs étaient en grève, ils étaient à nouveau plus de 30 % mardi selon le ministère de l’éducation nationale – 60 % selon les syndicats. Signe que, dans les écoles, collèges et lycées, l’opposition à la réforme ne faiblit pas.
Si le sujet des retraites a toujours fortement mobilisé les enseignants, s’ajoute aussi le contexte du début d’année, marqué par des mobilisations contre les suppressions de postes à la rentrée et par les négociations salariales avec le ministère, desquelles tous les syndicats ont claqué la porte lundi pour s’opposer au projet du gouvernement de proposer des missions supplémentaires aux enseignants pour percevoir un salaire plus élevé.
Appelé « pacte enseignant », ce dispositif n’est jamais absent des discours des manifestants, témoignant des nombreux ressorts de la colère des professeurs. « Le projet est donc de nous faire travailler plus, plus longtemps, avec des conditions de travail qui sont de moins en moins bonnes… C’est juste méprisant », s’emporte Anne-Laure, 54 ans, professeure des écoles à Paris.
Comme tous les secteurs et professions mobilisés, les enseignants se posent désormais la question de la suite, et de la grève reconductible. Le poids des pertes de journées de salaire ainsi que, pour les professeurs de lycée, l’approche des premières épreuves du bac dans deux semaines, pèsent sur les arbitrages. Pour l’heure, un nouvel appel est lancé pour le 9 mars, journée de mobilisation de la jeunesse, et certains ont déjà prévu d’y répondre.
Près de la moitié des salariés d’EDF en grève, selon la direction
Environ la moitié des salariés d’EDF (47,65 %) ont cessé le travail mardi pour la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé la direction en début de soirée. « Que ce soit à EDF ou ailleurs, c’est la plus forte mobilisation dans l’énergie depuis le début et on est à au moins deux salariés sur trois en grève et mobilisé », a fait savoir pour sa part Fabrice Coudour, secrétaire fédéral du syndicat FNME CGT.
« Il y a énormément de services où ça dépasse les 75 à 80 % et pas qu’à EDF. On a des retours à GRDF qui dépasse les 50 % », a-t-il ajouté. Les chiffres de la direction d’EDF sont calculés par rapport à l’effectif total de l’entreprise alors que ceux des syndicats, généralement communiqués en fin de journée, sont calculés par rapport aux effectifs qui devraient être présents au moment de la grève, et sont donc mécaniquement supérieurs.
Conséquence de ce mouvement de grève : dans le parc nucléaire, EDF a indiqué en soirée avoir enregistré une baisse de charge cumulée qui a atteint 14 900 MW à 15 h 30, soit la production d’une quinzaine de réacteurs. Pour les barrages hydroélectriques, la puissance disponible chutait de 7 000 MW vers 15 h 30, selon l’électricien.
Le secteur des industries gazières et électriques est particulièrement mobilisé, craignant la suppression de son régime spécial de retraites, déjà voté au Parlement, et redoutant à terme la perte de son statut protecteur. La mobilisation chez EDF avait déjà été forte le 19 janvier, première journée d’action contre la réforme et le 31 janvier, avec respectivement 50 % et 46,5 % de grévistes selon la direction.
A Paris, « Macron ne comprendra que quand son portefeuille sera touché »
Le calme est revenu place d’Italie. Le gros des manifestants est maintenant parti, les forces de l’ordre quadrillent les lieux. Micheline Houssais conclut sa sixième marche (sur six) contre la réforme des retraites. « Oui, c’est calme, mais jusqu’à quand ? se demande la fonctionnaire à La Poste, 59 ans. Les gens sont à bout, vraiment. On se sent pris à la gorge, toujours plus. »
Elle déplore la « rupture de confiance » de son propre contrat avec l’Etat. Une autre époque, elle avait passé un concours, avant de monter à Paris, depuis la Loire-Atlantique, pour y travailler jusqu’à 55 ans. Maintenant elle sait qu’elle ne partira pas à la retraite avant 62 ans. « L’Etat ne respecte plus ses engagements, comme il ne respecte pas les Français. »
Tous ses espoirs portent désormais sur la « mise à l’arrêt du pays ». « On voit bien en ce moment avec le passage du texte au Sénat que ces gens n’ont aucune considération pour nous, rumine la quinquagénaire. Macron ne bougera que si son portefeuille, celui des entreprises est touché. » Y croit-elle vraiment ? « Bien sûr, sinon je ne serais pas là. »
Corentin Lesueur
Bonjour, que s’est-il passé au sénat entre-temps ?
Bonjour,
Le Sénat, à majorité de droite, a continué d’examiner le projet de loi toute la journée, et ce jusqu’à dimanche soir. Peu avant 19 heures, les sénateurs ont adopté l’article 6 du projet de loi rectificatif de financement de la Sécurité sociale – portant réforme des retraites – avec 236 voix pour et 102 contre.
Ils passent dès à présent à l’examen du fameux article 7, reportant l’âge légal de départ en retraite à 64 ans. Il n’avait pas pu être débattu à l’Assemblée dans le temps imparti.
Paris : 81 000 manifestants selon la police, 700 000 selon la CGT
L’estimation de la police (81 000 manifestants) est très éloignée de celle de la CGT, qui avait auparavant avancé le chiffre de 700 000 manifestants. D’après les chiffres de la police, l’affluence n’est donc pas record depuis le début de la mobilisation.
Le 31 janvier, la préfecture avait dénombré 87 000 manifestants. Lors de la dernière journée de mobilisation, le 16 février, ils étaient 37 000, selon la même source.
La mobilisation proche des records en province
La sixième journée de manifestation contre la réforme des retraites a été marquée par une nette reprise de la mobilisation en province, avec des chiffres proches de ceux du 31 janvier voire supérieurs dans de nombreuses villes, selon les syndicats mais aussi les autorités.
Record battu à Brest avec 22 000 participants recensés par la police et 30 000 par les syndicats, tout comme à Pau, où la préfecture a dénombré 15 500 manifestants et les organisateurs 22 000, et même pulvérisée à Rodez, avec 14 500 à 25 000 personnes malgré une pluie battante. « Quand on voit le temps qu’il fait, c’est exceptionnel », reconnaît David Gistau, chef de file de la CGT dans l’Aveyron. Moins spectaculaires mais tout aussi inédits, les chiffres des autorités à Bastia (2 000), Belfort (4 500) ou Guéret (6 500) confirment le regain de mobilisation observé dans plusieurs villes moyennes, ainsi que dans des métropoles comme Nantes (30 000).
Dans de nombreuses autres localités, les décomptes officiels étaient identiques ou très proches de ceux enregistrés en début d’année, notamment à Lyon (25 000), Montpellier (25 000), Grenoble (20 500) et Rouen (13 500). Le rebond est moindre à Rennes (19 000), Lille (11 500), Tours (11 500) et Strasbourg (9 500). Comme à l’accoutumée, les estimations policières et syndicales ont parfois fait le grand écart, avec des rapports de un à quatre à Nice (entre 7 000 et 30 000) et Le Havre (10 700 et 45 000), voire de un à six à Saint-Etienne (de 8 800 à 50 000), la palme revenant encore à Marseille avec un rapport de un à huit, entre 30 000 et 245 000.
Vingt-deux personnes interpellées en marge de la manifestation à Paris
Selon un décompte de la préfecture de police de Paris, à 18 h 30, vingt-deux personnes ont été interpellées en marge de la journée de mobilisation à Paris. Les forces de l’ordre sont toujours à l’œuvre pour s’assurer de la dispersion des « perturbateurs » place d’Italie.
En graphiques : avec la réforme des retraites, une revalorisation des petites pensions à 1 200 euros pour moins de 1,5 % des retraités actuels et 2,5 % des futurs retraités
Lire aussi : Réforme des retraites : une revalorisation des petites pensions à 1 200 euros pour moins de 1,5 % des retraités actuels
« Nous avons des urgences à traiter et l’âge de la retraite n’en fait pas partie »
A combien de manifestations ont-ils participé depuis le début du mouvement ? Philippe et Alain, enseignants en classe préparatoire dans un grand lycée parisien, réfléchissent en se regardant, sans retrouver le chiffre exact. « A peu près toutes ! », sourit le premier. Les deux enseignants partagent le même avis : « Les problèmes ne manquent pas, surtout dans l’éducation. Il y a des classes sans profs, des conditions d’enseignement qui ne sont pas bonnes… Nous avons des urgences à traiter et l’âge de la retraite n’en fait pas partie. »
Leur « ras-le-bol » n’a fait que s’accroître ces dernières semaines au gré des errances de communication du gouvernement, notamment sur la retraite minimale de 1 200 euros. « Nous enseignons la rigueur et l’honnêteté intellectuelle à nos élèves et le gouvernement, lui, se permet de tels mensonges… C’est un énorme manque de considération pour les gens », dénonce Alain, professeur de physique.
Lui est aussi dans la rue pour faire entendre sa colère politique. En 2022, il a voté Emmanuel Macron au second tour pour faire barrage à Marine Le Pen et ne « supporte pas que [le président] déclare qu’il a reçu un mandat démocratique pour mener la réforme des retraites ». Sa crainte : que la prochaine fois, les électeurs ne se mobilisent plus pour faire barrage à l’extrême droite.
Lire aussi : Réforme des retraites : comment le gouvernement a laissé penser qu’il créerait une pension minimale à 1 200 euros
A Paris, la place d’Italie dans un nuage de gaz lacrymogène
Une bonne partie du cortège parisien a maintenant rallié la place d’Italie, point d’arrivée de la manifestation. L’immense rond-point est noyé dans un nuage de gaz lacrymogène, les manifestants accélèrent le rythme pour en sortir, un foulard ou un mouchoir sur la bouche.
Le groupe de jeunes en noir qui, boulevard de Palais-Royal, avait paralysé la marche, veut encore en découdre avec les forces de l’ordre, alignées à l’entrée des rues adjacentes et soucieuses d’éviter la confrontation directe. Des pétards explosent et des projectiles volent au-dessus des panneaux brisés.
18:14
Les députés de la majorité qui ne voteront pas la réforme des retraites ou s’abstiendront seront exclus du groupe
D’après une information de LCP, confirmée à Franceinfo, le bureau du groupe de Renaissance a acté lundi que les députés qui voteraient contre, s’abstiendraient ou ne voteraient pas la réforme des retraites seraient exclus du groupe et perdraient leur place en commission.
Cette décision a été prise alors que selon les informations du Figaro, l’ancienne ministre Barbara Pompili et deux députées de son parti En Commun ne devraient pas voter le texte sur la réforme des retraites, que ce soit sous la forme d’une abstention ou d’un vote contre.
Heurts entre manifestants et forces de l’ordre à Nantes et à Rennes
Des heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté à Nantes et à Rennes où la police a fait usage de canons à eau. « Aujourd’hui dans la rue, et demain on continue ! », scandaient les manifestants à Nantes, lorsque les premiers affrontements ont eu lieu, une heure après le début de manifestation, avec des jets de projectiles et des tirs de gaz lacrymogène en plein cœur du centre-ville.
Le cortège, qui comptait entre 30 000 et 75 000 personnes, selon les estimations respectives de la police et des syndicats, a ensuite poursuivi son parcours jusqu’au point d’arrivée, sur l’île de Nantes, où des manifestants avaient érigé plusieurs barricades avec le matériel d’un chantier de construction. La police a procédé à 11 interpellations lors de cette manifestation, qui a été la plus tendue depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites à Nantes. Une voiture Tesla et une agence d’intérim ont été vandalisées, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse.
A Rennes aussi la manifestation a rapidement tourné à l’affrontement entre les forces de l’ordre et quelque 400 manifestants, jeunes pour la plupart, vêtus de noir et le visage dissimulé, qui précédaient le cortège officiel de quelques centaines de mètres. Dans un communiqué, le préfet Emmanuel Berthier a condamné le « parcours émaillé d’exactions » de ces 400 individus, avec « violences et dégradations » multiples (jets de peinture, feux de poubelles et barricades incendiées, bris de vitrines d’agences et boutiques, etc.)
A Besançon, les femmes dans la rue
Bonjour, Est-ce que vous filtrez ou bien n’y a-t-il vraiment aucune réaction pour défendre la réforme des retraites? Parce qu’à titre personnel l’allongement de la durée de la vie, l’effondrement du nombre de cotisants et le poids sans précédent de la dette publique me laissent penser que « faire comme tous les autres pays » n’est pas complètement absurde. Mais je suis sûr que vous trouverez des économistes-sociologues pour vous prouver le contraire…
Bonjour,
Notre journaliste Thibaud Métais a bien interrogé ces Français qui soutiennent la réforme des retraites. Ils sont rares toutefois, seulement un tiers de la population est favorable au texte du gouvernement, selon diverses enquêtes d’opinion. Vous pouvez lire l’article ici :
Lire : Réforme des retraites : le soutien de rares Français
La grève reconduite sur l’ensemble des sites du groupe de TotalEnergies, annonce la CGT
La grève a été reconduite sur l’ensemble des sites de TotalEnergies, a annoncé mardi Eric Sellini, coordinateur CGT du groupe, cité par l’agence de presse Reuters. Les expéditions sur les sites de TotalEnergies étaient stoppées mardi dans le cadre de la sixième journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, sans entraîner dans l’immédiat de problèmes à la pompe, avait auparavant déclaré un porte-parole du groupe pétrolier.
La SNCF prévoit une légère amélioration du trafic mercredi, mais il restera « fortement perturbé »
La direction de la SNCF prévoit une légèrement amélioration du trafic ferroviaire mercredi par rapport à mardi, avec un tiers des trains en circulation pour les TGV et TER. Mardi, premier jour d’une grève reconductible à l’appel de tous les syndicats du groupe contre la réforme des retraites, on ne comptait que 20 % des trains en circulation sur les grandes lignes et les lignes régionales. Jeudi, la SNCF prévoit un trafic à nouveau « perturbé » pour le troisième jour de grève.
Pour le TGV, les axes Nord, Est et Sud-Est ne verront que 40 % des trains circuler. Il y en aura 20 % sur l’axe Atlantique et on comptera un Ouigo sur trois. En revanche, les liaisons de province à province seront elles quasiment interrompues avec 90 % des trains supprimés. Le trafic Intercité restera très perturbé avec 80 % des trains supprimés. Ne restent en circulation que deux aller-retours Paris-Brive, un aller-retour Paris-Clermont et une liaison Toulouse-Hendaye via des cars de substitution.
Les liaisons internationales connaîtront des fortunes diverses avec trois Eurostar sur quatre et deux Thalys sur trois mais un train sur trois vers l’Italie et la Suisse, un sur six vers l’Allemagne et aucun vers l’Espagne. En région parisienne, l’offre restera très dégradée avec un tiers de trains sur les lignes A et B du RER et H, J, K, L et U du Transilien. Pour les RER C, D et E ce sera encore pire, comme pour les lignes N, P et R avec 80 % des trains supprimés et un service qui ne desservira que certains tronçons, parfois seulement aux heures de pointe. Plusieurs stations seront également fermées.
Mardi, la SNCF a enregistré un taux de gréviste de 39 %, moins élevé que lors de la première journée de mobilisation contre la réforme le 19 janvier (46,3 %).
Vidéo | Sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites à Paris
Les décodeurs pourraient-ils évaluer ce que coûte la perte de production électrique, en pertes de vente d’électricité, ou nécessité d’en importer de l’étranger ? Cela doit se chiffrer en centaines de millions d’euros?
Bonjour Jean,
Les Décodeurs avaient publié, en octobre, un tableau de bord qui permet, entre autres, de visualiser la production d’énergie en France en temps réel. Il fournit des éléments de réponse à votre question.
En ce moment, la France importe en effet de l’électricité de ses voisins. Mais c’était également le cas hier et mardi dernier. Cela n’exclut pas que les importations soient un peu plus importantes qu’elles ne l’auraient été sans la grève. Mais une analyse rigoureuse devrait prendre en compte la météo du jour, l’impact de la grève sur la consommation d’électricité,… Nous ne voudrions pas tirer de conclusions hâtives.
Lire aussi : Risque-t-on des coupures ? Comment l’électricité a été produite ? Consomme-t-on moins qu’avant ? Le tableau de bord du réseau français en temps réel
Coupures d’électricité dans le fief ardéchois d’Olivier Dussopt
Plus de 2 000 foyers ont été privés d’électricité mardi en début d’après-midi à Annonay, fief du ministre du travail, Olivier Dussopt, en marge de la mobilisation contre la réforme des retraites, rapporte Enedis, qui n’exclut pas la piste de coupures « sauvages » de la part de grévistes.
