On le savait, le 07 mars n’est qu’une étape dans la lutte. Le début d’un bras de fer. Ou d’une partie d’échecs. Sûrement un peu des deux.
Qu’importe le jeu, il apparaît clairement que cette journée a tourné à l’avantage de la rue et de ceux qui refusent cette réforme des retraites, et globalement le monde de Macron.
Victoire si l’on s’en tient au simple dogme des chiffres : la CGT annonce 3,5 millions de personnes dans la rue partout en France alors que le ministère de l’intérieur dénombre 1,28 millions de manifestants. Les estimations sont quoiqu’il en soit énormes et un record depuis le début de la mobilisation.
Victoire également sur l’ampleur de la grève, que ce soit dans le secteur privé ou public, avec de nombreux blocages de dépots, de routes ou d’établissements scolaires.
Maintenant, l’enjeu essentiel des prochaines heures (et prochains jours), va être de réussir à accompagner ceux qui vont continuer la grève dans leur secteur, notamment grâce à des blocages, des actions de sabotage ou des occupations.
Victoire enfin, et elle est sûrement plus inattendue, sur le terrain de la rue en elle-même. Notamment à Paris. Car depuis le début de ce mouvement, tout le monde avait constaté que la nouvelle stratégie de la préfecture, alliée à un manque d’imagination et de stratégie du cortège de tête et de toutes ses composantes, avait anesthésié les manifs parisiennes, massives mais inoffensives.
Ce 07 mars fût totalement différent. Le nombre de personnes dans le cortège de tête, mais aussi et surtout leur détermination et leur solidarité face aux attaques policières ont surpris le dispositif et rendu possible une liberté et une offensivité enfin retrouvée. Le tout dans une ambiance beaucoup plus festive, colorée et spontanée.
Ce qui a frappé lors de cette manifestation, c’est comment le point de bascule du rapport de force ne tient qu’à un fil. Car la police a usé de la même stratégie que les fois précédentes : charger à la moinde petite vitrine brisée. Sauf que cette fois, les manifestants n’ont pas couru de façon erratique et ont réussi à rester en bloc. Et à certains moments, ils ont même réussi à répliquer aux charges, avec des contre charges parfois très offensives, à base de pavés, bombes artisanales, feux d’artifice et gros pétards.
Résultat : à plusieurs reprises, les forces de l’ordre, y compris la BRAV, ont du reculer sous la pression des manifestants. A certains moments, la peur a même clairement changé de camp.
Cette image d’une partie de la rue qui décide de ne plus se laisser frapper, insulter et humilier est un peu une allégorie d’une partie du pays qui décide de réagir de la même façon face au pouvoir : arrêter de se faire marcher dessus, rester debout, et rester solidaires.
Ce n’est évidemment pas une victoire finale. Loin de là. Et la lutte s’annonce encore très longue et compliquée pour réussir à faire plier Macron, qui a fait de cette réforme une question de principe.
Mais ce qui s’est passé ce 7 mars ouvre la voie à une issue potentiellement favorable. En tout cas, un horizon plus excitant.
Reste à construire la suite.
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