Une nouvelle série de perquisitions a eu lieu le 20 juin contre des écologistes proches des Soulèvements de la Terre. Des arrestations ont eu lieu à Paris, Marseille, et à la zad de Notre-Dame-Des-Landes.
Une nouvelle série de perquisitions a frappé des personnes proches du milieu des Soulèvements de la Terre ce mardi 20 juin. À Marseille, à Nantes et sur la zad de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), plusieurs personnes ont été arrêtées ce matin vers 6 heures, selon nos informations, et auraient été placées en garde à vue.
Selon France 3, trois lieux de la zad ont été perquisitionnés par une soixantaine de policiers et gendarmes, épaulés par un hélicoptère. Entre 5 et 7 personnes auraient été interpellées sur place. Au total, plus de 18 personnes ont été placées en garde à vue ce matin, dont 13 à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), d’après Le Figaro.
À Marseille, plusieurs personnes ont été interpellées, notamment Félix Blanc, un militant membre de longue date d’Europe Écologie-Les Verts, comme le rappelle l’adjoint au maire de Marseille Sébastien Barles. « Notre ami Félix Blanc (militant écologiste pacifiste de longue date) fait partie de la “rafle” alibi de ce matin en vue de la dissolution des Soulèvements de la Terre demain. Jusqu’où ira la criminalisation du mouvement écologiste, Gérald Darmanin ? Basta ! »
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L’opération a été menée par la Sous-direction antiterroriste (SDAT) d’après une source policière du Monde. Cette même source affirme au quotidien que les perquisitions en cours seraient encore liées au sabotage de la cimenterie Lafarge de Bouc Bel Air, le 11 décembre dernier et que les personnes seraient soupçonnées d’association de malfaiteurs. Une instruction judiciaire avait été ouverte à Aix-en-Provence et a déjà conduit à l’arrestation de quinze militants et militantes le 5 juin.
Il n’en reste pas moins que cette opération policière arrive à la veille de la dissolution des Soulèvements de la Terre, confirmée par Gérald Darmanin. La date n’a vraisemblablement pas été choisie au hasard et ces perquisitions qui touchent plusieurs personnes du mouvement pourraient freiner leur capacité à résister à l’offensive gouvernementale.
Pression d’Emmanuel Macron
La semaine dernière, Emmanuel Macron avait pressé Élisabeth Borne d’accélérer sur le dossier de dissolution, alors en panne depuis deux mois. Une nouvelle lettre de griefs avait été envoyée par le ministère de l’Intérieur à des membres des Soulèvements, mentionnant notamment la récente action de sabotage à Saint-Colomban chez des maraîchers industriels le 11 juin.
Interpellé au Sénat le 14 juin par la sénatrice Les Républicains Laurence Garnier, le porte-parole du gouvernement Olivier Veran a assuré que la dissolution était « confirmée » et allait arriver très prochainement.
Ce matin, à Bure (Meuse), une autre personne a été arrêtée sans que l’on sache si cette interpellation est liée aux autres perquisitions.
« Une tentative inacceptable de museler la liberté d’expression »
Les Soulèvements de la Terre ont publié un communiqué de presse dénonçant « une opération de communication et d’intimidation contre le mouvement social dans son ensemble ».
Benoit Feuillu, l’un des porte-parole des Soulèvements a été arrêté alors même qu’il était invité dans plusieurs médias. « Cette arrestation vise directement à l’empêcher de s’exprimer publiquement sur la dissolution : une tentative inacceptable de museler la liberté d’expression », poursuit le communiqué. Ils appellent à des rassemblements de soutien partout en France devant les préfectures mercredi 21 juin en début de soirée.
Cette vague d’arrestations a suscité de vives réactions dans le monde politique. Si à droite, les élus se sont félicités que le gouvernement passe « enfin » à l’action, Mathilde Panot, la cheffe de file des députés La France Insoumise a dénoncé « un danger pour la démocratie ».
Son collègue le député nantais Andy Kerbrat (LFI – Nupes) a aussi apporté son « soutien total aux Soulèvements de la Terre » : « Nous voilà revenus à l’époque où la lutte antiterroriste est instrumentalisée par le pouvoir pour dissoudre un collectif de lutte pour notre planète, pour considérer l’eau comme un bien commun […] On ne dissout pas l’écologie politique. Parce que l’urgence est absolue », a-t-il déclaré.
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