Ces coupures s’ajoutent à celles provoquées par des grévistes qui ont affecté plus de 4 000 usagers, mardi à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, et à Neuville-en-Ferrain, dans le Nord, qui ont affecté des zones industrielles et commerciales.
A Annonay, ville dont Olivier Dussopt – en première ligne sur la réforme des retraites – a été maire (2008-2017) puis député (2007-2022), « près de 2 200 clients étaient privés d’électricité en début d’après-midi. Le rétablissement est en cours mais 200 clients demeuraient sans courant à 16 h 30 », a indiqué Enedis à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information du Dauphiné Libéré. Le distributeur d’électricité n’a pu déterminer les causes des pannes ardéchoises, mais « n’exclut pas la piste de coupures sauvages de grévistes. Nous sommes en train d’enquêter. Si c’est le cas, Enedis portera plainte » .
Bonjour et merci pour le live. J’étais dans le cortège qui est passé par le bd St Germain et la gare d’Austerlitz donc pas celui dont vous parlez qui a pris le bd Raspail et du Montparnasse. Sait-on pourquoi il y a 2 cortèges différents ? Simple gestion de la foule ou volonté de « diluer » et minimiser l’impression visuelle ?
Y a t-il eu un deuxième cortège à paris aujourd’hui? Je n’ai vu ni la cgt ni fo dans le cortège principal… ce serait bien d’évoquer ce point dans le live sinon on ne sait pas s’il existe et où il est
Bonjour,
Dès la première journée de mobilisation à Paris, où les syndicats se sont fait surprendre par le nombre de manifestants, deux itinéraires sont prévus en fonction de l’affluence. L’idée première étant donc bien de la gérer au mieux et d’éviter les ralentissements et mouvements de foule.
Mardi, un premier cortège, mené par FSU, la CFE-CGC et la CFDT, a emprunté les boulevards Raspail, Montparnasse, Port-Royal, puis l’avenue des Gobelins pour rejoindre la place d’Italie. Le second cortège, avec la CFTC, Solidaires, FO et la CGT, est passé par le boulevard Saint-Germain, quai Saint-Bernard, le boulevard de l’Hôpital afin d’arriver aussi place d’Italie.
La CGT dénombre 700 000 manifestants à Paris, un chiffre sans précédent depuis le début de la mobilisation
Quelque 700 000 personnes manifestent mardi à Paris pour la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé la CGT à l’Agence France-Presse. La mobilisation serait donc plus importante que lors des précédentes journées d’action. Les estimations du syndicat n’avaient jamais dépassé 500 000 manifestants. L’évaluation des autorités n’est pas encore disponible.
Lors de la dernière journée de mobilisation, le 16 février, la CGT avait fait état de 300 000 manifestants dans la capitale, alors que la préfecture avançait le chiffre de 37 000. La centrale syndicale en avait compté 500 000 le 11 février (93 000, selon la préfecture), tout comme le 31 janvier (87 000, selon la préfecture).
A Paris, plusieurs affrontements bloquent le cortège
Après plus de deux heures sans accroc, et cinq précédentes manifestations sans incident majeur, le cortège s’est clairement tendu à Paris. En tête de manifestation, les affrontements se multiplient sous l’impulsion d’une grosse centaine de jeunes, en noir, qui jettent mortiers, pavés et pierres sur les forces de l’ordre groupées dans les rues adjacentes.
La marche s’est quasiment arrêtée sur le boulevard du Port-Royal, moins d’un kilomètre avant la Place d’Italie, terminus du tracé mardi. Des jeunes restent immobiles au milieu de la voie, à l’affût. D’autres s’en prennent à nouveau à des policiers. Un nuage de gaz lacrymogène et plusieurs charges des forces de l’ordre ont fait refluer la foule en arrière. Beaucoup font demi-tour et concluent leur mobilisation.
A Paris, « Pensez aux jeunes »
16:48 Sur le terrain
« Je manifeste aujourd’hui pour deux bonnes raisons… »
On ne lui demandera pas où elle a trouvé le cône de chantier rouge et blanc qui lui sert de chapeau ce mardi. Ölia Gerber, 18 ans, venue manifester avec ses copines étudiantes aux Beaux-Arts à Besançon (Doubs), a choisi une participation au défilé résolument festive.
La réforme des retraites, Ölia l’avoue, elle n’en connaît pas les détails. C’est si loin pour elle. « Mais c’est quand même mon futur », rectifie-t-elle aussitôt. Si l’étudiante en arts visuels plastiques est là, c’est d’abord pour évoquer le présent qui la concerne ainsi que sa bande des Beaux-Arts. « Je veux revendiquer un statut pour les artistes, explique-t-elle. Aujourd’hui, il n’est pas reconnu. En fait, je manifeste aujourd’hui pour deux bonnes raisons… »
A Saint-Brieuc, « si le gouvernement veut parler de pénibilité qu’il vienne dans nos abattoirs »
Ils marchent loin des enceintes hurlantes du cortège rassemblant quelques milliers de personnes, ce mardi, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Patrick Evain et Didier Delourme, 57 et 55 ans, sont discrets mais décidés. Ouvriers dans une usine de Kermené, filiale agroalimentaire du groupe Leclerc, ils plaident : « Si le gouvernement veut parler de pénibilité au travail qu’il vienne dans nos abattoirs. »
Les deux hommes décrivent les prises de poste à 4 heures du matin, la pause quotidienne de 20 minutes, les gestes répétitifs qui provoquent des troubles musculosquelettiques, le bruit… « A 50 ans, le corps est meurtri. Les ouvriers de l’agroalimentaire sont incapables de tenir jusqu’à 64 ans. Si cette réforme passe, la Sécurité sociale paiera encore plus d’arrêts maladie », prédisent les deux salariés, syndiqués à la CGT.
Les ouvriers de l’agroalimentaire, pilier économique de la Bretagne, se mobilisent pourtant très peu. « Faire grève coûte cher aux collègues qui gagnent 1400 € par mois. Nos acquis sociaux doivent être défendus mais beaucoup ont peur de perdre une journée de salaire », avance Didier Delourme. Patrick Evain appuie : « Nos abattoirs fonctionnent grâce à nos collègues étrangers employés comme travailleurs détachés. C’est encore plus difficile pour eux de manifester. Si le mouvement dure, nous devrons cependant trouver un moyen de les impliquer. »
« Beaucoup de livreurs ne sont même pas conscients qu’ils ont droit à une retraite »
« Pédaler, pédaler jusqu’au cimetière, on ne va pas le faire », pouvait-on lire en fin de matinée dans le cortège grenoblois de la manifestation. Appelés à se mobiliser contre la réforme des retraites par la branche CGT-Transports, plusieurs dizaines de livreurs à vélo indépendants travaillant pour des plates-formes comme Deliveroo ou Uber Eats sont aussi présents dans les différents cortèges, notamment à Lyon, Toulouse et Grenoble. Compte tenu de la faible syndicalisation du métier (1,83 % de participation chez les livreurs lors du tout premier scrutin de la profession réalisé en mai 2022), l’ampleur de leur mobilisation est difficile à évaluer.
Avec le statut de microentrepreneurs, pourquoi manifester parmi les salariés du privé ou les fonctionnaires ? « Toutes les professions ont leur rôle à jouer, estime Ludovic Rioux, secrétaire général du collectif Livreurs de la CGT, interrogé à Lyon. Pour nous, il y a une précarité extrêmement importante, les conditions de travail et de rémunération sont terribles. Dans ces conditions, il est inconcevable de faire une croix sur deux ans de retraite ». Pour les microentrepreneurs, la validation des trimestres est directement liée au chiffre d’affaires réalisé individuellement, ce qui laisse entrevoir la plupart du temps une faible retraite et rend plus difficile le sacrifice d’un jour de travail.
« Il y a un vrai chantier à mener sur l’amélioration de la retraite des indépendants, note de son côté Grégoire Leclercq de la Fédération nationale des autoentrepreneurs et microentrepreneurs, qui n’a pas appelé à la grève. Et, pour qu’ils aient une meilleure retraite, il faut que les plateformes rémunèrent mieux. » M. Rioux rappelle également que « les cotisations retraites non versées par ces plateformes se chiffrent en dizaine de millions d’euros. Et, à côté de cela, beaucoup de livreurs sont tellement isolés qu’ils ne sont même pas conscients qu’ils ont droit à une retraite. »
A Besançon, « la retraite, ça veut aussi dire laisser la place aux jeunes ; les anciens ont le droit de se reposer »
Sofy Pagnot a mis plus d’une heure et demie à se maquiller, mardi matin. Avec raison puisque son déguisement qui incarnait la mort n’a cessé d’être applaudi et photographié par les manifestants qui défilaient l’après-midi même à Besançon (Doubs). En contrat engagement jeunes à la Mission locale, la jeune femme de 20 ans était venue avec sa mère et un collègue de travail de cette dernière. Pour protester contre la réforme des retraites mais pas seulement.
« Je veux aussi dénoncer les conditions de travail inadmissibles et la façon décourageante dont on accueille les jeunes sur le marché de l’emploi, explique-t-elle. La retraite, ça veut aussi dire laisser la place aux jeunes. Je ne dis pas ça contre les anciens, bien au contraire, ils ont le droit de se reposer. »
Sofy Pagnot a déjà participé à de précédentes manifestations. Elle les juge « importantes » mais n’est pas sûre que cela suffira à faire reculer le gouvernement. Alors, partisanes du blocage du pays ? « Certains ont commencé, commente-t-elle. Cette manifestation, c’est pour montrer qu’on est là, qu’on n’est pas seuls même si cela n’aboutit à rien. Donc oui, des blocages, des grèves reconductibles pour ceux et celles qui le peuvent, ce serait sympa. »
Après les terminaux méthaniers, les sites de stockages de gaz touchés par les grèves
Tous sites français de stockage de gaz sont touchés mardi par la grève contre le projet de réforme des retraites, mais ne sont pas à l’arrêt, a-t-on appris de sources concordantes. Le réseau français de gaz est alimenté par trois sources principales en ce moment : le gaz naturel liquéfié (GNL) importé par navires via quatre terminaux portuaires, qui sont bloqués depuis lundi, 13 sites de stockage souterrain dans des cavités naturelles et du gaz importé par gazoduc de Norvège ou d’Espagne. Le gaz russe n’arrive plus en France, la grève dans les sociétés de stockage a donc davantage de conséquences, mais elle n’affecte pas les clients à ce stade, puisque du gaz continue de sortir des sites.
« Le réseau de gaz français est aujourd’hui correctement alimenté dans un contexte de consommation modérée (températures clémentes et arrêt spontané de certaines centrales au gaz) », a indiqué mardi le réseau de distribution GRTgaz, précisant qu’importations et soutirages des stocks « permettent de satisfaire la demande intérieure française ».
La CGT a fait état de 80 % de grévistes en moyenne sur les 11 sites de Storengy, filiale d’Engie, où des barrages filtrants ont été mis en place pour empêcher les entreprises prestataires d’y accéder. « On a lancé un ultimatum à notre direction hier soir. On leur a indiqué que la colère des salariés n’allait plus être gérable », a expliqué Frédéric Ben, responsable gaz à la CGT Energie, à l’Agence France-Presse.
A Paris, « les gilets jaunes avaient aussi bloqué le pays, mais le système n’a pas changé pour autant »
L’immense cortège parisien avance à petits pas et dans une bonne ambiance, à l’image des précédentes marches contre la réforme des retraites. Quelques familles ont fait le déplacement, en pleine semaine. Des enfants mangent et dansent au rythme des sonos syndicales. Jusqu’à l’arrivée à l’angle du boulevard de Port-Royal et de la rue de la Santé, face au Val-de-Grâce. Premier arrêt de la journée. Une centaine de jeunes couverts de noir ont pris à partie des forces de l’ordre massées dans la rue adjacente au tracé de la manifestation. De nombreux morceaux de bois, pierres et pavés ont été lancés. La marche reprend avec départ des policiers. Avant de nouvelles échauffourées un peu plus loin.
Julie est derrière. Présente comme à toutes les mobilisations face à ce projet de loi. Sa retraite ne l’occupe pas vraiment : des choix de carrière lui font dire qu’elle n’en aura pas le droit, ou très tard. La trentenaire, salariée d’un centre d’art contemporain en Île-de-France, est bien plus motivée par le besoin de porter la voix de la culture, « de ses précarités et de son invisibilité aujourd’hui en politique ». « Mettre le pays à l’arrêt » est pour elle une « nécessité ». Efficace ? « Les gilets jaunes à l’époque avaient eux aussi bloqué à l’époque. Et puis… Le système n’a pas bougé pour autant. »
Le durcissement du mouvement n’en paraît pas moins indispensable pour Julie. « Que faire d’autre contre un gouvernement plus sourd que jamais ? » « Il faut créer des espaces de lutte et discussion dans la rue, car c’est là que le débat a lieu maintenant, développe-t-elle. Demain, c’est la journée [internationale des droits] des femmes, après, celle de l’écologie. Si ce mouvement pouvait au moins permettre des échanges entre les gens, entre les causes… Car tout se rejoint : l’opposition contre une vision capitaliste, celle de l’homme fait pour travailler et rien d’autre. »
Les étudiants en architecture mobilisés contre la réforme des retraites et le manque de moyens
Les élèves architectes sont eux aussi mobilisés mardi. Gloria, Carmen et Amaëlle se sont jointes au cortège parisien avec des slogans tels que « Futur en détresse SOS », « Archis sans formation, maisons sons fondations » pour s’opposer à la réforme des retraites, mais aussi pour dénoncer le manque de moyens accordés aux étudiants en architecture et la précarité générale des étudiants.
« C’est la première fois que nous venons manifester tous ensemble », se réjouissent-elles. Elles ont répondu à l’appel de plusieurs écoles d’architectures. « C’est un moment politique fort, il faut s’en servir », avance Gloria. Dans leur école, les cours ont été suspendus jusqu’à la fin de la semaine, après une AG organisée par les élèves. « L’idée, c’est que nous puissions aller aux autres mobilisations toute la semaine. En tant que jeunes architectes, nous avons une aussi une responsabilité sociale et écologique ».
Le régime spécial des électriciens et des gaziers, la garantie d’« un service public »
Aux avant-postes de la mobilisation, la fédération CGT mines-énergie est d’autant plus concernée que la réforme des retraites prévoit de mettre un terme au régime spécial des électriciens et des gaziers et, donc, de s’en prendre à leur statut national. Ce statut issu de l’après-seconde guerre mondiale, Vanessa Chevalier le voit comme la garantie d’« un service public », une conquête sociale à défendre et à élargir à d’autres secteurs. « Perdre ce statut, ce serait comme tout perdre. » Celui-ci tient compte de la pénibilité des emplois et permet, selon les cas de figure, des retraites anticipées. « En cas de tempête, par exemple, les équipes se mobilisent », rappelle la militante de 36 ans, conseillère clientèle à GRDF (distribution de gaz).
Idem « quand il faut réparer des câbles à 4 heures du matin par 3 degrés », rappelle Jérémy Namard. Lui est monteur électricien en région parisienne. Il travaille à l’entretien du réseau, dans les airs comme sous terre. « Comme les câbles souterrains sont de plus en plus enterrés, il faut parfois des heures pour trouver les pannes, c’est à se casser le dos. Moi, j’ai 37 ans. Franchement, il y a déjà de quoi être rincé. »
« Quand les chefs établissements s’en mêlent, c’est que l’heure est grave »
Mireille Ventura, principale d’un collège martiniquais, sourit en regardant le groupe habillé aux couleurs bleutées du SNPDEN-UNSA, syndicat majoritaire des personnels de direction de collèges et lycées. Banderole du syndicat dans une main, téléphone portable dans l’autre pour « assurer la continuité du service » dans son collège, elle tenait à être présente dans le cortège parisien pour cette sixième journée de mobilisation. « Il faut marquer le coup, que le gouvernement entende que même les personnels qui se mettent rarement en grève sont contre cette réforme », explique-t-elle.
Réunis en conseil syndical national, des représentants et militants de toutes les académies sont venus porter la voix de ces personnels de l’éducation nationale, habituellement peu visibles dans les cortèges. « Pour nous, qui ne pouvons pas entrer dans le métier sans un bac + 5, le report de l’âge de départ et l’allongement de la durée de cotisation signifient forcément une retraite à 67 ans, ou alors un départ avec une grosse décote », souligne Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du syndicat.
