Missak Manouchian, héros de la Résistance, étranger et communiste, va entrer au Panthéon

Emmanuel Macron a annoncé, dimanche, l’entrée de Missak Manouchian, dans le temple des personnalités qui ont marqué l’histoire de la nation française. Figure de la Résistance fusillée par les Allemands, « Missak Manouchian porte une part de notre grandeur », a déclaré le président.

Réfugié en France en 1925, Missak Manouchian rejoignit en 1943 la résistance communiste où il s'illustra à la tête d'un réseau très actif avant d'être arrêté et fusillé par les Allemands le 21 févrer 1944.
Réfugié en France en 1925, Missak Manouchian rejoignit en 1943 la résistance communiste où il s’illustra à la tête d’un réseau très actif avant d’être arrêté et fusillé par les Allemands le 21 févrer 1944. © France 24

Un rescapé du génocide arménien, apatride et communiste s’apprête à faire son entrée au Panthéon. Emmanuel Macron a annoncé, dimanche 18 juin, l’entrée de Missak Manouchian, héros de la Résistance, dans le temple des personnalités qui ont marqué l’histoire de la nation française.

« Missak Manouchian porte une part de notre grandeur », il « incarne les valeurs universelles » de liberté, égalité, fraternité au nom desquelles il a « défendu la République », déclare la présidence dans un communiqué.

Il fera son entrée au Panthéon le 21 février 2024, soit tout juste 80 ans après sa mort, le 21 février 1944, a précisé l’Élysée. Depuis 2017, Emmanuel Macron a déjà panthéonisé Simone Veil, Maurice Genevoix et Joséphine Baker.

Missak Manouchian entrera au Panthéon « accompagné de Mélinée », son épouse d’origine arménienne, résistante comme lui, qui lui survécut 45 ans et repose à ses côtés au cimetière d’Ivry-sur-Seine (dans le Val-de-Marne), a précisé la présidence.

C’était le souhait de la famille, comme pour Simone Veil et son époux Antoine. Le couple Manouchian reste ainsi unis dans la mort mais Mélinée n’est pas elle-même honorée.

Le président rend aussi hommage, à travers lui, à tous ses compagnons d’armes étrangers, Espagnols, Italiens ou Juifs d’Europe centrale. « Le sang versé pour la France a la même couleur pour tous », souligne l’Élysée.

Cette annonce coïncide avec le 83e anniversaire de l’Appel du 18 Juin, célébrée chaque année au Fort du Mont-Valérien, près de Paris, où se dresse le Mémorial de la France combattante, frappée d’une imposante Croix de Lorraine.

Première pour un président, Emmanuel Macron s’est d’abord recueilli dans la clairière des Fusillés, là même où Missak Manouchian et 21 de ses compagnons d’armes furent exécutés par l’armée allemande le 21 février 1944. Un millier de résistants et otages y connurent le même sort de 1941 à 1944. Ils étaient communistes (65%), étrangers (20%) ou Juifs (17%), autant de symboles honnis par les nazis.

« Il était un Français avant l’heure, libre »

Missak Manouchian devient le premier résistant étranger et le premier communiste à entrer dans le temple des grandes figures de la République, au côté de Voltaire, Victor Hugo ou Marie Curie.

Est ainsi célébrée « l’unité des mémoires de la Résistance », communiste et gaulliste, longtemps rivales, souligne l’Élysée. Une unité saluée dimanche dans la classe politique.

Missak Manouchian symbolise « une certaine idée de la France (..), composée de citoyens de toutes origines, réunis par des valeurs universelles », a salué le Secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel.

Côté Insoumis, Jean-Luc Mélenchon a regretté toutefois que Mélinée, une « guerrière » tout comme lui, ne fasse que le suivre au Panthéon et que le rôle des femmes dans la Résistance ne soit « pas assez souvent évoqué ».

Les Républicains ont aussi salué un « message plein de sens », « un beau symbole », une « juste reconnaissance ».

« C’est un grand jour, c’est l’entrée avec lui de ses frères d’armes étrangers, apatrides au Panthéon. Il était Français avant l’heure, libre », a témoigné sa petite-nièce, Katia Guiragossian.

Parallèlement, 91 résistants et otages étrangers fusillés comme lui au Mont-Valérien ont aussi été reconnus « morts pour la France » dimanche.

 

« L’affiche rouge »

Réfugié en France en 1925, Missak Manouchian rejoignit en 1943 la résistance communiste où il s’illustra à la tête d’un réseau très actif avant d’être arrêté et fusillé par les Allemands le 21 février 1944.

Avant lui, huit membres de la Résistance ont déjà ainsi été honorés depuis le transfert des cendres de Jean Moulin en 1964, dont quatre – Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay – sous François Hollande en 2015.

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Célébré par Aragon et Léo Ferré – dont le chant a retenti dans la clairière des fusillés –, Missak Manouchian est aussi entré dans la mémoire collective avec « l’Affiche rouge », placardée dans Paris et certaines grandes villes de France par la propagande nazie durant son procès pour désigner son groupe à la vindicte.

Emmanuel Macron a également décoré un ancien résistant, Robert Birenbaum, issu, comme Missak Manouchian, du groupe des Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI).

Le président Macron, accompagné de la Première ministre Elisabeth Borne, et de membres du gouvernement, a ensuite entendu l’Appel du 18 Juin, lu par l’acteur Philippe Torreton, et le Chant des partisans avant un temps de recueillement dans la crypte du Mont-Valérien, où sont inhumés 16 résistants, officiers et soldats morts pour la France en 1939-45, ainsi qu’Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération.

L’hommage rendu dimanche s’inscrit dans une longue séquence mémorielle autour du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui se poursuivra en 2024 avec le Débarquement en Normandie et la Libération de Paris.

Avec AFP

 

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