Emmanuel Macron attendu dans l’Hérault pour parler éducation, au lendemain d’un retour chahuté sur le terrain
Au lendemain de sa première sortie après la promulgation de la réforme des retraites, où il a été pris à partie par des manifestants à plusieurs reprises, le chef de l’Etat est attendu en fin de matinée au collège Louise-Michel de Ganges.
Après l’Alsace mercredi, où il a été conspué par des manifestants à plusieurs reprises, Emmanuel Macron se rend à nouveau sur le terrain, jeudi 20 avril, dans le but de poursuivre son entreprise d’« apaisement » du pays après la validation de la réforme des retraites, qui s’avère jusqu’ici difficile. Il est attendu dès 11 heures dans l’Hérault, au collège Louise-Michel de Ganges, pour parler éducation lors d’une rencontre avec des professeurs, des élèves et des parents d’élèves.
Pour ce déplacement consacré à la préparation de la prochaine rentrée scolaire, le chef de l’Etat sera accompagné du ministre de l’éducation, Pap Ndiaye et de la secrétaire d’Etat chargée des anciens combattants et de la mémoire, Patricia Mirallès. Il doit être l’occasion pour le président d’aborder « trois axes » pour « poursuivre la transformation de l’école publique », selon l’Elysée.
Des promesses de campagne en partie décriées
Lors de son allocution télévisée lundi soir, M. Macron avait promis que l’école allait changer « à vue d’œil » dès septembre, avec des enseignants « mieux rémunérés », des élèves « davantage accompagnés » en français et en mathématiques notamment, et un « remplacement systématique des enseignants absents ».
L’ambition est claire, insiste l’Elysée : « Changer notre école, pour » renouer avec l’ambition d’être l’une des meilleures d’Europe. Ce qui pourrait se traduire, selon plusieurs sources macronistes, par des annonces sur la rémunération des enseignants, attendues depuis plusieurs semaines par la communauté éducative.
Dès la campagne présidentielle, M. Macron avait avancé deux pistes pour répondre au problème d’attractivité du métier : d’un côté une hausse « inconditionnelle » de 10 % des salaires, et de l’autre, une augmentation liée, en contrepartie, à de nouvelles missions pour les enseignants, appelée « pacte ».
L’idée a été accueillie avec circonspection sur le terrain, conduisant toutes les organisations syndicales à claquer la porte des négociations en mars sur le second volet des propositions, ces dernières refusant le principe du « travailler plus pour gagner plus ».
C’est « un outil déguisé en revalorisation », qui « exploite le fait que les collègues ne sont pas assez payés », a affirmé à l’Agence France-Presse Antoine Tardy, cosecrétaire académique du Syndicat national des enseignements de second degré de la Fédération syndicale unitaire (SNES-FSU) de Versailles, avant le déplacement de jeudi.
Le gouvernement va donner un « os à ronger aux parents d’élèves pour qu’ils croient que leur enfant va être suivi », réagissait Benoît Connétable, professeur de mathématiques au lycée Carnot et secrétaire Force ouvrière (FO) des lycées et collèges parisiens.
Climat de tension et de colère
Ce deuxième déplacement depuis la promulgation de la réforme des retraites dans la nuit de vendredi à samedi, après sa validation par le Conseil constitutionnel, doit permettre au chef de l’Etat de poursuivre son travail de terrain, dans le cadre du cap des « cent jours » qu’il s’est fixé, ainsi qu’à son gouvernement pour sortir le pays de la crise sociale.
Mais cette sortie s’annonce plus compliquée que prévue au regard du climat de tension et de colère qui règne dans le pays. Sera-t-il à nouveau accueilli par des huées et des sifflets, ainsi que des tintements de casseroles, comme mercredi à Muttersholtz et Sélestat (Bas-Rhin) ?
A la suite de l’épisode, ce dernier a répété vouloir garder le cap et faire avancer le pays, arguant : « Il faut entendre la colère, je ne suis pas sourd à celle-ci », mais « elle ne m’empêchera pas de continuer à me déplacer ». « La mission d’un président de la République n’est ni d’être aimé ni de ne pas être aimé, c’est d’essayer de faire bien pour son pays et d’agir », a-t-il ajouté.
Mais dans la région de Ganges, une commune de 4 000 habitants des contreforts des Cévennes, le représentant local de la Confédération générale du travail (CGT), Mathieu Guy, qualifie la visite du chef de l’Etat jeudi de « provocation », « qui ne répond pas à la question des retraites et vient se balader dans les campagnes pour parler d’autre chose ». « Visite éclair » et « stratégie de com », a lui aussi dénoncé le député La France insoumise (LFI) de la circonscription, Sébastien Rome.
En parallèle du déplacement du chef de l’Etat, et en attendant la grande mobilisation à laquelle les syndicats appellent de leurs vœux pour le 1er-Mai, des secteurs restent par ailleurs mobilisés jeudi. Les quatre syndicats représentatifs de la SNCF ont notamment appelé à une « journée d’expression de la colère cheminote », présentée comme une « étape de préparation » au 1er-Mai. Avec une circulation des TGV quasi normale et 4 TER sur 5 en moyenne, les perturbations devraient toutefois être limitées.
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