Ils sont plusieurs autour de lui à ne pas cacher leur « amertume » face à cette réforme menée « dans l’urgence », « sans débat », et dans un « contexte de forte inflation ». La question des retraites cristallise beaucoup de frustrations et de ressentiments parmi les chefs d’établissement, échaudés par la « gouvernance des cinq dernières années à l’éducation nationale » et encore marqués par la gestion de la crise sanitaire en milieu scolaire, dans laquelle ils ont été en première ligne. « Notre charge de travail ne cesse de s’alourdir, on nous ajoute sans arrêt de nouvelles missions, on nous demande de faire et de défaire au gré des réformes, souvent sans moyens suffisants…, liste Guillaume, proviseur d’un lycée en Guyane. Jusqu’à quel point peut-on nous demander d’en faire plus, plus longtemps, et sans reconnaissance ? »
Faute de chiffres, difficile d’apprécier le degré de mobilisation des chefs d’établissement. Mais Dominique, aujourd’hui à la retraite, l’assure : elle a « rarement vu ça ». « Quand les chefs établissements s’en mêlent, c’est que l’heure est grave. Il va falloir que le gouvernement réfléchisse », lance-t-elle.
Légère amélioration des transports parisiens mercredi, le métro reste « très perturbé »
La RATP a annoncé mardi prévoir une amélioration du trafic mercredi dans le RER et les autobus, pour le deuxième jour de grève dans les transports parisiens contre la réforme des retraites, mais le service sera toujours très dégradé dans le métro. Le RER connaîtra un trafic plus régulier avec deux trains sur trois sur le A et un sur deux sur le B. Autobus et tramways rouleront quasiment normalement.
En revanche, dans le métro, hormis les lignes 1 et 14 (automatisées) et la 4 où le trafic sera normal, les autres lignes ne proposeront qu’entre un quart et la moitié du service habituel. Elles fermeront pour certaines plus tôt que d’habitude, même si elles seront généralement ouvertes aussi en dehors des heures de pointe, contrairement à la journée de mardi.
Dans le détail, les lignes 3, 10 et 13, fermeront à 20 heures et proposeront un service équivalent à la moitié ou le tiers de l’offre habituelle. La 6 et la 11 seront indisponibles à partir de 22 heures, tandis que la 3bis ne sera ouverte qu’aux heures de pointe du matin et la 8 seulement de 6 heures à 10 heures, puis de 16 heures à 20 heures. Toutes les autres lignes (2, 5, 7, 7bis, 9 et 12) iront jusqu’à la fin de service mais avec un service dégradé également. Contrairement à mardi, tous les métros circuleront cette fois sur l’ensemble des lignes, de terminus à terminus.
La RATP s’avance aussi sur la journée du jeudi 9 mars et prévoit une nouvelle amélioration du trafic avec un métro qui ne serait plus que « perturbé », un RER A roulant quasiment normalement comme les autobus et tramways, mais un RER B « très perturbé ».
Bonjour Dr DR,
Voici deux articles sur le sujet. Bonne lecture !
Lire aussi : Pourquoi constate-t-on de tels écarts dans le décompte des manifestants ?
Lire aussi : Comment mieux compter le nombre de participants aux manifestations
Près d’un agent sur quatre en grève dans la fonction publique d’Etat
Les fonctionnaires sont de retour. Selon les taux provisoires de grévistes chez les agents publics, communiqués à la mi-journée par le ministère de la transformation et de la fonction publiques, la mobilisation a presque retrouvé le niveau de la première journée nationale, celle du 19 janvier. Ainsi, 24,4 % des fonctionnaires d’Etat étaient en grève mardi 7 mars, contre 29,5 % en janvier.
Chez les enseignants, c’est le cas d’un tiers, alors que quatre sur dix étaient mobilisés le 19 janvier dans le primaire et 35 % dans le secondaire. Les syndicats de professeurs font cependant état d’une mobilisation d’au moins 60 %. L’Agence France-Presse (AFP) signalait également en début d’après-midi que huit établissements scolaires étaient bloqués aujourd’hui à Rennes, ainsi que l’université de Rennes 2 et plusieurs bâtiments de l’université de Strasbourg.
Le taux de grévistes est de 11 % parmi les fonctionnaires des collectivités locales (contre 14,4 % en janvier) et de 9,4 % dans les hôpitaux (contre 10,4 %). Après la journée du 19 janvier, le taux de participation des agents publics au mouvement de protestation contre la réforme des retraites n’avait cessé de décroître pour atteindre 4,9 % dans la fonction publique d’Etat le 16 février, 2 % dans les collectivités locales et 2,7 % dans les hôpitaux.
Reprise des débats au Sénat, l’article sur le report de l’âge de départ en ligne de mire
Le Sénat a repris mardi, journée de mobilisation sociale d’ampleur, l’examen du projet de réforme des retraites et l’article clé repoussant l’âge de départ pourrait être débattu en fin d’après-midi. La séance a débuté à 14 h 30, peu après le départ de la manifestation parisienne à laquelle des sénateurs de gauche ont prévu de participer. Les débats ont repris sur l’article 6 du texte qui décrit les recettes et les dépenses de la Sécurité sociale de 2023 à 2027. Un vote sur l’ensemble de la première partie « recettes », qui porte sur les articles 1 à 6, est prévu ensuite, puis les sénateurs pourront examiner l’article 7, le cœur du projet de loi, qui prévoit donc le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
La discussion promet d’être intense sur cet article, entre la majorité sénatoriale de droite, qui y est favorable, et la gauche, radicalement opposée. Les échanges pourraient se poursuivre tard dans la nuit. « Il nous reste 2 460 amendements à examiner » d’ici dimanche minuit, a précisé mardi, au petit matin, le président du Sénat Gérard Larcher (Les Républicains).
Bonjour, Les syndicats ont-ils vraiment annoncé vouloir « mettre la France à genoux », ou bien est-ce une « traduction » du gouvernement pour « mettre la France à l’arrêt » ? Merci pour votre travail.
Bonjour,
Emmanuel Lépine, secrétaire général de la CGT Chimie, a bien affirmé la semaine dernière être prêt à « mettre l’économie française à genoux ». Des propos largement dénoncés par l’exécutif. Lundi, le ministre du travail, Olivier Dussopt, a évoqué des « expressions qui ne sont pas entendables ». Selon lui, « mettre l’économie à genoux, c’est mettre ceux qui ont besoin d’un emploi à genoux, c’est mettre ceux qui rencontrent déjà des difficultés dans des difficultés encore plus grandes ».
De la même manière, la première ministre, Elisabeth Borne, a déclaré lundi soir sur France 5 : « Il y a un droit à manifester. Il y a un droit à faire grève. Je pense que par contre, employer des mots tels que mettre l’économie française à genoux, ça me paraît grave. »
30 000 personnes à Marseille selon la police, 245 000 selon l’intersyndicale
« Tu nous mets 64, on te mai 68 ». Comme un refrain, le slogan est revenu souvent dans un très imposant cortège marseillais qui, devant le nombre de manifestants présents, a mis du temps à s’élancer du Vieux-Port et n’est arrivé qu’en début d’après-midi à la Porte d’Aix, terme de son parcours. Comme à chaque fois depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, les chiffres de la préfecture de police et ceux de l’intersyndicale font le grand écart. La première annonce une participation à 30 000 personnes, en baisse par rapport au 31 janvier. La seconde comptabilise 245 000 personnes, en légère hausse comparée à la même date.
« Si on avait dit que la mobilisation serait toujours aussi importante à la cinquième journée de manifestations, personne ne l’aurait cru et sûrement pas le gouvernement » souligne Serge Tavano, secrétaire général du syndicat FSU territoriaux, très satisfait de l’ampleur du cortège. « On sent que les salariés ne veulent rien lâcher, même si sur le terrain, ils nous parlent forcément du coût financier de la grève » poursuit-il. Dans un défilé marqué par une très forte présence des délégations CGT de la pétrochimie, du port ou encore de l’énergie, la question de la reconduction de la grève était sur toutes les lèvres.
Les raffineries du département ont entamé le mouvement en fermant les vannes des expéditions de carburant. A la SNCF, une assemblée générale se tiendra mercredi en fin de matinée. « Nous sommes sur un mouvement très fort qui est appelé à durer » estime déjà Rémy Hours, le secrétaire général de la CGT Cheminots départementale.
A Paris, « marquer définitivement le coup contre le mur du gouvernement »
Un cortège long et dense s’est mis en route à Paris, entre le boulevard Raspail et la place d’Italie. Samuel Racine ne sait plus bien combien de fois il a marché contre la réforme des retraites. Trois ou quatre. Mais ce mardi, c’est « différent ».
« Dès le départ, cette date a été inscrite comme un point fondamental, pivot, de la mobilisation, rappelle l’enseignant de 50 ans. Reste maintenant à marquer le coup, définitivement. » La foule autour de lui le rassure. L’affluence est dans la droite ligne des manifestations parisiennes très fournies depuis le 19 janvier. Mais le professeur de sciences économiques et sociales, à Meaux (Seine-et-Marne), ne sait pas vraiment si le blocage sera efficace. Trop de doutes sur les capacités financières de la majorité à sacrifier plusieurs jours de revenus.
« En tout cas, le gouvernement a tout fait pour remotiver si besoin ses opposants, ironise le quinquagénaire. Pendant des semaines, à l’Assemblée puis au Sénat, ils ont multiplié les mensonges et les incohérences. Un mur qui ne peut que donner envie de passer au stade supérieur. » Lui se mobilisera chaque fois qu’il pourra. Moins pour sa retraite et sa situation, « pas à plaindre », que pour les « catégories populaires » : « Ces gens qui, en plus d’être les plus violemment frappés par la réforme, ont le moins de moyens pour l’empêcher. »
Le cortège parisien sur le boulevard Raspail
41,5% de grévistes à la mi-journée chez EDF, selon la direction
Moins de la moitié des salariés d’EDF (41,5 %) avaient cessé le travail mardi à la mi-journée pour la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, selon la direction. Le taux de grévistes était de 44,5 % le 19 janvier, au premier jour de la mobilisation, et de 40,3 % le 31 janvier. Les chiffres de la direction sont calculés par à rapport à l’effectif total de l’entreprise alors que ceux des syndicats, généralement communiqués en fin de journée, sont calculés par rapport aux effectifs qui devraient être présents au moment de la grève, et donc mécaniquement supérieurs.
Conséquence de ce mouvement de grève : dans le parc nucléaire, EDF a déclaré en début de matinée enregistrer une baisse de charge cumulée de 9 900 MW, soit la production d’une dizaine de réacteurs. Pour les barrages hydroélectriques, la puissance disponible chutait de 7 000 MW vers 15 h 30, selon l’électricien.
Pas de chiffres de grévistes dans le privé , au moins dans les grands groupe ? Pourquoi cette censure ? J’attend des journalistes des infos vérifiées , pas de la propagande.
Bonjour,
Pas de censure ni de propagande. A l’inverse des fonctionnaires, les salariés du secteur privé « qui veulent utiliser leur droit de grève n’ont pas à respecter de préavis », précise le Service public. « Une grève est légale même si elle n’a pas été précédée d’un avertissement. » Par cette absence de déclaration, il est presque impossible de comptabiliser le taux de grévistes au niveau syndical.
Dans un article de Franceinfo, le secrétaire confédéral à la CGT, Fabrice Angeï, explique que les salariés « peuvent sortir une heure, deux heures, dans le cortège, et ils peuvent retourner travailler ensuite ». Donner une tendance est trop imprécis, compte tenu du caractère incomplet du maillage syndical. En effet, « les organisations syndicales ne sont pas implantées dans toutes les entreprises », ajoute-t-il.
Fabien Roussel à Besançon : « Je voulais être avec des salariés et habitants d’un territoire qui souffre »
Sa présence fait tousser dans les rangs des « anars » réunis dans la manifestation à Besançon (Doubs), mais les militants du Parti communiste français sont, eux, ravis d’avoir leur secrétaire général à leurs côtés. Fabien Roussel enchaîne les selfies, embrasse une élue locale.
« J’ai voulu venir dans une de ces villes où les manifs sont exceptionnelles », dit-il, évoquant les 12 000 personnes ayant défilé lors de deux des précédentes manifestations, selon les syndicats. « Je voulais être avec des salariés et habitants d’un territoire qui souffre. Les mots que j’entends ici ne sont pas les mêmes qu’à Paris, poursuit-il, mais le rejet de la réforme des retraites fait partout l’unanimité. » Interruption de l’échange pour une nouvelle « séquence bisous » avec des militantes du PCF. « Que ce soit dans les villes où dans la ruralité, j’entends tellement de cris d’angoisse. Je comprends cette colère, ce sont toujours les mêmes qui trinquent », conclut le patron des communistes.
Coupures d’électricité « sauvages » à Boulogne-sur-Mer, selon Enedis
Deux coupures d’électricité « sauvages » imputées à des grévistes dans la zone portuaire de Capécure et une zone commerciale ont affecté mardi matin jusqu’à 4 000 usagers à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, a indiqué Enedis à l’Agence France-Presse.
Ces coupures, survenues entre 8 heures et 8 h 30, concernaient encore quelque 1 500 clients à la mi-journée, selon le distributeur d’électricité. Elles ont eu lieu alors que « des agents des industries électrique et gazière, dont ceux d’Enedis, étaient regroupés » dans la zone portuaire de Capécure, dont l’activité a été paralysée dans la matinée par des manifestants qui bloquaient le trafic des poids lourds, a précisé l’entreprise. « Enedis condamne fortement ces actes de malveillance » et entend « porter plainte », a souligné Serge Martin, directeur territorial Nord-Pas-de-Calais.
Les coupures ont notamment affecté un supermarché Auchan à Saint-Martin-Boulogne, en périphérie de la ville. « Le magasin est ouvert, mais le drive et les livraisons sont perturbés », a indiqué à l’AFP une employée à l’accueil du magasin.
« Je ne suis pas contre une réforme, encore faut-il qu’elle soit plus juste et transparente », témoigne Stéphane, 41 ans, à La Réunion
Tirant une grosse valise bleu turquoise, Stéphane, doit rejoindre à pied sur un kilomètre l’aéroport Roland-Garros, à Sainte-Marie à La Réunion. Depuis ce matin, l’accès est rendu impossible en voiture en raison du barrage installé sur la route nationale 2 par les manifestants. Pour traverser l’île du sud au nord, sur un peu plus de 90 kilomètres, et raccompagner son amie Claire qui repart à Montréal après des vacances, ce coach sportif de 41 ans est parti ce matin de chez lui à 7 h 45 alors que l’avion décolle à 21 heures.
Le couple a évité plusieurs barrages installés sur la nationale 2 en passant par les hauts de l’île sur la route touristique Hubert-Delisle. « Un paysage magnifique. Une dernière belle journée de vacances, finalement », s’esclaffe Claire. Stéphane ne se plaint pas lui non plus. Il se dit « solidaire des manifestants » : « Tant qu’ils laissent passer les véhicules prioritaires, précise-t-il. Ce n’est pas une grève surprise. C’était annoncé ». Toutefois, le quadragénaire assure ne pas être « contre une réforme », « encore faut-il qu’elle soit plus juste, plus intelligente, plus transparente ». Plus particulièrement pour « les Français en première ligne : les maçons, les carreleurs, les infirmières, les aides-soignantes, etc. ».
Pour Stéphane, « ce sont toujours les mêmes qui font les efforts : les plus pauvres et les classes moyennes alors que les sénateurs conservent leurs avantages et ne donnent pas l’exemple. Dans le même temps, le gouvernement demande aux Français de travailler deux ans de plus ». Selon lui, les Français sont « prêts à entendre des choses. Mais la communication du gouvernement est tellement fausse qu’ils n’écoutent plus et sont en colère ».
