Face à un modèle agricole désespérant, quel sortie du tunnel ?

Il se fait qu’un de mes meilleurs amis, Sébastien Jacob (arboriculteur à Remollon, je suis le parrain de son fils Julien qui devrait lui succéder et se forme en ce moment en Avignon) s’est formé aux pratiques agricoles en compagnie de Rémy Esmiol et que je fréquente régulièrement Frédéric, au Café Le Bourguet, son frère. en toute franchise une ou deux fois par semaine, tôt le matin.

Au début du Sars-Cov-2 j’avais suggéré à ce dernier, par sms, de consacrer 10 à 20 % de ses cultures aux productions vivrières locales. Il avait fui à sa manière, en me racontant qu’il n’était pas équipé pour cela. Je connais bien quelques petites mains qui ont travaillé chez lui et je sais les arrêts de travail et même les fins de contrats sur prescriptions médicales, factuellement liées à l’usage de ces produits gentiment baptisés de phytosanitaires.

Nous savons la production « de salades ». Ou pour être clair comme de l’eau, qu’elle se résume à peu près à de l’exportation lointaine et sans retenue de pluies plus ou moins « toxicisée » dans des salades ou dans des asperges.

Eau de pluie acheminée depuis le barrage de La Laye, par conduites forcées, tracteurs et « gros-cul » biberonnant au gaz-oil et à l’urine des élevages bretons de porcs, jusque dans les étals de la grande distribution.

Quelque soit le jugement passé ou présent que l’on ai porté ou que l’on porte sur ces pratiques le modèle économique qui les a fait naître et prospérer pour certains est sublaquant. L’acte de décès est en cours d’écriture. Nous le savons tous et tous nous avons intérêt à limiter les dégâts collatéraux de cette agonie.  Ce sera dit, écrit, diffusé et reconnu par tous tôt ou tard.

Le plus tôt sera le mieux.

Mieux vaut cependant guider les ambulances vers l’hosto que de leur tirer dessus.

Il nous faut encourager massivement une agriculture paysanne qui se cherche et dans les roues de laquelle la chimie et le machinisme agricoles, mais également les semenciers, la recherche et le « génie » génétique mais aussi les GAFAM jusque dans les sillons, mettent de manière orchestrée de lourds bâtons et des grenades.

Les relais de ces entreprises mortifères vont des maires ruraux aux chambres consulaires, de la majorité de nos si mal élus nationaux ou européen et à une Commission européenne à la faible légitimité qui leur est entièrement acquise et à l’ensemble des médias qui leurs sont acquis.

Une lecture fine, ici, de HPI et de La Provence peut rendre dépressif tans leur force de persuasion est capillaire. Ce trop de pouvoir, d’hégémonie est un espoir.

Il ne sera pas possible de tenir à la fois le maintien des JO (d’une fragilité absolue) et l’asservissement des campagnes. Des forces de l’ordre exsangues et démotivées n’y suffiront pas.

L’armée, au format aujourd’hui ridicule en terme de maintien de l’ordre s’est épuisée dans l’opération Sentinelle et n’a pas pardonné de limogeage de son CEMA , le général Pierre de Villiers qui alertait le Président sur les revers africains à venir notamment au Mali.

Il ne faut pas brûler de cartouches pour rien, malgré le sentiment d’urgence qui nous habite tous aujourd’hui. La détresse paysanne est palpable. Les ravages dans cette population qui nous nourrit sont effroyables. Toute attaque portée de travers et au mauvais moment sera contre productive.

Décrire et raconter le monde rural pour mettre des coins entre les seuls bénéficiaires du haut de la pyramide de l’agro alimentaire mondialisée et les archi exploités des territoires d’un monde rural dont la bonne santé est indispensable à la respiration du monde.

Il nous faut faire basculer les chambres consulaires (élections en 2025. Travaillons aux confluences des chercheurs, étudiants et apprentis de l’ensemble du monde rural, de la Conf et ce qui reste du MODEF…) et redonner et budgets d’Etat aux SAFER dans une DATAR repensée.

Des agriculteurs qui achètent, eux, leurs conjoints et leurs enfants leurs fruits, leurs légumes, les œufs et la viande au supermarché ne sont plus les paysans d’un territoire, mais les rouages interchangeables et jetables par maladies ou suicides d’une folle économie.

Comment a-t-on pu tous se laisser faire pour en arriver là ? Et qu’y avons nous gagné ou perdu séparément et en commun ?

Bises à tous. Espoir et courage.

Jean-Mau et Elke.

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