DÉSOBÉIR OU PÉRIR

La dissolution des Soulèvements de la terre est plus qu’un signal. C’est un palier. Un de plus après la dissolution d’autres associations ces derniers mois, à commencer par le ccif en 2021. Des dissolutions qui avaient connu trop peu de soutien et qui ont ouvert la voie à ce qu’il se passe aujourd’hui.
Que les choses soient claires : Macron ne cherche pas à éradiquer les modalités de lutte jugées par la bourgeoisie comme radicales. Si c’était le cas, la FNSEA serait depuis longtemps inquiétée, eux qui ont organisé plusieurs actions de destruction de bâtiments et d’affrontements avec la police.
Sauf que la FNSEA ne remet pas en cause le système capitaliste. Bien au contraire.
Ce qui justifie de dissoudre, de condamner, d’emprisonner, de mutiler, ce n’est donc pas la potentielle violence des personnes et groupes mais bien leur volonté de lutter contre le système actuel.
La preuve avec les menaces qui planent sur la LDH ou la perte de son agrément de l’association Anticor, qui lutte contre… la corruption !
Répétons le : ce système criminalise toute velléité de combattre ce système. Y compris ceux qui écrivent ou qui lisent des textes allant dans ce sens. C’est le propre d’un régime autoritaire. Et c’est l’inverse d’une démocratie.
Maintenant que le constat est aussi évident que glaçant, il convient de s’interroger sur la suite. Notamment pour celles et ceux qui refusent de vivre dans ce monde destructeur et porteur d’une catastrophe planétaire.
Mais il ne faudrait pas être dans la simple dénonciation de ces pratiques. De se contenter de dire « on ne se laissera pas intimider par ces pratiques, nous continuerons à lutter ».
En rester là serait offrir une victoire au pouvoir et à ses agissements liberticides.
Nous proposons d’aller bien plus loin.
Puisque le pouvoir considère comme des terroristes celles et ceux qui luttent pour un monde meilleur, il est de notre devoir d’entrer en désobéissance massive et radicale.
Si la diversité des pratiques est essentielle, et ce fut d’ailleurs l’énorme force des soulèvements, il devient urgent que de nombreuses personnes acceptent de prendre des risques juridiques, financiers et physique afin d’entrer véritablement en conflit avec ce système.
Le faire pour provoquer un choc dans la société. Le faire par solidarité avec celles et ceux qui subissent la répression. Le faire pour ne pas regretter d’avoir regardé la planète brûler sans avoir osé essayer de la sauver, par peur de la réaction d’un pouvoir malade et dangereux. Le faire en se disant que plus nous serons à le faire, moins le pouvoir pourra réprimer.
Nous avons conscience qu’écrire ces lignes en cette période ne peut que nous faire prendre le risque d’être à notre tour dans le viseur du pouvoir. Mais nous préférons prendre ce risque que de nous censurer dans nos réflexions et dans notre parole. Et s’il fallait avoir des regrets, nous préférons que ce soit ceux d’avoir été trop aventureux et idéalistes, que ceux d’avoir manqué de courage et d’avoir vécu dans la peur.
Car seule la peur permet au système de se maintenir. Si nous nous détachons de cette peur, tout redevient possible.
Évidemment, il est plus facile de l’écrire que de le mettre en pratique. Car nous n’avons qu’une vie. Et personne ne veut voir sa vie brisée par un emprisonnement ou par un LBD. Mais nous ne pouvons pas non plus vivre dans une cage, si confortable soit-elle. Surtout quand autour de cette cage, tout brûle.
Alors oui : continuons à bloquer des routes, à repeindre des vitrines de banques, à faire des tribunes ou des soirées de sensibilisation… Mais surtout, donnons nous la force collective et le courage d’aller plus loin. Acceptons qu’il faudra sûrement payer le prix imposé (et injustifié) de nos luttes et de nos rêves d’un monde meilleur.
Attaquer le système de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur, en utilisant les rouages à disposition et encore mobilisables. N’ayons pas peur d’attaquer, notamment en justice. Un exemple : il aurait été salutaire qu’une grande partie des 300 personnes arrêtées et mises en GAV le 1er à Paris fasse une plainte collective pour aller en justice et exposer la préfecture et le ministère de l’intérieur. Nous ne nous faisons aucune illusion sur le peu d’indépendance de la justice actuelle sur les questions sociales et politiques. Mais aller sur ce terrain là permettra tout de même de ralentir l’offensive liberticide.
Travaillons également avec tous les structures politiques et syndicales pour obtenir des avancées et des engagements sur les potentielles grâces et remises de peine que pourraient connaître les militant•es qui auront été condamné•es sous le régime autoritaire de Macron.
C’est tout un mécanisme de résistance active et offensive qu’il convient d’activer. Pour se donner les moyens de nos ambitions : détruire ce système.
Qu’importe que nous soyons aujourd’hui d’un côté des barreaux de prison ou de l’autre, nous savons toustes que nous sommes du bon côté de la barricade. Celui des personnes qui se battent pour un monde meilleur, pour le vivant sous toutes ses formes.
On ne peut être en résistance face à un pouvoir autoritaire et espérer être traité avec considération par celui-ci. Entrons donc en résistance, qu’importe le prix. Mais faisons en sorte que ce prix soit le plus faible possible.
Ce champ est nécessaire.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*