Son amie Claire « soutient » elle aussi la grève mais dit être « déconnectée » en vivant au Canada. « Là-bas, le système est plus capitaliste, explique cette orthophoniste de 33 ans. Mes amis canadiens le disent : la retraite à 62 ans, c’est jeune, vous avez de la chance. Alors pourquoi râler pour la reporter à 64 ans ? »
« Nous sommes là par solidarité avec ceux qui seront moins bien lotis que nous »
« Quand on voit la régression sociale par rapport au moment où l’on a pu partir, on ne peut que se sentir concernés ». Psychologue hospitalière, Martine Urbain, 76 ans, a pris sa retraite il y a 13 ans. « A l’époque, on avait besoin de 37,5 annuités. Je suis partie avec une surcote », se souvient-elle. Comme lors des précédentes manifestations, elle a choisi de défiler avec ses anciennes collègues de l’hôpital Edouard-Toulouse et de venir grossir le nombre imposant de retraités croisés dans le cortège marseillais. « A notre âge, cela nous fait du bien de marcher » plaisante-t-elle avant de redevenir plus sérieuse. « Un recul pareil est inadmissible. La France n’est pas dans la misère. Le capital se porte bien dans notre pays », s’insurge-t-elle.
Georges Comte l’accompagne. Ce scientifique a quitté son travail d’astronome au laboratoire d’astrophysique de Marseille à 67 ans. Douze ans plus tard, il veut afficher sa « solidarité avec ceux qui font un métier qui ne les passionne pas et souhaitent s’arrêter à un moment où ils pourront encore profiter de la vie ». « Les arguments macroéconomiques que l’on nous sert sont de la foutaise. Je ne comprends pas cette espèce de refus obstiné dont fait preuve le gouvernement » s’agace-t-il, regrettant que « la situation serve un Rassemblement national qui ne dit rien et attend tapi dans l’ombre ».
A Guingamp, le « ras-le-bol » du monde rural
Ce mardi matin, un cortège de plusieurs milliers de manifestants s’étire dans les rues de Guingamp, sous-préfecture des Côtes-d’Armor de 7 000 habitants. « La grogne s’amplifie. Le ras-le-bol du monde rural s’exprime de plus en plus fort », prévient Arnaud Meunier, 48 ans. Infirmier anesthésiste à l’hôpital de Guingamp, il défile contre la réforme des retraites, mais aussi contre toutes les « catastrophes » à venir sur son territoire qui vit au rythme des menaces de fermetures de la maternité et de classes. Il s’agace : « Les services publics sont menacés plus qu’ailleurs alors qu’on vit dans le coin le plus pauvre de la région. Ce monde rural en souffrance aurait besoin de plus d’attention, mais on s’acharne dessus… » Ophélie Vauthier, assistante sociale au sein de la MSA, la sécurité sociale agricole, abonde : « On demande à des exploitants agricoles de travailler jusqu’à 64 ans alors qu’on ne réussit même pas, aujourd’hui, à les faire tenir jusqu’à 62 ans. Les agriculteurs sont inquiets, bien que peu présents dans le cortège. Dans leur milieu, ça ne se fait pas de dénoncer l’usure physique, la vie au RSA, la violence institutionnelle… Alors, je défile pour eux. »
Sur la pénibilité, « tout nous a été retiré sous le premier mandat Macron » et « si cette nouvelle réforme passe, j’aurai pris dix années de plus » témoigne Jean-Pierre, éboueur de 58 ans, depuis Issy-les-Moulineaux
A Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), les éboueurs de la Ville de Paris, mais aussi des salariés du privé, et d’autres qui travaillent à l’incinérateur, occupent, depuis ce matin, l’entrée de l’usine des déchets qui traite les ordures de cinq arrondissements parisiens, et d’une vingtaine de communes des Hauts-de-Seine et des Yvelines.
Béatrice, 52 ans, trieuse, se lève à 4 heures chaque matin, attrape un bus de nuit, pour être à 6 heures devant le grand tapis où elle sépare les cartons, les bouteilles, des menus déchets : « Le plus difficile est de rester debout pendant 7 heures, avec une seule pause de 30 minutes au milieu ». Salim, 37 ans, chef de bloc, 15 ans d’ancienneté, pilote l’usine depuis la salle des commandes. Chaque jour, 1 600 tonnes de déchets passent en moyenne, sous ses yeux. « Les fours continuent de tourner, mais, ce matin, on a coupé le départ de la vapeur vers la CPCU [la compagnie parisienne de chauffage urbain] », ce qui va obliger la filiale d’Engie a allumé des chaudières à gaz pour alimenter les logements parisiens. Lui travaille en 3 août, avec des rythmes très changeants – « deux matins, deux après-midi, puis trois nuits », et reconnaît ressentir un peu plus la fatigue, l’âge avançant.
C’est Jean-Pierre, 58 ans, 35 ans de métier, qui en souffre le plus. Il est conducteur de benne, travaille en horaires décalés :
« Avant, on avait une reconnaissance de la pénibilité pour les charges lourdes et le travail de nuit. Tout nous a été retiré sous le premier mandat Macron. Mais mon métier n’a pas changé. Je suis chauffeur, mais j’aide les équipiers. Sur les gros points, on descend, on pousse, on tire les bacs, on ramasse le vrac, on porte les sacs, on remonte. Avec l’âge, les articulations se font sentir. La cabine est à 2,5 m de haut, c’est trois, quatre marches à monter une centaine de fois pendant la collecte ».
Depuis qu’il a commencé à travailler, certaines tâches comme la levée des bacs a été mécanisée, « mais les charges lourdes sont toujours là, et si cette nouvelle réforme passe, j’aurai pris dix années de plus à travailler au total ».
Emeline Cazi
Avez-vous la carte des rassemblements avec les chiffres comme à chaque journée d’action ? merci
Et oui : en cette sixième journée d’action, la fameuse carte des Décodeurs, permettant de connaître les chiffres de la mobilisation selon les villes, fait son retour ! Elle est disponible ici mais on vous la glisse aussi juste là, parce qu’on est sympas (et consciencieux) :
Dans le cortège de la manifestation à Marseille
Les députés Renaissance appelés à faire bloc face aux doutes de certains
Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée, a appelé mardi à serrer les rangs sur la réforme des retraites face aux doutes, notamment de l’ex-ministre Barbara Pompili qui ne veut pas voter en faveur du texte, ont rapporté des participants à une réunion interne.
« Est-ce que c’est légitime de tordre le bras des parlementaires qui doivent agir selon leurs convictions ? », a lancé Barbara Pompili lors de la réunion hebdomadaire du groupe majoritaire, en indiquant qu’elle ne voterait pas le projet gouvernemental. « Je ne voterai pas contre la réforme, des efforts ont été faits et je les salue », a-t-elle toutefois ajouté, ouvrant la voie à une abstention ou une non-participation au vote.
« Pas une voix ne doit manquer au groupe Renaissance. C’est un texte trop important pour notre avenir commun pour qu’il y ait une voix qui fasse défaut », avait lancé plus tôt Mme Bergé, au début d’une sixième journée de mobilisation contre la réforme qui promet d’être massive, selon les syndicats.
Les députées Stella Dupont et Cécile Rilhac, proches de Mme Pompili, ont aussi indiqué qu’elles n’étaient pas sûres de voter en faveur du texte, qui doit revenir à l’Assemblée la semaine prochaine. Ces élues ont notamment rappelé la forte opposition des Français à un report de l’âge légal de 62 à 64 ans. « La mobilisation sociale, digne et massive (…) amène à la réflexion », avait écrit lundi Mme Dupont dans un communiqué, où elle plaidait pour un « meilleur équilibre dans la répartition des efforts ».
D’autres voix se sont jointes à celles d’Aurore Bergé pour appeler chacun à la responsabilité. Le vote du jeudi 16 mars à l’Assemblée « conditionne la poursuite de notre action politique », a abondé la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet. « Il faut choisir l’intérêt général plus que le sens du vent », a plaidé le ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester.
Comment est perçue la grève dans la presse internationale?
Bonjour Dante,
Votre question tombe bien ! Nous avions fait un point sur la perception du mouvement de contestation contre la réforme des retraites par les médias étrangers début février, au lendemain de la deuxième journée de mobilisation. Pour les médias étrangers, le succès rencontré lors des deux premières journées d’action nationale et intersyndicale était un message d’alerte fort envoyé au gouvernement et à Emmanuel Macron.
Revenir sur la contestation sociale en cours dans l’Hexagone depuis fin janvier est aussi un moyen pour les médias étrangers d’expliquer les spécificités du système des retraites en France et de questionner le rapport des Français au travail.
Vous pouvez retrouver la revue de presse en question juste ici :
Lire aussi : Réforme des retraites : pour la presse internationale, « l’âge de départ est un totem dans l’Hexagone »
Il s’est passé quoi jusqu’ici ?
- Alors que plusieurs villes ont commencé à défiler ce matin contre la réforme des retraites, plus de trois cents rassemblements prévus partout en France et de nouvelles actions ont été constatées : blocages routiers, comme à Rennes ou encore à Amiens, blocage des raffineries… De nouvelles branches syndicales professionnelles ont aussi rejoint le mouvement de contestation ces derniers jours, comme les routiers, les employés de la métallurgie ainsi que les petits commerçants et les employés du bâtiment. Certains syndicats de plusieurs secteurs ont aussi déjà annoncé la reconduction du mouvement de grève dans les jours qui viennent, comme à la SNCF et la RATP pour mercredi, entraînant la prévision d’un trafic encore « très perturbé » le 8 mars.
- Dès le petit matin, la CGT-Chimie a annoncé le blocage des expéditions de carburants dans toutes les raffineries de France. Pour l’instant, le blocage ne crée pas de pénurie dans les stations-service, mais une prolongation pourrait y conduire, même si les pétroliers disent s’y être préparés.
- Selon le ministère de l’éducation, 35,35 % des enseignants sont en grève mardi dans le primaire et 30,09 % dans le secondaire. « La participation dans les collèges est estimée à 35,89 %, dans les lycées d’enseignement général et technologique à 25,06 % et dans les lycées professionnels à 21,25 % », ajoute le ministère dans son communiqué.
- A midi, la SNCF comptait, elle, 39 % de grévistes, selon une source syndicale. Il était de 46,3 % le 19 janvier mais la mobilisation est en revanche supérieure à celle des autres journées, notamment celle du 31 janvier qui avait enregistré 36,5 % de grévistes. Le mouvement est suivi à 76 % chez les conducteurs et à 55 % chez les contrôleurs.
- Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a salué à 13 heures une « mobilisation historique », « mieux que le 31 janvier ». Selon son homologue de la CGT, Philippe Martinez, qui s’exprimait à ses côtés, « cela va être la plus forte journée de mobilisation depuis le début de ce conflit ». Les syndicats espèrent une mobilisation encore plus forte que celle du 19 janvier. Le pic de la mobilisation avait ensuite été atteint le 31 janvier avec 1,272 million de manifestants, d’après le ministère.
- La manifestation parisienne s’ébranlera à partir de 14 heures de Sèvres-Babylone, en direction de la place d’Italie. Les débats autour de la réforme des retraites doivent par ailleurs reprendre au Sénat à 14 h 30.
Le secrétaire général de la CFDT salue une « mobilisation historique »
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a salué mardi une « mobilisation historique », « mieux que le 31 janvier ». Selon son homologue de la CGT, Philippe Martinez, qui s’exprimait à ses côtés, « Cela va être la plus forte journée de mobilisation depuis le début de ce conflit ».
Laurent Berger a fait état d’environ « 20 % » de manifestants en plus que lors de la journée du 31 janvier, qui avait réuni 1,27 million de participants, selon les autorités, 2,5 millions d’après les organisateurs, avant le départ du cortège parisien pour cette sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. « On a réussi notre pari qui était de montrer la détermination du monde du travail », a affirmé le leader de la CFDT, estimant que le gouvernement « ne peut pas rester sourd » à cette mobilisation.
L’intersyndicale va d’ailleurs « envoyer un courrier ce soir » à Emmanuel Macron, « pour lui demander à être reçue et qu’il retire le recul de l’âge de départ » de 62 à 64 ans, a annoncé Frédéric Souillot, chef de file de Force ouvrière. « Le moins qu’il puisse faire, c’est d’arrêter de jouer les gros bras et d’essayer de renouer le contact », a poursuivi M. Martinez, mettant en garde l’exécutif contre « un passage en force (qui) ne ferait que mettre le feu aux poudres ».
Simon Duteil, cosecrétaire délégué de Solidaire, a pour sa part estimé que cette semaine serait « décisive ». « Ce n’est pas parce que le gouvernement est droit dans ses bottes qu’on ne va pas gagner », a-t-il ajouté. « On n’est pas à l’abri d’un éclair de lucidité d’Emmanuel Macron », a par ailleurs ironisé François Hommeril, président de la CFE-CGC, jugeant que « si on appuie là où ça fait mal, on a peut-être une meilleure chance qu’il accepte enfin de revenir à la raison et de retirer son projet ».
Un appel conjoint à la grève reconductible n’est toutefois pas à l’ordre du jour, car « ce sont les salariés et les secteurs qui décident », a rappelé le numéro un de la CFTC, Cyril Chabanier. Chez les enseignants aussi, « ça ne se décide pas d’en haut d’un claquement de doigts », a justifié le secrétaire général de la FSU, Benoit Teste.
« La pénurie de carburants va intervenir rapidement », prédit Lionel Arbiol, employé et délégué CGT d’une raffinerie dans le cortège marseillais
Dans le cortège marseillais qui s’est ébranlé vers 11 h 30, les représentants du secteur de l’énergie et de la pétrochimie forment un bloc compact. Pour la première fois depuis le début de la contestation, une dizaine de véhicules d’intervention d’Enedis et de GRDF sont intégrés au défilé, conduits par les personnels grévistes, symboles d’une mobilisation en hausse.
Les personnels des raffineries du pourtour de l’étang de Berre sont également présents en nombre, fers de lance du blocage de l’économie souhaitée par l’intersyndicale. « On part sur plusieurs jours de grève, peut être sur plusieurs semaines comme en octobre dernier » assure Lionel Arbiol, délégué CGT chez Exxon-Mobil Esso à Fos-sur-Mer.
Sur ce site, le mouvement de grève a débuté lundi à 21 heures et sera reconductible par tranche de 48 heures. « 75 % du personnel est gréviste, assure M. Arbiol. Il n’y a plus aucune sortie de carburant par pipeline, wagon ou camion ». Chez Petroineos, à Lavera, la grève a débuté à 5 heures mardi 7 au matin, toute comme chez Total la Mède, où les vannes des expéditions ont été fermées. « Et quand les cuves seront pleines, on arrêtera la production » prévoit Frédéric Ambrosio, représentant CGT du site. « Il faut s’attendre à de très grosses difficultés d’approvisionnement dans le département. Une situation similaire à celle de l’automne dernier très rapidement » prévient Lionel Arbiol.
13:08
La grève perturbe les liaisons ferroviaires, aériennes et maritimes avec le Royaume-Uni
La mobilisation contre la réforme des retraites a perturbé mardi les transports entre la France et le Royaume-Uni, avec des dizaines de trains et vols annulés et des retards dans les liaisons par ferry. Eurostar, qui gère le trafic ferroviaire du tunnel sous la Manche, a annulé 16 des 26 trains prévus dans la journée entre Londres et Paris et six autres entre la capitale britannique et Bruxelles. Selon la compagnie, les perturbations risquent de se poursuivre après mardi.
Dans le secteur aérien, EasyJet a annulé au moins 18 vols entre le Royaume-Uni et la France, British Airways 13 et Air France a supprimé quatre liaisons entre l’aéroport londonien d’Heahtrow et Paris. Les liaisons maritimes entre Douvres et Calais ont enregistré des retards dépassant parfois une heure. La compagnie P&O Ferries a recommandé aux passagers de repousser leurs déplacements.
Fabien Villedieu, représentant de SUD-Rail : « On a déjà le mercredi 8 en ligne de mire, puis on verra la suite jour après jour »
Les cheminots de la Gare de Lyon se regroupent au bout du quai 23, à l’ancien tri postal, mardi en fin de matinée. Tous les syndicats arrivent. Marion Aubry, députée européenne La France insoumise, est là. Des chiffres circulent en interne sur la mobilisation. Parmi les cheminots qui sont indispensables à la bonne circulation des trains et qui doivent donc prévenir la direction 48 heures à l’avance de leur intention de participer au mouvement, un sur deux est en grève. Le taux monte à 77 % chez les « mécanos », les conducteurs de train. Les chefs de bord, ou contrôleurs, sont mobilisés à 54 % et les aiguilleurs à 36 %, des chiffres proches de ceux du 19 janvier, la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, qui a été la plus suivie.
