Alors que le mot d’ordre des opposants à la réforme des retraites est de « mettre la France à l’arrêt », le gouvernement, lui, invite au « télétravail ».
RÉFORME DES RETRAITES – La mobilisation se prépare avant une nouvelle semaine cruciale pour les opposants à la réforme des retraites. Et elle s’annonce telle que le ministre des Transports Clément Beaune a pris les devants ce vendredi 3 mars, appelant tous les Français qui le peuvent à télétravailler le mardi 7 mars, date de la prochaine journée de manifestation et d’action contre le projet phare du second quinquennat Macron.
Le ministre recommande ainsi à « toutes celles et ceux qui ont la possibilité de télétravailler à s’en saisir », alors que les perturbations s’annoncent très importantes dans les transports publics la semaine prochaine. « On a vu lors des journées précédentes que les Français se saisissaient de ces nouveaux outils », a observé Clément Beaune devant la presse, à l’occasion d’un déplacement à Limoges.
Mais Clément Beaune n’a pas voulu se prononcer sur les jours suivants. « On a vu qu’il y a un appel à une grève reconductible, mais on ne peut pas dire comment ça va se passer encore. S’il y a une grève sérieuse, ce sera les mêmes messages », a-t-il précisé à l’AFP.
« Le 7, ça va être dur. Après, les gens n’ont pas besoin pour comprendre qu’il faut télétravailler », a-t-il remarqué. « Le 8, le 9… et plus si affinités ? J’espère que non », a dit le ministre. « On ne sait pas combien de temps ça peut durer, avec quelle intensité. »
Entre 1,1 et 1,4 million de manifestants attendus
Si le recours au télétravail a été vivement recommandé, cela n’empêchera pas les opposants à la réforme des retraites de se mobiliser une fois de plus mardi. Les renseignements territoriaux indiquent à ce titre qu’entre 1,1 et 1,4 million de personnes sont attendus en France, selon une note consultée par BFMTV et LCI.
À Paris, ce sont entre 60 000 et 90 000 manifestants qui devraient battre le pavé pour cette nouvelle journée de grève. La note des renseignements territoriaux évoque d’ailleurs entre 400 à 800 gilets jaunes, et entre 300 et 500 « éléments radicaux ».
En dehors de la capitale, c’est à Nantes que la mobilisation devrait être la plus forte, avec 32 500 manifestants attendus, contre 30 000 à Lyon et Toulouse. 20 000 personnes sont également attendues du côté de Marseille, Grenoble, Clermont-Ferrand ou Rennes.
À titre de comparaison, la grève du 31 janvier contre cette même réforme souhaitée par Emmanuel Macron avait entraîné la mobilisation d’1,2 million de manifestants dans toute la France, selon les chiffres officiels. La CGT, elle, revendiquait près de trois millions de personnes mobilisées dans l’Hexagone, dont 500 000 dans le seul cortège parisien.
Journée noire pour les transports
Tous les syndicats de la SNCF ont lancé un appel à la grève reconductible à partir du 7 mars contre la réforme des retraites. « Les grandes entreprises publiques dont la SNCF s’organisent au mieux mais il n’y a pas de miracle possible : quand il y a des grèves, il y a des impacts », a souligné à ce propos le ministre.
La RATP comme la SNCF doivent comme de coutume communiquer leurs prévisions de trafic 48 heures avant la journée de mobilisation, soit dès dimanche. Mais sans attendre, Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité chargée d’organiser les transports dans la région francilienne, a annoncé ce vendredi dans un communiqué des « perturbations majeures » dans les transports publics, appelant « tous les Franciliens qui le peuvent à télétravailler ».
IDFM a également remis en place un dispositif de subvention au covoiturage, qui sera gratuit pour tous les passagers.
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Dans les airs, la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de renoncer mardi 7 et mercredi 8 mars à une partie de leurs vols, en prévision de la grève des contrôleurs aériens. La DGAC a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols de 20 % à Paris-Charles-de-Gaulle et de 30 % à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse.
Début des grèves reconductibles
Mais avant un mardi crucial, la grève reconductible prévue dès lundi dans le secteur de l’énergie a finalement débuté avec un peu d’avance. Dès ce vendredi après-midi, des baisses de production d’électricité ont été constatées dans plusieurs centrales nucléaires.
Ce mouvement devait au départ démarrer lundi soir, en vue de mettre « la France à l’arrêt » mardi. Mais l’examen par le Sénat, attendu dès vendredi soir, voire samedi, de l’article 1 du projet de réforme de retraites portant sur la suppression des régimes spéciaux, dont celui des électriciens et gaziers, a mis le feu aux poudres. Le secteur craint en effet de voir disparaître ce régime et avec lui, à terme, son statut protecteur destiné à compenser notamment les contraintes horaires du métier.
Dans ces conditions, « les agents d’EDF dans les centrales nucléaires se mettent en grève et baissent dès cet après-midi la production d’électricité », a donc fait savoir la CGT ce vendredi.
Le site internet d’EDF répertoriait des baisses de charge dans plusieurs centrales : celles de Flamanville (Manche), Paluel (Seine-Maritime) et Saint-Alban (Isère) étaient touchées par des baisses équivalant au total à un peu plus de 1 000 MW, selon le site internet d’EDF, soit la puissance d’un réacteur nucléaire. Et le mouvement « a vocation à s’étendre », selon la CGT.
La mobilisation durera « a minima jusqu’au 7 et a maxima jusqu’à la gagne », a assuré Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la CGT Énergie. « On vient d’appeler à généraliser, y compris dans l’hydraulique. Ça va s’organiser aujourd’hui, ce soir et demain samedi », a-t-il ajouté. Preuve en est, puisque vendredi soir, la CGT a indiqué que « plusieurs centrales hydrauliques » étaient désormais « aux mains des grévistes », dont celle de Bort-les-Orgues (Corrèze), occasionnant une perte de puissance disponible de 235 MW, selon le site internet d’EDF.
Ces baisses de production, très encadrées par le gestionnaire du réseau de lignes à haute et très haute tension RTE, n’entraînent généralement pas de coupures pour les clients. Mais elles dénotent, à leur manière, de l’opposition à laquelle le gouvernement fait face concernant sa réforme.
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