La directrice de France Inter va-t-elle tenir compte des nombreuses critiques des auditeurs quant à la décision qu’elle a prise de faire passer l’émission d’humour politique « C’est encore nous » en hebdomadaire ou, comme le président Macron, sera-t-elle sourde aux protestations car les auditeurs n’ont pas compris que c’était pour leur bien.
La direction de France Inter sourde aux critiques de ses auditeurs ?
La politique de programmation de la nouvelle directrice de France Inter est difficile à décrypter ou peut-être pas.
A peine nommée, elle diminue le temps d’antenne d’une émission « C’est encore nous », seule émission qui pratique l’humour politique sans faire de discrimination (contrairement à ce que disent ceux qui voudraient voir l’émission disparaître).
Voilà, une émission qui connaît un grand succès public qui se voit reléguer à une programmation d’une durée de deux heures le dimanche. Et à plus long terme, ainsi, pouvoir la supprimer faute d’audience.
Devant les protestations des auditeurs (plus de 50 000 personnes ont signé une pétition, chiffre d’il y a quatre jours et les nombreuses lettres adressées à la médiatrice de Radio France), la directrice de France Inter a présenté des arguments incompréhensibles tout en affirmant que l’impertinence est toujours de mise sur l’antenne. Elle s’est crue obligée de dire que «cette décision n’est pas politique, et la liberté d’expression ne sera jamais mise en danger sur cette antenne». C’est une manière un peu étrange de nous le montrer.
Et d’ajouter « La décision de faire évoluer cette émission sous un autre format n’est dictée que par le souci éditorial de maintenir l’état d’esprit propre à cette troupe le plus longtemps possible sur cette antenne ».
Donc, en résumé, c’est pour le bien de l’équipe de « C’est encore nous » et le bien de l’auditeur qu’elle a pris cette décision.
Je ne sais pas pourquoi mais cela me fait penser au discours de Macron : c’est toujours pour le bien des Français qu’il prend des mesures que ceux-ci ne comprennent pas. C’est la même logique.
La surdité, aussi, face aux protestations des auditeurs rappelle, toute proportion gardée, celle de Macron face aux revendications et aux manifestations contre la réforme des retraites.
Macron n’a jamais aimé le service public audiovisuel, auquel il a accordé peu d’entretiens, privilégiant les chaînes privées. Diminuer le temps d’antenne d’une émission qui connaît un grand succès public ressort de cette même logique. Perdre des auditeurs, perdre de la publicité au profit des chaînes privées, voilà une bonne manière de diminuer l’impact d’un service public qui marche trop bien, malgré toutes les mesures déjà prises.
Et pour paraphraser un humoriste de l’émission, si le pouvoir a peur d’une émission qui pratique l’impertinence et la dérision, cela signe une certaine fébrilité. Quand on n’arrive plus à convaincre, on réprime ou dans ce cas précis, on réduit le temps d’antenne et on exile l’émission le dimanche qui n’est pas forcément, le jour où les auditeurs sont les plus nombreux.
L’extrême-droite et CNEWS ont toujours critiqué cette émission. C’est dommage de leur donner raison en diminuant son temps d’antenne.
Espérons que cette même direction entendra et respectera ses propres auditeurs en rétablissant l’émission dans sa programmation actuelle. France Inter est un service public, un million deux cent cinquante auditeurs sont un bon argument pour maintenir la fréquence de l’émission. La qualité de l’émission aussi.
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