A Paris Sud-Est, les taux sont plus élevés, avec 93 % des mécanos en grève et même 95 % sur la ligne D, celle où travaille Fabien Villedieu, le représentant de SUD-Rail qui écume les plateaux télé, casquette sur la tête. « On a déjà le mercredi 8 en ligne de mire, puis on verra la suite jour après jour. Aujourd’hui, on va se compter mais on sait que le gouvernement ne pliera pas en un jour », prévient Xavier Leclerre, secrétaire général de la CGT Gare de Lyon. « A la différence des autres mouvements, les cheminots ne sont pas les premiers à partir : aujourd’hui, il y a les dockers, mine énergie, énormément d’entreprises du privé, le commerce, la construction bois qui envisagent aussi une grève reconductible ».
A côté du traditionnel feu qui marque le début de la grève, la CGT a empilé des pneus. Placé à l’entrée du tunnel où passent les chariots qui ravitaillent les TGV, la mission d’une entreprise privée, il bloque le passage et dégage un panache de fumée noire qui inquiète les voisins du site « ground zero ». Un cheminot trouve, lui, que ça réchauffe le cœur. Fabien Villedieu, leader de Sud, prend la parole : « Bravo pour la pyrotechnie ! » Lache-t-il, avant d’avancer quatre raisons qui doivent, selon lui, conduire à la victoire. D’abord l’unité syndicale, puis plus de secteurs en grève reconductible et, ce, grâce aux journées précédentes de mobilisation, une opinion qui soutient le mouvement et ne veut pas de la réforme, et un gouvernement plus faible. Les pompiers arrivent pour éteindre le feu de pneus. La fumée blanche remplace la noire.
Sophie Fay
Une vingtaine d’universités bloquées mardi matin
Selon une boucle Telegram consacrée à la mobilisation étudiante, à 9 heures ce mardi, plus d’une vingtaine d’universités étaient bloquées (Angers, Besançon, Brest, Clermont-Ferrand, Grenoble, La Rochelle, Lille 2, Lille 3, l’ENS-Lyon, Lyon 2, Nantes, Nanterre, Paris 8, Montpellier 3, Pau, Poitiers, Rennes 2, Rouen, Strasbourg), ainsi que plusieurs écoles (Sciences-Po Bordeaux, Sciences-Po Grenoble, Sciences-Po Lyon, l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs).
Le 7 février dernier, seules une quinzaine de facultés du pays avaient été bloquées. Les syndicats étudiants appellent à une journée de mobilisation spécifique jeudi 9 mars, contre la réforme des retraites et contre toute forme de précarité touchant la jeunesse, alors que la réforme des bourses étudiantes tarde à être précisée.
A Rennes, des dégradations lors des blocages routiers qui ont pris fin en début de matinée
Plusieurs centaines de manifestants ont bloqué un important axe routier menant à Rennes dans la nuit de lundi à mardi, provoquant de « nombreuses dégradations » quelques heures avant une manifestation contre la réforme des retraites, a confirmé la préfecture.
Peu après minuit, environ 200 jeunes gens « grimés et agressifs » ont tenté de bloquer la RN24 menant à la rocade de Rennes, l’une des toutes premières actions de la nouvelle journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites.
Les manifestants, parfois masqués, ont installé sur la route de Lorient de nombreuses barricades, avec des palettes de bois et des containers enflammés. En milieu de nuit, la route de Lorient était jonchée de plusieurs tables, de chaises ou encore de caddies bloquant la circulation et l’accès, selon un vidéaste de l’Agence France-Presse sur place.
Les forces de l’ordre sont intervenues pour déloger les manifestants, qui ont finalement quitté les lieux après 6 heures du matin, selon le communiqué de la préfecture. Aucun manifestant n’a été interpellé. La RN24 devait être rouverte à la circulation dans les deux sens en fin de matinée.
En marge de cette première manifestation, plusieurs commerces ont été endommagés, notamment un magasin de luminaires, une station TotalEnergies ou les devantures d’un restaurant et d’un magasin de moto, selon la préfecture. Le préfet d’Ille-et-Vilaine a « condamné avec fermeté ces exactions » et appelés les manifestants à défiler dans le calme au centre de Rennes.
Dans le courant de la matinée, des manifestants, notamment de la CGT et FO, ont mis en place des barrages filtrants sur des ronds-points de la rocade de Rennes, provoquant quelques bouchons, selon un journaliste de l’Agence France-Presse.
Par ailleurs, dans la capitale bretonne où une manifestation a commencé en milieu de journée, huit établissements scolaires étaient bloqués, ainsi que l’université de Rennes 2. Dans cette université, fer de lance traditionnel de la contestation étudiante, les enseignements sont suspendus jusqu’à jeudi, selon le service communication.
« C’est la première fois que tout le monde est concerné, même dans les bureaux »
Deux heures après le départ du cortège, plus de 40 000 personnes défilent dans le calme dans les rues du Havre, selon la CGT. Pour Fabian Bourdoulous, 49 ans, militant CGT et secrétaire du CSE central de la Compagnie industrielle maritime (CMI), « il se passe quelque chose, c’est la première fois que tout le monde est concerné, même dans les bureaux ».
Tous les personnels des équipes chargées des opérations de pompage observent des arrêts de travail de 8 heures par quart de 12 heures et certains de ses collègues veulent « durcir le mouvement », assure-t-il. « Il n’y aurait plus aucune expédition vers les aéroports ou les raffineries. » Satisfait de cette « grève intelligente, où tout le monde a compris qu’il fallait s’y mettre ensemble », il attend « un message fort du gouvernement, qui doit écouter le peuple », faute de quoi, « il faut tout arrêter, tout stopper, faire que l’économie mette un deuxième genou à terre ».
39 % de grévistes à midi à la SNCF, selon une source syndicale
Le taux de grévistes à la SNCF atteignait 39 %, mardi à midi, selon une source syndicale citée par l’Agence France-Presse. Il était de 46,3 % le 19 janvier, lors de première journée de mobilisation contre la réforme des retraites. La mobilisation est en revanche supérieure à celle des autres journées, notamment celle du 31 janvier qui avait enregistré 36,5 % de grévistes. Le mouvement est suivi à 76 % chez les conducteurs et à 55 % chez les contrôleurs.
Expéditions de carburants bloquées : pas de pénurie à la pompe pour l’instant
Le blocage des expéditions de carburants, mené mardi par les syndicats afin de protester contre la réforme des retraites, ne crée pas pour l’instant de pénurie dans les stations-service, mais une prolongation pourrait y conduire, même si les pétroliers s’y sont préparés.
Les raffineries elles-mêmes continuent de produire du carburant : de l’essence et du gazole qui devront jusqu’à nouvel ordre être stockés sur place, faute de pouvoir sortir. Quand les réserves sur site seront pleines, les raffineries devront s’arrêter, mais cela nécessiterait plusieurs jours, voire semaines de blocages. En attendant, les 10 000 stations de France sont aujourd’hui bien approvisionnées, et elles pourront compter sur 200 dépôts de carburant.
A l’automne, gouvernement et professionnels avaient initialement exclu tout risque de pénurie. Mais le mouvement lancé par la CGT pour obtenir des hausses de salaires avait bien fini par provoquer des pénuries historiques de carburants pendant trois semaines. Au point que le gouvernement réquisitionne des salariés grévistes afin d’ouvrir des vannes et de libérer des stocks d’essence et de gazole.
« C’est fort peu comparable » à octobre qui « était vraiment un conflit très dur avec des arrêts de production sur l’essentiel des raffineries situées en France », a toutefois affirmé mardi sur Franceinfo Frédéric Plan, délégué général de la Fédération Française des combustibles et carburants, qui représente environ un millier de stations-service. « Ce qui s’était produit à l’époque, c’était un coup d’accordéon sur la logistique, accentué par une crainte des automobilistes qui ont sur rempli leurs réservoirs », a-t-il ajouté.
Faisant savoir qu’il n’y avait pas à ce stade de tensions à la pompe, M.Plan a également affirmé que les blocages des chargements en carburants des camions-citernes « pourraient ne jamais se [faire] ressentir », notamment car « les services de la direction de l’énergie sont surentraînés pour ce genre de situation désormais, avec l’utilisation de stocks dits stratégiques ».
« Nous confirmons qu’il n’y a pas de manque de carburants dans nos stations. En outre les stocks en dépôts et en stations-service sont à un niveau élevé », a de son côté répété le groupe pétrolier TotalEnergies mardi, assurant que ses équipes étaient mobilisées pour faire face à une demande qui pourrait être plus soutenue que d’habitude. En octobre, la compagnie avait aussi importé plus de carburant.
Sur le piquet de grève de l’incinérateur d’Ivry
Des Français de l’étranger aussi mobilisés contre la réforme des retraites, comme à Madrid ce mardi
Jean-Luc Mélenchon estime que « c’est au président de la République de trouver une porte de sortie » par « le référendum », « le retrait » de la réforme ou la dissolution
« C’est un jour de vérité. Nous sommes dans une mobilisation sociale comme on n’en a pas vu depuis trente ou quarante ans. Un immense bras de fer entre tout un peuple et une personne, le président de la République » a estimé le leader de la France insoumise Jean-Luc Melenchon en amont de la manifestation à Marseille à laquelle il participe.
« La bataille commence aujourd’hui. Dans quelques heures, le pays tout entier s’arrêtera. On doit s’attendre à ce que demain et après-demain soient des jours de mobilisation sociale très intenses et justifiés », a poursuivi l’ex-député des Bouches-du-Rhône, jugeant que le combat contre la réforme des retraites était « une lutte d’intérêt général ».
M. Mélenchon a conclu en arguant : « Le président de la République aurait tort de compter sur le pourrissement, le désarroi, la fatigue populaire. Cela n’arrivera pas. Son devoir, dans une démocratie, est de trouver une sortie par le haut : le référendum ou, plus simplement, le retrait [de la réforme] », ou « la dissolution », assurant une nouvelle fois, que le déficit de financement du système des retraites invoqué par le gouvernement était « un mensonge ».
Aux lycées Racine et Lamartine à Paris, la lutte contre la réforme des retraites se confond avec celle contre le SNU
« La retraite avant l’arthrite », peut-on lire sur une banderole devant le lycée Racine, dans le 8e arrondissement de Paris, bloqué mardi matin. Plusieurs jeunes sont debout sur un amoncellement de poubelles.
Elève de seconde, Darius (qui n’a pas souhaité donner son nom) qui distribue des tracts contre le Service national universel (SNU), passe à travers les groupes de jeunes et fait de la pédagogie. Pour le jeune homme de 15 ans, c’est « inadmissible de vouloir militariser les jeunes ». « Aujourd’hui la mobilisation contre la réforme des retraites reste prioritaire », assure-t-il, « mais on peut défendre les deux en même temps. On s’oppose à un projet de société dans son ensemble ». Le 7 février 2023, plusieurs jeunes avaient été interpellés devant le lycée après des affrontements avec les forces de l’ordre. Aujourd’hui, dans la matinée, aucun heurt n’était à déclarer et si les forces étaient présentes, elles se faisaient, en tout cas discrètes.
Quelques rues plus loin, le lycée Lamartine (9e arr.) est également bloqué. Une quinzaine de lycéens et de lycéennes entonnent des chants assis sur des poubelles. Juste à côté des professeurs ont organisé un « petit déj des retraites ». Des parents d’élèves sont également présents, à la fois pour « soutenir leurs enfants » mais aussi pour « faire barrage » en cas de débordements. Caroline, enseignante au collège se réjouit de cette « coopération ». « On discute avec les élèves, la direction mais aussi les parents d’élèves, le but premier c’est de protéger et de soutenir nos jeunes face à une réforme qui est profondément injuste », soutient l’enseignante gréviste. Dans l’établissement il y a 80 % de grévistes au collège et 55 % au lycée, avance la direction.
Ici aussi, la question du SNU hérisse les poils. « C’est une mise au pas de la jeunesse or il faut écouter nos jeunes et ce qu’on constate c’est qu’il y a rejet fort du SNU ». « On ne va rien lâcher, on va continuer à se mobiliser contre la réforme des retraites, le SNU… Plusieurs autres actions sont prévues dans les prochains jours », soutiennent deux jeunes filles, élèves de première, avant de poursuivre : « On va aller soutenir dans les autres lycées puis on fera un départ commun pour rejoindre le cortège à 14 heures ».
Fin du tchat avec les Décodeurs
Merci beaucoup pour vos très nombreuses questions. Ce tchat prend fin, mais retrouvez l’essentiel des réponses aux questions sur la réforme du système des retraites dans cet article :
Lire aussi : Les questions pour comprendre la réforme des retraites : petites pensions, carrières longues et impact pour les femmes
Bonjour Le Monde, Je ne comprend pas bien si les jobs étudiants comptent pour la retraite ou non, même après l’âge de 20ans. Pouvez-vous m’éclairer ? Merci.
Bonjour Enzo,
Les emplois étudiants peuvent permettre de valider des trimestres pour la retraite. Il faut toutefois être rémunéré l’équivalent de 150 Smic horaire au cours de l’année pour engranger un trimestre soit, en 2023, 1 690,50 euros (4 trimestres maximum chaque année). Une partie des emplois à temps partiel ne permettent pas d’atteindre un telle somme, même s’ils permettent quand même d’acquérir des points pour la retraite complémentaire.
Il est bien plus difficile de valider des périodes de stage, alors que celles-ci sont désormais devenues obligatoires dans le cursus des étudiantes et étudiants.
Lire aussi : Réforme des retraites : quels sont les mécanismes de calcul de votre pension ?
Bonjour Existe t il un moyen réaliste de financer les pensions? Au delà des manifestations, très valables, existe t il une proposition triste et économiquement viable pour résoudre ce problème sans devoir recourir à l’augmentation de l’âge de la retraite?
Bonjour Axel,
Pour maintenir le système à l’équilibre, sans modifier les sources de financement, il existe deux autres leviers à côté de l’augmentation des cotisation prévue par l’actuel réforme : le montant des cotisations et celui des pensions.
Plusieurs voix de gauche proposent d’augmenter le niveau des cotisations afin d’équilibrer le déficit temporaire du système sans avoir à toucher à l’âge de départ. Cette solution a été avancée début février par les députés de la Nupes, qui proposaient aussi une surcotisation sur les hauts salaires et un rétablissement de certaines exonérations de cotisations sociales « inefficaces ».
Selon le COR, qui a étudié cette option, il faudrait relever les cotisations entre 0,7 et 0,8 point d’ici à 2027 dans le scénario le plus pessimiste. Sur son blog, Michaël Zemmour calcule qu’une hausse de 0,8 % nécessaire pour combler ce déficit s’élèverait en 2027 à 14 euros par mois (168 euros par an) pour un salaire au smic, et à 28 euros par mois (336 euros par an) pour un salaire moyen.
Baisser le montant des cotisations serait évidemment une mesure impopulaire mais une réforme fiscale plus large pour financer les retraites pourrait aussi être envisagée.
La décision du comité européen des droits sociaux à propos de la grève chez les fonctionnaires peut-elle influencer le mouvement social actuel ?
Bonjour Stanislas,
Le Comité européen des droits sociaux (CEDS) a bien considéré, dans une décision rendue publique mardi 14 février, que la France ne respecte pas la Charte sociale européenne à travers la règle dite du « trentième indivisible » à laquelle sont soumis les agents de la fonction publique d’Etat. Ils sont en effet privés d’un trentième de leur rémunération par jour de grève, même si la cessation du travail dure moins d’une journée. Cette règle constitue donc, estime le CEDS, « dans son effet, une restriction d’un droit fondamental », à savoir le droit de grève.
Mais la décision de l’instance, rattachée au Conseil de l’Europe, n’a pas de force « exécutoire » dans le droit national : les grévistes de la fonction publique d’Etat verront donc bien leur rémunération amputée de façon disproportionnée pendant le reste du mouvement social. Reste cependant, à l’heure actuelle, le caractère symbolique de la décision, saluée par la CGT dans un communiqué comme une « belle victoire (…) dans cette période de mobilisation sociale ».
Rappelons toutefois que les agents de la fonction publique territoriale et hospitalière ne sont pas soumis à la règle du trentième indivisible. De la même façon, dans le secteur privé, la retenue sur salaire est proportionnelle à la durée de l’arrêt de travail. Il est donc tout à fait possible de faire grève une heure, ou même seulement une matinée ou une après-midi.
D’un point de vue étranger, notre système de retraite apparaît extrêmement compliqué et plutôt injuste. Dans un soucis de perspective, il serait peut-être intéressant de comparer notre modèle avec celui de nos voisins européens?
