Faire bloc face à l’écofascisme

Ces dernières années, et ces derniers mois en particulier, l’écologie et le dérèglement du climat se sont imposés comme des sujets incontournables.
Les écosystèmes s’effondrent, le climat se dérègle, et les conséquences de tout ceci se font déjà ressentir puisque pendant que nous nous alarmions de la sécheresse estivale, en Asie du Sud, des milliers de personnes perdaient déjà la vie dans des événements directement liés au dérèglement climatique.
Il est aujourd’hui impossible de nier la réalité des cataclysmes qui s’annoncent et qui surviennent déjà. A l’exception des égarés qui adhèrent aux thèses complotistes et climato-sceptiques et des riches qui ne s’inquiètent pas car persuadés qu’ils seront les derniers à être impactés, personne aujourd’hui ne se risque à nier la réalité du dérèglement climatique.
Nous avons certes régulièrement le droit à des discours rassuristes de la part de certains politiques et autres individus stupides qui peuplent les plateaux télés, mais ceux-ci ne cherchent plus à remettre en question le changement climatique en tant que tel. Les débats portent désormais davantage sur la temporalité et sur l’ampleur du phénomène mais peu importe, ceux-ci ne valent de toute manière pas la peine d’être écoutés.
L’imminence de la catastrophe a eu pour conséquence de décloisonner la thématique de l’écologie. Historiquement et traditionnellement, c’est la gauche qui détenait le monopole des thématiques liées à la défense du vivant et du climat. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Même si les luttes environnementales sont encore en grande majorité l’apanage de collectifs et d’organisations partisanes profondément ancrés à gauche, le thème de l’écologie a fait son chemin jusque dans les formations de la droite conservatrice et réactionnaire.
Or, si à première vue nous pourrions être tentés d’y voir là une nouvelle réjouissante, il n’en est rien. L’ouverture des milieux les plus réactionnaires à la thématique de l’écologie est un réel danger. Elle se traduit généralement par le développement de discours qui relèvent de l’écofascisme. On entend par là des discours qui mêlent les thèses réactionnaires et le racisme débridé de l’extrême-droite avec des préoccupations écologiques.
Le propos de base est simple. Il s’agit, par le biais de raisonnements fallacieux et trompeurs, de disculper l’homme blanc et l’Occident de toute responsabilité dans le dérèglement du climat et l’effondrement du vivant. Suite à quoi, est agitée l’image de la démographie croissante des pays du Sud Global, de sorte à instiguer la crainte et l’idée que les ressources ne seront pas suffisantes pour subvenir aux besoins d’une population mondiale croissante. L’idée étant d’insuffler l’image d’un Occident blanc, seul contre tous, en lutte pour sa survie dans un monde aux ressources soit disant insuffisantes.
Voilà l’imaginaire de l’écofascisme. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’intégrer une dimension écologique à leur idéal fasciste. La « civilisation » blanche serait donc dans le besoin d’être défendue car menacée par les populations racisées du Sud global, poussées sur les routes de l’exil par la destruction des écosystèmes. Ainsi, sans surprise écofascisme et théorie complotiste du grand remplacement sont les deux faces d’une même pièce.
Les partisans de l’écofascisme avancent pour le moment à couvert. Bien qu’évitant les propos ouvertement racistes ou se réclamant d’un idéal fasciste, leurs textes sont emplis de sous-entendus et de non-dits. Il est pourtant relativement aisé de les reconnaître et des les identifier. En effet, ceux-ci font font régulièrement référence à la pensée Malthus et accompagnent leurs propos de réflexions alarmistes quant à la démographie du Sud global. On y retrouve également une fascination et un romantisme certain pour l’époque médiévale, au cours de laquelle la vie des ménages (blancs et hétérosexuels) était rythmée par le travail de la terre et la religion catholique.
Il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau, mais celui-ci gagne en ampleur au fur et à mesure que progresse le dérèglement climatique. Brenton Tarrant, auteur de la tuerie de la mosquée de Christchurch en Nouvelle-Zélande le 15 mars 2019 (51 morts et 49 blessés) se revendiquait ouvertement de l’écofascisme. De même pour Patrick Crusius, auteur de la tuerie d’El Paso au Texas le 3 août 2019 (22 morts, 26 blessés). Ces deux individus, sont parmi les exemples les plus parlants de ce que peuvent engendrer les délires paranoïaques et racistes que sont les théories du Grand Remplacement et de l’écofascisme puisque c’est au nom de celles-ci qu’ils entreprirent de massacrer des personnes racisées.
Pendant ce temps en France, les « penseurs » de ces théories mortifères se voient offrir des tribunes sur les plateaux télés.
A titre d’exemple, le 9 novembre, le journal Le Monde, quotidien parmi les plus lus en France, ouvrait ses portes à une tribune relevant à demi-mots de l’écofascisme. Ladite tribune, qui s’intitule « Réduire la population contribueraient à l’atténuation du réchauffement climatique », a d’ailleurs immédiatement été reprise puis relayée sur le site Fdesouche (média identitaire).
Dans les prochaines années, au fur et à mesure que les conséquences du dérèglement climatique se feront de plus en plus pressantes, il est plus que probable que l’extrême-droite se rue massivement vers les thèses écofascistes. Elle cherchera à s’accaparer complètement la question de l’écologie sur le plan médiatique afin d’y imposer sa vision de la lutte pour le climat, une lutte raciste, patriarcale et nauséabonde.
Tout cela est d’autant plus inquiétant dès lors que l’on sait que la pensée écofasciste est liée de très près aux mouvements survivalistes, lesquels sont nombreux à éprouver une fascination pour les armes de tout genre. Si bien qu’il est relativement simple pour un militant fasciste de s’armer et de se former aux maniements des armes en prévision d’un futur attentat ou d’un effondrement anticipé, en témoigne les perquisitions et les saisies d’armes chez des militants d’extrême-droite qui deviennent de plus en plus régulières ces derniers temps.
Face au danger que représente l’écofascisme, nous nous devons d’être prêts. Apprenez à le reconnaître quand celui-ci se camoufle derrière des pseudos tribunes scientifiques ou quand il se drape d’un champ lexical académique. Faites de l’éducation populaire, avertissez, prévenez. Gardez en tête que les responsables des catastrophes environnementales sont les défenseurs du capitalisme, et non ceux qu’ils exploitent. Rappelez et insistez sur le fait que les réponses au dérèglement climatique existent, et qu’elles passent avant tout par une modification profonde de notre modèle de consommation et de production à nous, Occidentaux.
Enfin, gardez en tête que penser l’écologie (de même que le féminisme) sans y associer une ligne antiraciste et anticapitaliste forte, constitue la porte ouverte à toutes les dérives fascistes.
Nous ne les laisserons pas passer.
*Petit rappel, on ne débat pas avec le fascisme, on l’écrase. Celui-ci ne cherche pas à avoir raison mais à occuper l’espace médiatique afin de propager sa haine.
Peut être une image de texte qui dit ’FAIRE BLOC FACE À L'ÉCOFASCISME Gardez en tête que penser l'écologie (de même que le féminisme) sans sans y associer une ligne antiraciste et anticapitaliste forte, constitue la porte ouverte à toutes les dérives fascistes.» CND’
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