Alors que les violences d’extrême droite explosent en France, le gouvernement lançait avec le Rassemblement National, le 10 mai dernier, une commission d’enquête parlementaire sur les «groupuscules, auteurs de violences à l’occasion [des] manifestations».
Cette commission s’intéresse à «la structuration, le financement, les moyens et les modalités d’action» de ces groupes. Une chasse aux sorcières. D’ailleurs, les financements des lobbies écocidaires ou des groupuscules d’extrême droite ne sont jamais interrogés par le Parlement. Cette «enquête» porte sur la période qui va du 16 mars au 3 mai 2023. Donc entre l’usage du 49-3 et les diverses manifestations spontanées qui y ont répondu jusqu’au 1er mai particulièrement déterminé, en passant par la mobilisation de Saint-Soline.
Dans la continuité des menaces contre la Ligue des Droits de l’Homme et des dissolutions, il s’agit clairement d’intimider et de cibler les collectifs de gauche et écologistes. «Ces groupuscules entravent la liberté de manifester et attaquent nos forces de l’ordre jusqu’à tenter de les tuer», a accusé le député Macroniste Florent Boudié. La proposition a été soutenue et votée par l’extrême droite. Comme si les manifestant-es étaient responsable de la perte de liberté de manifester, et pas les hordes de forces répressives mobilisées pour le moindre rassemblement revendicatif.
Le député Macroniste nantais Mounir Belhamiti explique que cette commission sert à «comprendre l’organisation de ces groupuscules de casseurs, investiguer sur leurs sources de financement, leurs modes d’intervention, pour mieux combattre leurs atteintes à la vie quotidienne des citoyens et aux valeurs de la République». Il expliquait dans la presse : «À Nantes, plus qu’ailleurs probablement, nous savons les exactions de ces groupuscules violents». À entendre cet individu, on peut se demander de quels groupes violents il parle. De la police ? Des néo-nazis qui incendient la maison d’un maire près de Nantes ? Et quel est son objectif ? Une nouvelle vague de dissolutions ? Une répression groupée ?
La définition de «groupuscules d’ultra-gauche» est devenue extensible pour le régime. L’association Attac fait savoir qu’elle a «reçu ces derniers jours une convocation de l’Assemblée Nationale pour la date du 26 juin». Deux autres organisations engagées pour la justice sociale et climatique, Extinction Rebellion et Dernière rénovation, sont aussi convoquées.
La convocation d’Attac a finalement été repoussée au 18 juillet, les deux autres auront lieu à la date prévue. Pour rappel, «l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne» est une structure altermondialiste créée en 1998, dont les revendications sont modérées, à savoir taxer les flux financiers pour réguler la mondialisation à hauteur de 0,01%, comme l’avait préconisé l’économiste Tobin. De fieffés bolchéviques !
Attac est composée d’un conseil scientifique avec des agronomes, économistes, juristes, et a toujours dénoncé, à chaque grand sommet altermondialiste, les actions offensives. De son côté, Dernière Rénovation appelle à une «victoire politique sur la rénovation énergétique, via des actions de perturbation non-violentes.» De dangereux radicaux.
Si Attac est considéré comme un «groupuscule auteur de violences» par le gouvernement alors Contre Attaque est un média de turbo-méga-totale-gauche. Et on peut s’attendre à l’interdiction de centaines de collectifs anticapitalistes, d’associations écolos ou de syndicats… Après les menaces contre la Ligue des Droits de l’Homme et la police anti-terroriste envoyée contre des écologistes, plus rien ne semble impossible.
Ce gouvernement d’extrême droite franchit une à une toutes les étapes vers une dictature assumée, et démantèle les contre-pouvoirs à une vitesse vertigineuse. L’accusation «d’ultra-gauche» voire de «terrorisme» s’étend désormais à la gauche modérée, et bientôt à quiconque critiquera le pouvoir en place.
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