Bonjour UneExpat,
Il peut être tentant de comparer les systèmes de retraite au niveau européen. Et c’est d’ailleurs un argument récurrent pour justifier la réforme. Mais les systèmes varient tant au niveau de l’âge légal, de l’âge effectif et du montant des pensions, qu’il est peu judicieux de comparer un seul indicateur.
Par exemple, l’âge légal – auquel on peut faire valoir ses droits de liquidation de pension – est différent de l’âge réel ou effectif – le moment choisi par les travailleurs pour prendre leur retraite. L’écart souvent cité entre les 62 ans de l’âge légal en France et les 67 ans en Allemagne se réduit considérablement si l’on compare les âges de départ effectifs des deux pays : 63 ans et 65 ans.
Je vous invite à lire cet article de mes collègues qui expliquent précisement pourquoi une simple comparaison n’est pas souhaitable :
Lire aussi : Réforme des retraites : pourquoi il est peu pertinent de comparer les systèmes européens
Bonjour Louisbnd,
La réforme est actuellement en cours d’examen au Sénat jusqu’au dimanche 12 mars, à minuit au plus tard. Le texte passera ensuite en commission mixte paritaire, constituée de sept députés et sept sénateurs, chargée d’aboutir à un texte commun aux deux assemblées.
Si la commission arrive à un concensus, la loi sera transmise pour promulgation, tandis que dans le cas contraire, le texte sera examiné en nouvelle lecture.
Le gouvernement aura la possibilité d’adopter la réforme en ayant recours à l’article 49.3 de la Constitution, ou, si le projet de loi n’est pas adopté par le Parlement le 26 mars, il sera tout de même possible de l’appliquer par une ordonnance du gouvernement (cette disposition n’a toutefois jamais été appliquée jusqu’à présent).
Bonjour, est-ce que vous pourriez nous rappeler les conditions de validation d’un trimestre? Est ce que ces conditions vont changer ?
Bonjour Nad,
Les trimestres validés par le salarié correspondent à la somme des trimestres cotisés, grâce à l’activité professionnelle, et des trimestres assimilés : chômage ou maladie par exemple. Le salaire permettant de valider un trimestre est basé sur le Smic, il change donc chaque année.
Lire aussi : Réforme des retraites : quels sont les mécanismes de calcul de votre pension ?
Bonjour Je n’ai toujours pas compris les carrières longues. J’ai commencé à 18 ans sans cessation d’activité et j’ai eu 3 enfants. Je suis de 1965. Normalement je pouvais la prendre à 60 ans car j’avais cotisé 42 ans. Maintenant je peux la prendre à 61 ans ou à 63 ans ?
Bonjour Bérengère,
En effet, le gouvernement a participé à la confusion sur les carrières longues. La réforme introduit quelques nouveautés : de nouveaux paliers d’âge pour un dispositif plus progressif, un rélèvement de la durée de cotisation nécessaire (sauf si vous avez commencé à 15 ans) et une augmentation de l’âge légal.
Dans votre cas, avant réforme, vous pouviez partir à 60 ans avec 169 trimestres. Après réforme, vous pourrez partir à 61 ans et 3 mois avec 172 trimestres. Dans les deux cas, vous semblez avoir le nombre de trimestres nécessaires.
Enfin, les enfants rapportent, en général, 8 trimestres aux mères. Donc pour vous, 8 fois 3 = 24 trimestres. Mais puisque que vous remplissez déjà les autres conditions sans ce bonus, ces trimestres ne vous seront pas bénéfiques.
Lire aussi : Réforme des retraites : pour les femmes, des mesures à double tranchant
Selon le ministère de l’éducation, 35,35 % d’enseignants sont en grève mardi dans le primaire et 30,09 % dans le secondaire
Le ministère de l’éducation nationale vient de communiquer à la mi-journée les taux de participation au mouvement social interprofessionnel.
Selon le ministère, 35,35 % des enseignants sont en grève dans le premier degré et 30,09 % dans le second, mardi 7 mars. « La participation dans les collèges est estimée à 35,89 %, dans les lycées d’enseignement général et technologique à 25,06 % et dans les lycées professionnels à 21,25 % », ajoute le ministère dans son communiqué. Ils sont ainsi en moyenne 32,71 % d’enseignants en grève dans l’éducation nationale, selon les chiffres pondérés du ministère.
Lundi, le SNUipp-FSU, premier syndicat de l’élémentaire, prévoyait plus de 60 % d’enseignants du premier degré en grève. Le SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, annonce lui à la mi-journée 60 % de grévistes dans les collèges et lycées, englobant corps enseignant et autres employés du secondaire.
Par ailleurs, d’après le syndicat lycéen FIDL, « au moins 400 lycées [étaient] mobilisés à 11 heures, dont plus de 250 totalement bloqués ». La Voix Lycéenne recense elle dans un communiqué « près de 300 lycées bloqués, dont 40 en Île-de-France ».
« La mobilisation lycéenne se prolongera le 8, le 9, le 10 mars, et continuera tant que le projet de
réforme des retraites ne sera pas abandonné », ajoute le syndicat lycéen.
Qu’en est-il des salariés ayant rachetés leurs années d’étude afin de gagner des trimestres? Si j’ai bien compris avec un départ à 64 ans les années rachetées sont perdues?
Bonjour Nicolas,
Avoir racheté des années d’étude risque en effet d’être moins avantageux pour vous. Les trimestres obtenus ne sont pas perdus, mais si vous comptiez partir à taux plein entre 62 et 64 ans grâce à ce rachat, vous ne pourrez plus le faire. En continuant à travailler pour atteindre l’âge légal, vous cotiserez des trimestres supplémentaires qui peuvent annuler le bénéfice des trimestres rachetés (ils ne peuvent en général pas être utilisés pour obtenir une surcôte). Si vous comptiez partir à taux plein après 64 ans, vos trimestres d’études sont toujours utiles.
La retraite des parlementaires…. Pas de changement ?
Bonjour,
Les sénateurs bénéficient effectivement d’un régime spécial, remis en cause par plusieurs parlementaires, comme l’ancien ministre socialiste Victorin Lurel. Comme le détaille dans cet article ma collègue Clémence Apetogbor, c’est le bureau du Sénat qui peut décider de changements sur le régime appliqué.
Quant aux députés, les règles concernant leur régime de pensions « reprennent celles de la fonction publique d’État depuis la dernière réforme opérée par le Bureau de l’Assemblée nationale et entrée en vigueur le 1er janvier 2018. », comme l’indique le site de l’Assemblée nationale. Là aussi, une modification relève des parlementaires.
Léa Sanchez
#tchat Pourquoi le gouvernement ne considère pas l’avis du COR ou d’autres instances vis à vis de cette réforme ?
Bonjour Marguerite,
Le Conseil d’orientation des retraites (COR) est une instance indépendante qui publie chaque année un rapport présentant les évolutions et les perspectives des retraites. Il s’agit de projections qui se fondent sur des paramètres économiques et démographiques. Ces projections sont basées sur deux conventions comptables politiquement opposées :
- un financement du système à participation constante de l’Etat
- un mode de financement dans lequel l’Etat se contente d’équilibrer les régimes publics, ce qui lui permettra de diminuer sa participation de plus de 2 points de PIB d’ici 2070.
C’est sur cette convention que le gouvernement se base pour justifier cette réforme, avec un objectif affiché de réduction des dépenses publiques à moins de 3 % du PIB en 2027.
Quant à l’urgence à conduire cette réforme, l’économiste Michaël Zemmour tempère : « le calendrier du gouvernement est forcé par d’autres considérations externes au système des retraites qui sont plutôt les engagements européens de réduction du déficit et les difficultés que le gouvernement s’est créées par ailleurs avec les baisses d’impôts. Même si c’était 150 milliards d’euros de déficit cumulé, cela ne génère pas de panique parce que, derrière, il y a des réserves d’un montant supérieur. Je ne plaide pas pour financer les retraites par la dette, évidemment. Les retraites se pilotent à l’équilibre, mais est-ce que l’équilibre doit se trouver absolument pour 2027 ou [pour] 2032 ? » En effet, fin 2021, l’ensemble des réserves mobilisables du système de retraites s’élèvent à 163,2 milliards d’euros, selon le COR.
Lire aussi : Réforme des retraites : comprendre la bataille de chiffres autour des prévisions du COR
Bonjour , la réforme va-t-elle changer quelque chose pour les travailleurs handicapés ?
Bonjour HiK,
L’âge de départ pour les personnes en situation de handicap (au moins 50 % de taux d’incapacité) est aujourd’hui de 55 ans. Cet âge n’est pas modifié par la réforme. Pour obtenir ce droit à la retraite, il fallait justifier de deux conditions : un nombre minimal de trimestres validés dont un nombre minimal de trimestres cotisés (travaillés). La réforme prévoit de supprimer la condition sur les trimestres validés et de ne retenir que la condition sur le nombre de trimestres effectivement cotisés.
Manon Romain
les journalistes du Monde sont sur le pont ? motivés pour travailler à perpétuité, j’en déduis ?
Bonjour Patrice,
Dans plusieurs services, des journalistes du Monde exercent leur droit de grève (toute la journée ou partiellement, à partir de 12h30 par exemple) et rejoindront le cortège cet après-midi. C’est également le cas dans les autres catégories de métiers.
Bonjour Docteur,
Pour les personnes qui comptent partir à taux plein à 67 ans et né après 1972, la réforme ne prévoit pas de changement. L’âge du taux plein automatique de 67 ans n’est pas modifié. De plus, votre pension sera toujours calculée de la même façon.
Lire aussi : Réforme des retraites : quels sont les mécanismes de calcul de votre pension ?
Début du tchat avec les Décodeurs sur les dessous de la réforme des retraites
Que prévoit la réforme des retraites ? Quelles sont ses zones d’ombre ? Qu’est-ce qui a bougé depuis le début de son examen au Parlement ? Qu’est ce qui est susceptible encore d’évoluer ? Les journalistes du service des Décodeurs du Monde répondent dès à présent à vos questions.
Pour nous aider à les identifier, merci de mettre le mot « tchat » au début de vos questions !
Gare de Lyon, l’assemblée générale des cheminots organisée en ce sixième jour de mobilisation contre la réforme des retraites se prépare
Au Havre, Patricia, ancienne aide à domicile de 74 ans, attend que « le gouvernement essaie de comprendre les difficultés des gens qui travaillent »
Environ 10 000 personnes se sont retrouvées autour de 10 heures devant la Maison des syndicats au Havre, avant de rejoindre les dockers et les « portuaires ».
Patricia Quenot, 74 ans, ancienne aide à domicile, a saisi au passage une pancarte tendue par un militant CGT : d’un côté, un slogan proclame que « quand Macron va, rien ne va » et de l’autre le visage du président est affublé d’un drapeau long nez de « menteur ». « Je viens manifester pour les jeunes qui travaillent », explique la retraitée, mère de deux enfants, qui dit avoir eu « la chance de travailler dans de bonnes conditions, quand il y avait plus de solidarité et de respect pour le travail. »
Elle aime bien les manifestations « respectueuses » et attend que « le gouvernement essaie de comprendre les difficultés des gens qui travaillent ». « J’ai toujours voté à gauche, mais maintenant je ne sais plus trop où j’en suis, j’ai tendance à me poser des questions », regrette la septuagénaire qui se dit « prête à voter pour ceux qui réussiront à nous sortir de ce marasme ».
À Saint-Brieuc : « Maintenant, on bloque ! »
Un nuage noir s’échappe de la zone industrielle des Châtelets dans la banlieue de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Depuis 5 heures, deux cents manifestants filtrent l’accès des entreprises et notamment ceux des plateformes logistiques de Système U et Carrefour.
« On ne veut pas crever au travail. Nous devons faire plus que manifester. Maintenant, on bloque ! », prévient Eric Le Courtois, secrétaire général Force ouvrière (FO) des Côtes-d’Armor. Posté sur le rond-point, il lève le poing à chaque fois qu’un automobiliste klaxonne pour encourager le mouvement. Quelques-uns s’agacent.
À 10 heures, une patrouille de gendarmerie s’arrête. Un militaire tente de retirer les pneus pour rouvrir l’accès à la route. Des routiers, des enseignants, des pompiers, d’anciens gilets jaunes… se dressent face à lui, décidés à ne pas « lâcher ». Le gendarme fait marche arrière. Fin de l’incident. « Nous sommes décidés à bloquer cette zone industrielle pour toucher la France au porte-monnaie. Macron ne comprendra que quand les grands patrons lui demanderont de céder », prédit Frédéric Ludinart, conducteur de train de 47 ans et représentant syndical local de la CGT.
A t’on déjà des informations sur la reconduction possible demain et ses effets sur les transports, les écoles…
Bonjour,
Certains syndicats de plusieurs secteurs ont déjà annoncé la reconduction du mouvement de grève dans les jours qui viennent, bien que de nouveaux préavis vont sûrement être déposés d’ici la fin de journée et que les actions sont décidées au compte-gouttes.
C’est le cas notamment des syndicats représentatifs à la SNCF et la RATP pour mercredi, entraînant la prévision d’un trafic encore « très perturbé » le 8 mars sur les réseaux des deux entreprises de transports publics, comme elles l’ont annoncé lundi soir.
La grève va également se poursuivre au sein de la CGT-Energie, notamment à la raffinerie de Gonfreville (Seine-Maritime) où elle a été prolongée par le vote des syndiqués au moins jusqu’à jeudi, et à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), où l’arrêt de travail est prévu au moins jusqu’à vendredi.
A l’échelle nationale, l’intersyndicale, composée de huit syndicats aux histoires et stratégies de lutte différentes, doit se réunir en fin de journée au siège de Force ouvrière pour décider de la suite du mouvement.
La manifestation va s’élancer à Marseille
10:38 Tchat
Posez vos questions aux Décodeurs sur les dessous de la réforme des retraites
Que prévoit la réforme des retraites ? Quelles sont ses zones d’ombre ? Qu’est-ce qui a bougé depuis le début de son examen au Parlement ? Qu’est ce qui est susceptible encore d’évoluer ? Les journalistes du service des Décodeurs du Monde répondent dès 11 heures à vos questions sur le sujet.
Pour nous aider à identifier vos contributions merci de mettre le mot « tchat » au début de votre question !
« Je manifeste mais je ne fais pas grève », témoigne Abdou Chakour Hassani Bacari, ouvrier de 38 ans à La Réunion
Dans son petit camion benne, Abdou Chakour Hassani Bacari se trouve dans l’embouteillage et sous le soleil étouffant depuis plus de quatre heures. « Fatigué mais pas en colère », rigole cet ouvrier de 38 ans d’une société de pompes funèbres, bloqué devant le barrage du rond-point de Gillot à l’entrée est de Saint-Denis.
« Je soutiens les grévistes car je suis concerné, clame fièrement Abdou Chakour qui n’a pas encore renoncé se rendre au cimetière de Commune Prima. Je manifeste mais je ne fais pas la grève ». Impossible pour lui de se priver d’une journée de salaire. Père de deux enfants d’un et de trois ans qu’il élève seul, il touche un salaire de 1 300 euros par mois. « Mi lé avec zot, nou lé tout ansamb », lance-t-il en créole pour témoigner de sa « solidarité » (« Je suis avec eux, nous sommes ensemble », ndlr).
A 38 ans, l’ouvrier sait qu’il touchera une petite retraite en raison de son faible niveau de cotisations. Arrivé de Mayotte en 2014, il a commencé à travailler à La Réunion entre 2015 et 2016. Puis Abdou Chakou Hassani Bacari s’est retrouvé au chômage avant de « gagner [obtenir, ndlr] un travail en 2022 ». L’ouvrier sait qu’il lui sera « difficile » de creuser des caveaux ou de manipuler des pierres tombales jusqu’à 64 ans.
Enseignant en primaire dans une école des quartiers est de la ville de Marseille, Yann Mathiot, 56 ans, s’est posté de sa propre initiative à l’angle de la Canebière. Gilet CFDT sur le dos, il agite le drapeau orange du syndicat, renseigne ceux qui cherchent le point de départ de la manifestation, prévue à 10 h 30 sur le Vieux-Port et les enjoint à signer la pétition « Stop 64 ! ».
« Je suis pour durcir le mouvement, bloquer les carrefours, distribuer des tracts… » explique-t-il. Ce matin, le professeur marseillais s’attend à voir plus de monde que lors des dernières journées de mobilisation. « Dans mon école, neuf enseignants sur douze sont en grève. Les vacances n’ont pas tué l’opposition à la réforme » assure-t-il. Pour lui, la suite du mouvement dépend de la manifestation du jour et il promet : « Si aujourd’hui, c’est une réussite, jeudi, je serais à nouveau en grève ».
« Après les manifs, on est juste derrière. En un claquement de doigts, Paris doit être propre », témoigne Yolan, 34 ans, l’un des éboueurs mobilisés devant l’incinérateur de déchets d’Ivry
« Le plus pénible, c’est d’être dehors toute l’année, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente », explique Yolan, 34 ans, éboueur à la Ville de Paris, qui se relaie depuis lundi avec ses collègues, sous une grande tente blanche devant l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).
Plus grande usine de traitement des déchets d’Europe, elle réceptionne les ordures d’une partie des arrondissements de Paris et de treize communes voisines. Certains salariés ont passé la nuit là, sur des lits de camp. Yolan travaille « à la fonctionnelle », une équipe de 300 agents qui intervient sur les événements (marathon, semi-marathon, manifestations, marchés), ou encore sur le boulevard périphérique, nettoyé trois nuits par semaine, par tronçon de sept kilomètres.
« Après les manifs, on est juste derrière. En un claquement de doigts, Paris doit être propre ». Lui travaille de nuit, de 21 h 30 à 5 h 20 et avance : « On a une reconnaissance de pénibilité, c’est pour cela qu’on peut partir à 57 ans. Mais après 17 ans de service, on ne touche que 500 euros, donc tout le monde prolonge ». Son collègue le plus âgé a 64 ans et « il ne peut plus balayer, il est cassé de partout, mais continue en faisant l’entretien des locaux. Il n’a pas le choix, il a des enfants et des petits-enfants ». Yolan vit lui seul, mais constate que son plein de courses hebdomadaire est passé « de 40 euros à 75 euros ».
Emeline Cazi
A 80 ans, Philippe, habitant de Saint-Denis, barre la route « par solidarité »
Octogénaire filiforme, petit chapeau sur la tête, Philippe n’a eu aucun mal à effectuer dix kilomètres, avec ses tongs aux pieds, pour rejoindre depuis chez lui le rond-point de Gillot à l’entrée est de Saint-Denis. Là, sur la quatre-voies de la nationale 2, desservant l’aéroport Roland-Garros, un barrage filtrant est installé.
Entre 600 et 800 personnes ont répondu à l’appel de l’intersyndicale pour une « journée Ile morte ». Les véhicules passent au compte-goutte. L’ambiance est jugée « bon enfant » par les forces de l’ordre. Si son fils de 24 ans ne s’est pas déplacé, Philippe est lui venu « par solidarité et pour répondre à l’appel à la grève ». Cet ancien ouvrier du bâtiment est parti en retraite à 60 ans, sans avoir une carrière pleine car il « n’était pas déclaré tout le temps ». Comme la moitié des retraités réunionnais, il touche une pension de moins de 850 euros par mois. Ils sont ceux qui perçoivent les retraites les plus faibles de France, selon l’Insee.
Philippe confie pudiquement ne pas arriver à boucler la fin du mois, « même en ne faisant qu’un repas par jour ». « Ça me suffit, je fais avec », lance-t-il, refusant de se plaindre. Mais pour lui, « Macron n’en a rien à faire des retraités ». « Après deux mandats, il sera tranquille », se désole l’habitant de Saint-Denis qui avait déjà participé à des barrages pendant la grève des gilets jaunes.
L’octogénaire est farouchement opposé au travail jusqu’à 64 ans. Il pense aux « infirmières de permanence la nuit ». Et à tous ceux qui travaillent sur des chantiers. « Porter des sacs de ciment, c’est dur. Tourner le ciment avec une pelle, c’est dur aussi. Surtout à plus de 60 ans ». Le blocage des routes qui paralyse aujourd’hui La Réunion est légitime, estime-t-il : « Il faut bien faire entendre notre voix au gouvernement. Le peuple a le droit de parole face au pouvoir qui persiste et utilise le 49-3 ».
Craint-il des actes de violences comme lors des manifestations en marge des gilets jaunes et des barrages de route dans l’île ? « Il n’y a aucune violence si on ne nous tire pas dessus », répond fermement Philippe.
Que se passe t’il au niveau des établissements scolaire ?
Bonjour. Dans l’éducation nationale, plus de 60 % des enseignants du premier degré étaient annoncés en grève ce mardi, d’après les prévisions du premier syndicat du primaire (SNUipp-FSU), diffusées lundi. Le taux de grévistes le plus élevé chez les enseignants date jusqu’ici du 19 janvier, avec 42,35 % dans l’élémentaire et 34,66 % dans le secondaire, selon le ministère de l’éducation.
Côté secondaire, les personnels éducatifs n’ont pas l’obligation de se déclarer en grève 48 heures avant : nous n’avons donc pas de prévisions disponibles. Mais les chiffres sur le nombre de grévistes du ministère de l’éducation seront communiqués la mi-journée et nous vous les communiquerons ici !
« Un éboueur a douze ans d’espérance de vie de moins, par rapport à un travailleur sédentaire », témoigne Christophe Farinet, 50 ans
Les éboueurs de la Ville de Paris ont entamé un mouvement de grève reconductible en bloquant l’entrée de l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, – le plus grand d’Europe.
Le mouvement a commencé dès lundi, « au lendemain du week-end, le jour de la plus grosse collecte », explique Christophe Farinet, secrétaire général adjoint CGT de la filière traitement des déchets, nettoiement, eau, égout, assainissement, jour où 4 000 tonnes d’ordures doivent être normalement ramassées.
Agent supérieur d’exploitation dans le 14e arrondissement, il a plus de 23 ans d’ancienneté à la propreté de la ville et témoigne :
« Quand j’ai commencé, on partait à 60 ans, avec 37 ans et demi de cotisation. C’est passé à 62 ans et 43 ans d’annuités. Et maintenant, ils voudraient 64 ans, et 44 années de cotisation, alors qu’un éboueur, à cause des gaz qu’il respire derrière les camions, des charges lourdes à porter, des horaires décalés, a douze ans d’espérance de vie de moins, par rapport à un travailleur sédentaire. Pour les égoutiers, qui respirent des gaz toxiques, c’est même dix-sept ans de moins ! »
Un éboueur de la Ville de Paris peut partir à la retraite à 57 ans, un égoutier, à 52 ans, « mais comme on augmente sans cesse le nombre d’annuités, très peu partent à cet âge », poursuit Christophe Farinet. « Beaucoup de collègues meurent en activité de cancer, crise cardiaque, ou AVC [accident vasculaire cérébral] », déplore-t-il.
Ce mardi sera « une journée de mobilisation très puissante », selon Laurent Berger (CFDT)
« On est à l’aube d’une journéede mobilisation qui sera très puissante. On fera le bilan ce soir mais ça montre que cette réforme est rejetée par les citoyens et le monde du travail », a fait valoir ce matin le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, invité de LCI. Un moyen de rejeter les allégations de blocage « de la France qui travaille », lancées par le gouvernement à l’encontre de l’intersyndicale.
Il fait le pari que cette journée « sera réussie », « aussi bien, voire mieux que le 31 janvier dernier », avançant : « Il y a 320 points de rassemblements et des manifestations là où il n’y en avait jamais eu ».
Au sujet de la reconduction de la grève dans certains secteurs, le chef de file du syndicat réformiste a ajouté : « Que certains secteurs professionnels qui ont leur propre culture syndicale, ou par opposition parfois au sein de leur propre organisation puissent faire des choses différentes, ça existe. Mais la grande majorité sera appelée à de nouvelles initiatives ».
Blocage « symbolique » à l’université de Nanterre : « Il est temps, maintenant, de passer à l’addition des luttes »
Quelques dizaines d’étudiants de l’université de Nanterre ont bravé la parcimonie des transports mardi matin pour se retrouver devant les bâtiments plantés contre la gare RER. Piochant parmi les poubelles et grilles de chantier présentes sur le campus, ils ont rapidement bloqué les entrées de plusieurs facultés. Une action surtout « symbolique » : peu de jeunes sont venus suivre les cours en présentiel, l’université ne relevant pas les absences. Une mesure déjà appliquée lors de précédentes journées de mobilisation contre la réforme.
« On a bien vu que les grèves perlées en janvier et février n’ont en rien fait plier le gouvernement, souffle Bart Piron, 24 ans, étudiant en master d’histoire et trésorier du syndicat étudiant UNEF. Tout est bon pour faire pression sur l’exécutif, et surtout donner de la motivation aux travailleurs qui se sacrifient pour la cause. Il est temps, maintenant, de passer à l’addition des luttes. »
Des barbecues et ventes de gâteaux ont été organisés ces dernières semaines pour abonder une caisse de grève à destination de sous-traitants du site et de salariés du Crous mobilisés. Des enseignants ont aussi promis de mettre au pot.Ce mardi, tous ont déjà la tête au lendemain : un blocage massif, et non plus « symbolique », de l’université mercredi a été voté lundi lors d’une assemblée générale. Avec l’envie de maintenir portes closes jusqu’à « l’abandon » du gouvernement. Une autre réunion est déjà prévue mercredi matin pour décider la poursuite du mouvement, afin d’« assurer un combat durable, à tout prix. »
La solidarité avec les travailleurs et les futurs « vieux » concernés par la réforme tient de l’évidence pour ces étudiants mobilisés. « Les grèves jusque-là isolées n’étaient qu’un tour de chauffe, nécessaires car elles ont permis d’alimenter la mobilisation et de montrer que le soufflé ne retombait pas, constate Florent, 24 ans et en thèse d’économie. Désormais, le débat ne se fait plus que dans la rue et doit concerner tout le monde ». Noa, 23 ans, étudiante en histoire de l’art et archéologie, ajoute : « Et surtout, il ne faut pas laisser Macron en roue libre. On a bien vu ces dernières années ce dont il était capable contre nous, de la sélectivité discriminatoire en master à l’augmentation des frais pour les étudiants étrangers. »
L’incinérateur d’Ivry bloqué ce matin
Bonjour. Toutes les raffineries sont bloquées… combien de jours avant de de pas avoir d’essence dans les stations ?
Bonjour 62,
Les huit raffineries de France métropolitaine sont en effet touchées ce mardi par un blocage des expéditions de carburants, du fait du mouvement social contre la réforme des retraites. Et pour l’instant, la CGT-Energie a annoncé que la grève doit être reconduite au moins jusqu’à jeudi à la raffinerie de Gonfreville (Seine-Maritime), la plus grande de France, tandis qu’elle doit s’allonger au moins jusqu’à vendredi à celle de Donges (Loire-Atlantique).
Mais la direction du groupe TotalEnergies a souhaité rassurer lundi les consommateurs en assurant qu’il n’y avait à ce stade « pas de manque de carburants » dans ses stations, ajoutant que « les stocks en dépôts et en station-service sont à un niveau élevé ». Elle a aussi assuré que ses équipes sont mobilisées « pour faire face à une demande qui pourrait être plus soutenue que d’habitude », en raison des anticipations des consommateurs et disposent « de moyens logistiques supplémentaires le cas échéant ». Il en va de même pour les autres fournisseurs.
A ce stade, des pénuries, comme nous en avons connu à l’automne dernier, ne sont donc pas annoncées. Mais elles pourraient survenir si le mouvement social s’étale sur la durée dans les raffineries et dépôts pétroliers.
Et au Monde, et plus largement dans les médias, vous faites grève ?
Comme dans n’importe quelle entreprise, les salariés du Monde qui le souhaitent peuvent exercer leur droit de grève à titre individuel. Le journal du Monde daté du mercredi 8 février ne paraîtra pas en kiosque ce mardi, comme plusieurs autres titres de presse. Sa version électronique restera consultable sur Lemonde.fr ainsi que l’ensemble des articles de la rédaction.
S’agissant des autres médias, comme nous l’avons souligné précédemment dans ce live, un mouvement de grève conjoint dans les imprimeries des deux grands journaux de la région Provence-Alpes-Cote d’Azur a empêché la sortie de La Provence et de Nice-Matin dans leur version papier du 7 mars. Autre exemple, en raison d’un appel à la grève de l’ensemble des organisations syndicales représentatives en son sein, Radio France ne diffuse pas l’ensemble de ses programmes habituels ce mardi.
Sur les sites pétroliers de TotalEnergies, 64 % de grévistes ce mardi et la mise à l’arrêt des expéditions
Le groupe TotalEnergies a confirmé que les expéditions de pétrole sont arrêtées mardi sur l’ensemble de ses sites en France, en raison du mouvement de grève pour protester contre le projet de réforme des retraites, via un de ses porte-parole, confirmant la revendication faite plus tôt par la CGT.
Sur les 296 opérateurs du groupe postés mardi matin sur les sites, 64 % d’entre eux étaient en grève, a-t-il précisé, ajoutant que la raffinerie de Gonfreville (Seine-Maritime) est entièrement bloquée. Sur ce site, la grève doit durer au moins jusqu’à jeudi, a fait savoir à Reuters Eric Sellini, coordinateur CGT du groupe TotalEnergies. A la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), l’arrêt de travail est prévu au moins jusqu’à vendredi, a-t-il par ailleurs précisé.
La raffinerie de Normandie de Gonfreville comptait 75 % de grévistes parmi les opérateurs du matin, tandis que la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) en comptait 90 % et la raffinerie d’Esso-ExxonMobil de Gravenchon (Seine-Maritime) seulement 40 %. Au dépôt de TotalEnergies de Madryck, près de Dunkerque, « 100 % du personnel posté est en grève », a affirmé pour sa part Force Ouvrière.
La CGT a également fait savoir que les deux raffineries Esso (groupe Exxon Mobil) à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime) et à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) étaient en grève avec pour conséquence l’arrêt des livraisons de carburant pour au moins 24 heures reconductibles.
La CFE-CGC appelle de nouveau le président et le gouvernement à retirer la réforme
« Si le président [de la République]retire son texte, c’est lui qui sort par le haut. Cela ouvre le quinquennat sur des perspectives de discussions sur, pourquoi pas, d’autres réformes pour faire avancer la société », a fait valoir sur Public Sénat ce matin François Hommeril, président de la CFE-CGC, syndicat des cadres, partie prenante de l’intersyndicale opposée à la réforme des retraites.
Questionné sur ses attentes face à la sixième journée de mobilisation qui commence, M. Hommeril a ajouté qu’« une mobilisation réussie ça ne se mesure pas que le jour de la mobilisation », mais aussi dans la façon dont elle se prépare en amont et se répercute après. Il constate en tout cas pour son syndicat des remontés de « forte volonté de participer à cette journée » d’action. « Je pense que la barre du million sera dépassée. On va avoir une mobilisation du même niveau que la [première et] plus forte journée, [tenue] à la fin du mois de janvier », a-t-il ajouté, plus nuancé sur la question des projections que son allié de FO contre la réforme des retraites un peu plus tôt.
08:17 Pour approfondir
Pour le gouvernement, « la vraie bataille, c’est la durée » du mouvement social après le 7 mars
Le gouvernement s’attend à vivre un scénario cauchemar décrit comme « très dur », près de deux mois après avoir présenté sa réforme des retraites : la grève nationale du mardi 7 mars, et sa répétition des jours durant dans plusieurs secteurs.
La « mise à l’arrêt » reconductible dans les transports, les raffineries et les centrales nucléaires pourra « mettre l’économie à genoux », ont même menacé des fédérations de la CGT. De quoi saisir le pouvoir d’une angoisse de pénuries et d’ennuis en cascade, vecteurs d’enlisement politique. « Il y a le 7, mais surtout l’après-7 », résume Clément Beaune, ministre des transports. « La vraie bataille, c’est la durée : l’enjeu n’est pas que la démonstration de force du 7, mais le 8, le 9, le 10… », pressent Stanislas Guerini, son collègue chargé de la fonction publique.
Un article de notre journaliste Ivanne Trippenbach, à retrouver ici :
Lire aussi : Réforme des retraites : avant la mobilisation du 7 mars, le gouvernement fébrile face au « blocage » annoncé
Les quotidiens régionaux « La Provence » et « Nice-Matin » absents des kiosques ce mardi
Un mouvement de grève conjoint dans les imprimeries des deux grands journaux de la région Provence-Alpes-Cote d’Azur a empêché la sortie de La Provence et de Nice-Matin dans leur version papier mardi 7 mars.
Selon un communiqué commun de trois syndicats – Filpac-Cgt, CFDT et chambre syndicale typographique niçoise – l’action vise en premier lieu à faire savoir que les salariés des deux groupes de presse « rejettent la réforme des retraites ». Mais elle est aussi, écrivent-ils, « l’occasion d’envoyer un signe fort aux deux actionnaires respectifs Rodolphe Saadé et Xavier Niel alors qu’un projet industriel se dessine ». Le propriétaire de La Provence et celui de Nice-Matin (Xavier Niel, actionnaire à titre individuel du Monde) prévoient de créer, avant 2025, une imprimerie commune aux deux titres.
Frédéric Souillot (FO) fait le pari des « 2 millions de personnes dans la rue »
Le secrétaire général de Force Ouvrière (FO) Frédéric Souillot était l’invité de RTL ce matin. « Je pense qu’on va mettre plus de 2 millions de personnes dans la rue », a-t-il déclaré, en assurant : « Nous allons aller jusqu’au retrait de cette réforme ». Il a ajouté que « la reconduction [de la grève]ce sont les grévistes qui la décident », par secteurs et sections, et précisé que l’intersyndicale se réunissait ce soir, comme à chaque fin de journée de mobilisation, pour décider des suites de la mobilisation.
M. Souillot a par ailleurs de nouveau appelé à « un éveil de conscience du gouvernement » face à l’impopularité de la réforme. Et il a rétorqué à la première ministre Elisabeth Borne, qui a jugé que l’utilisation de l’expression « mettre la France à genoux » était « grave » et « pas responsable », ainsi qu’à Olivier Véran, porte-parole du gouvernement qui a estimé la semaine passée que « mettre la France à l’arrêt » serait « prendre le risque d’une catastrophe écologique, agricole ou sanitaire », en raillant :
« Je ne peux pas être d’accord avec Elisabeth Borne et je peux lui répondre que son porte-parole du gouvernement accuse les organisations syndicales des sept plaies d’Égypte. J’espère qu’on n’aura pas une pluie de grenouilles ou de sauterelles demain matin. Elisabeth Borne elle trouve de la gravité, mais la gravité c’est de ne pas retirer cette réforme alors que les Français n’en veulent pas ».
07:48 Pour approfondir
Pendant ce temps, les débats sur la réforme des retraites s’accélèrent au Sénat
A quelques heures du début de la mobilisation syndicale, les sénateurs ont accéléré l’examen de la réforme des retraites dans la nuit de lundi 6 à mardi 7 mars. Sous la présidence de Gérard Larcher, qui a pris place au Plateau vers 1 h 30 du matin après une suspension de séance où les groupes ont entériné la prolongation des discussions, le Palais du Luxembourg a adopté sans heurts les articles 3, 4 et 5 du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale.
Alors que l’Assemblée nationale n’avait pas abordé l’élément central de cette réforme, l’article 7, qui consacre le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, les sénateurs devraient débuter son examen mardi en fin d’après-midi. Les discussions dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg reprennent à 14 h 30.
Un décryptage de nos journalistes parlementaires Mariama Darame et Jérémie Lamothe :
Lire aussi : Retraites : le Sénat accélère les discussions et vise un examen du report à 64 ans dès aujourd’hui
La CGT annonce le blocage des expéditions de carburants dans toutes les raffineries de France
Les expéditions de carburants étaient bloquées à la sortie de « toutes les raffineries » mardi matin, afin de protester contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, a affirmé à l’Agence France-Presse la CGT-Chimie.
« La grève est partie partout, (…) avec des proportions de grévistes très variables en fonction des sites, mais avec des expéditions bloquées en sortie de toutes les raffineries ce matin », a déclaré Eric Sellini, élu national de la branche du syndicat. Selon lui, toutes les raffineries de TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos sont donc affectées par le mouvement social.
Les accès à la zone industrielle du Havre, sur laquelle est implantée la raffinerie TotalEnergies de Normandie, la plus grande de France qui comptait 75 % de grévistes sur le premier quart selon la CGT, sont notamment bloqués depuis 5h45, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse.
Barrages filtrants en cours à La Réunion : « On casse un peu dans le paysage », s’amuse Antonin, 18 ans
A La Réunion, la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites prend la forme de barrages filtrants sur des ronds-points partout sur l’île. Dès 5 heures ce matin (2 heures heure de Paris), la circulation était en partie bloquée sur les principaux axes de circulation du département pour cette opération « île morte » voulue par l’intersyndicale locale.
Sur le pont Vinh San, à l’une des deux entrées ouest de Saint-Denis, Lucas Ah-Son, 20 ans, et Antonin Lamorlette, 18 ans, étudiants en classe prépa d’un lycée privée, ainsi que deux amies, se sont joints aux manifestants de la CFDT. Une opération de tractage inédite pour tous les quatre. « Nous sommes jeunes mais cette réforme nous concerne nous et nos parents, lance Lucas Ah-Son avec un drapeau aux couleurs du syndicat dans les mains. Tôt ce matin, ce sympathisant La France insoumise a rejoint le local syndical de la CFDT situé à côté de son lycée parce qu’il « voulait aider ». « Dans les années 80, Mitterrand avait fixé la retraite à 60 ans, observe Antonin. Tout le monde pensait que l’évolution logique de la société était de travailler moins. Là, c’est l’inverse. Il faut laisser les gens fatigués partir, avec une retraite digne ».
Les deux étudiants rejoignent un cortège d’une vingtaine de véhicules pour une opération escargot vers le centre de Saint-Denis. « Nous sommes là pour nous faire entendre, argumente Lucas, face à la violence symbolique du gouvernement minoritaire qui veut imposer un projet rejeté par une majorité ». Lucas et Antonin s’installent à l’arrière d’une voiture conduite par un militant quadragénaire. Ils sont les seuls étudiants sur place. « C’est sûr, on casse un peu dans le paysage », sourit Antonin.
Bonjour, A Amiens la couronne amiénoise est également bloquée ou filtrée (sur tous les axes et notamment les zones industrielles sud et nord), un blocage débute sur le boulevard central de la ville à côté de la gare.
Bonjour Charles,
Merci pour votre message. Nous avons effectivement vu que des blocages routiers étaient aussi en cours à Amiens et dans plusieurs autres villes du territoire que Rennes. D’ailleurs, le député « insoumis » de la Somme, François Ruffin, est présent sur l’un des points de blocage, situé dans la zone industrielle d’Amiens-Nord, depuis l’aube, aux côtés des représentants syndicaux locaux et de membres de son mouvement « Picardie debout ! » .
07:16
Les syndicats jouent leurs dernières cartes et amplifient la mobilisation pour dire « stop » au gouvernement
Manifestations « historiques », grèves reconductibles, mais aussi ronds-points occupés : les syndicats vont essayer de mettre la France « à l’arrêt » mardi, jouant leur va-tout face au gouvernement, à quelques jours d’une probable adoption de la réforme au Sénat.
Une France à l’arrêt, « c’est évidemment mauvais pour nos concitoyens », et « les premiers pénalisés, quand on a des grèves, ce sont les Français les plus modestes », a critiqué lundi soir la première ministre Elisabeth Borne, défendant sur France 5 une réforme qui assurera la pérennité d’« un des piliers de notre modèle social ».
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a lui prédit lundi une « journée de mobilisation extrêmement puissante » et appelé le président de la République à « ne pas rester sourd ». « On peut faire plus fort que le 31 janvier qui était déjà la plus grosse journée de mobilisation depuis le début des années 1990 », a-t-il affirmé. Solidaires espère aussi un « tsunami social » qui amène le gouvernement à reculer sur la mesure emblématique de la réforme, le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Cette sixième journée depuis le lancement de la contestation marquera le lancement ou la poursuite de grèves reconductibles dans plusieurs secteurs, des transports aux raffineries en passant par l’énergie, le commerce ou les déchets.
Plus de 300 manifestations sont prévues sur l’ensemble du territoire, un record depuis le début de la contestation sociale le 19 janvier. La manifestation parisienne s’ébranlera à partir de 14 heures de Sèvres-Babylone, en direction de la place d’Italie.
L’intersyndicale attend des manifestations historiques mardi, et envisage déjà la poursuite du mouvement de contestation
Ils veulent une mobilisation « inoubliable » dans le but de « faire plier » l’Elysée et le gouvernement. Cette nouvelle démonstration de force, prévue mardi, vise à « mettre la France à l’arrêt » durant vingt-quatre heures, tout en enclenchant un deuxième cycle dans la contestation : au-delà des manifestations, qui s’annoncent imposantes, des arrêts de travail, déjà en cours dans certains secteurs comme celui de l’énergie, sont programmés et susceptibles de s’inscrire dans la durée.
Une analyse prémobilisation de notre journaliste Bertrand Bissuel à retrouver ici :
Lire aussi : Réforme des retraites : les syndicats se préparent à des grèves reconductibles
Premiers blocages routiers en cours près de Rennes
Plusieurs manifestants bloquent depuis la nuit un important axe routier de la ville Rennes (la route nationale 24 dite route de Lorient), a constaté sur place l’Agence France-Presse (AFP), ce qui constitue l’une des premières actions de blocage de la nouvelle journée de mobilisation.
Selon un vidéaste de l’AFP présent sur place, la situation est tendue et une intervention des forces de l’ordre est en cours. Une cinquantaine de CRS sont présents sur les lieux, ainsi que des pompiers, tandis que de nombreux foyers d’incendie sont visibles dans la zone. La route est jonchée de plusieurs tables, de chaises ou encore de caddies bloquant la circulation et l’accès.
« Sur les routes de Rennes, au port de Gennevilliers, sur les ronds-points de Rouen, dans les centrales : la veillée de la grève du 7 mars a déjà commencé », a écrit la CGT sur son compte Twitter, en diffusant des photos.
Sur des images publiées sur les réseaux sociaux, on peut voir des barricades installées, avec des palettes de bois enflammées et des poubelles, ainsi que des pancartes appelant à la grève, et des camions bloqués derrière.
Bison Futé a fait savoir plus tôt qu’en raison d’une « manifestation sociale impliquant environ cent cinquante personnes », en cours « depuis 1 heure », la RN 24, non loin du Roazhon Park où le Stade rennais dispute ses rencontres, était « fermée » à « tous les véhicules » dans les deux sens de circulation, la durée de l’événement étant « indéterminé ». « Depuis la rocade de Rennes en extérieur et intérieur, l’accès à la RN 24 en direction de Lorient est fermé. Depuis la RN 24 en arrivant de Lorient, la RN 24 est également fermée », stipule le message transmis vers 4 heures aux médias.
Les mobilisations et perturbations prévues mardi selon les secteurs
L’objectif de l’intersyndicale de ce mardi est clair : mettre « la France à l’arrêt » pour faire plier le gouvernement sur la réforme des retraites. Voici le point sur les principales mobilisations et perturbations attendues :
Transports
- Les routiers viennent de rejoindre le mouvement de mobilisation, certains syndicats comme Force Ouvrière-UNCP ayant appelé à se mobiliser dès dimanche soir en organisant des blocages de plateformes logistiques, de zones industrielles et des opérations escargots autour des grandes métropoles. Des barrages filtrants ont par exemple provoqué dès lundi matin ralentissements et bouchons près de Lille ou Rouen. Des opérations de ce type doivent se démultiplier ce mardi.
- Du côté des trains, la SNCF a annoncé une circulation « très fortement perturbée ». Seul un TGV sur cinq circulera, idem pour les TER, tandis que les Intercités seront quasiment à l’arrêt et que deux trains sur trois circuleront en moyenne sur les liaisons internationales Thalys et Eurostar. A Paris, la circulation des métros et du RER sera restreinte sur la plupart des lignes principalement aux heures de pointe, excepté les lignes automatiques 1 et 14 et la ligne 4 (deux métros sur trois). Les RER se compteront entre un train sur deux et un train sur trois côté RATP, et entre un sur trois et un sur cinq côté SNCF.
- Dans les airs, l’administration a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols mardi et mercredi, de 20 % à Paris-Charles-de-Gaulle et de 30 % à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse. Air France prévoit d’assurer près de 8 vols sur 10, dont la totalité de ses vols long-courriers, sans toutefois exclure « des retards et des annulations de dernière minute » .
- Les éboueurs, qui dépendent entre autres de la branche des transports, sont eux aussi appelés à la grève reconductible par la CGT. A Paris, les poubelles n’ont pas été collectées dans quatre arrondissements lundi, tandis qu’un des trois incinérateurs autour de la capitale, situé près d’Ivry, est bloqué depuis le même jour par des agents de la ville (70 selon la préfecture de police).
Industrie et énergie
Dans l’énergie, le mouvement a démarré dès vendredi à l’appel de la CGT, en raison du vote par le Sénat de l’article 1 du texte sur la suppression des régimes spéciaux pour les nouveaux entrants, dont celui des énergéticiens.
- Des baisses de production touchent ainsi de nombreuses centrales nucléaires depuis dimanche et sont à prévoir chez EDF. Le mouvement dans le secteur « a vocation à s’étendre », « a minima jusqu’au 7 et a maxima jusqu’à la gagne », avait averti samedi la CGT Énergie, promettant « une semaine noire » avec coupures ciblées, blocages, occupations, et toujours « des opérations Robin des bois » à destination de la population.
- Trois des quatre terminaux méthaniers qui permettent d’importer du gaz naturel liquéfié (GNL) en France ont été mis à l’arrêt pour « sept jours », a fait savoir lundi soir la section CGT de l’opérateur de terminaux Elengy.
- Dans les raffineries, la CGT a également appelé à la grève reconductible avec pour objectif de « bloquer l’ensemble de l’économie », au niveau de la production, de la distribution et de l’importation de carburant. Dans un premier temps, les grévistes entendent bloquer les expéditions des raffineries vers les dépôts. Si le mouvement venait à durer, il pourrait entraîner l’arrêt de raffineries.
- Dans l’industrie, toute la branche pétrole et chimie est par ailleurs appelée à faire grève, y compris dans le secteur pharmaceutique, et chez les avitailleurs, chargés d’alimenter les avions en carburants. L’appel à la grève touche aussi mardi l’ensemble du secteur métallurgique, une première depuis le 19 janvier.
Éducation
- La Snuipp-FSU, premier syndicat du premier degré, prévoit plus de 60 % de grévistes mardi dans les écoles maternelles et élémentaires. Contrairement aux professeurs du primaire, les enseignants du second degré ne sont eux pas tenus de se déclarer en grève 48 heures avant. Mais les perturbations s’annoncent fortes dans l’ensemble des niveaux, les syndicats ayant appelé à « fermer totalement les écoles, collèges, lycées et services » et la journée d’action se tenant au lendemain des vacances scolaires dans l’ensemble du territoire.
- Des blocages sporadiques par des lycées et facultés sont également attendus, même si la mobilisation étudiante peine à décoller depuis le début le 19 janvier. Les organisations de jeunesse ont appelé à « durcir le mouvement » avec une journée de mobilisation spécifique le 9 mars.
Commerce et construction
- Les fédérations CGT de la construction et du commerce entrent dans la danse du mouvement social mardi, après avoir rejoint l’appel interprofessionnel à la grève reconductible. Mais la mobilisation s’y annonce plus incertaine que dans d’autres secteurs.
Bienvenue dans ce direct !
Bonjour à tous et bienvenue dans ce direct consacré à la sixième journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites depuis le 19 janvier, organisée à l’appel de l’intersyndicale (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, UNSA, Solidaires, UNEF et CE, FIDL, UNL).
Prévue depuis un mois et se déroulant au lendemain de la fin des vacances scolaires sur l’ensemble du territoire, cette journée d’action unitaire doit permettre de marquer un nouveau tournant stratégique dans la mobilisation et lui donner un nouveau souffle. Lors de la précédente journée d’action, le 16 février, entre 440 000, selon le ministère de l’intérieur, et 1,3 million de personnes, selon la CGT, avaient manifesté dans le pays, soit la plus faible participation enregistrée depuis le début du mouvement de contestation sociale.
Les syndicats de salariés ont promis de mettre « la France à l’arrêt » ce mardi et possiblement dans les jours à venir, en ouvrant la porte à une reconduction du mouvement dans plusieurs secteurs. Afin de faire reculer le gouvernement sur le report de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, ils espèrent voir la mobilisation grossir dans la rue mardi grâce aux salariés de l’ensemble des secteurs, et misent aussi sur le démarrage anticipé des grèves depuis la fin de semaine dernière dans les secteurs clefs, comme l’énergie ou encore les transports, pour amplifier le mouvement.
Juliengmst