Canicule et incendie : en Grèce, le scénario du pire

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19 juillet 2023

Alors que la Grèce fait face une vague de chaleur, une série d’incendies se sont déclarés, forçant l’évacuation de milliers de personnes. Avec le changement climatique, ce type d’événement représente une véritable menace pour le pays.

Athènes (Grèce), correspondanc

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Comme d’autres pays d’Eur

ope, la Grèce suffoque. Jusqu’à 44,2 °C ont été enregistrés dans la région de Thèbes, dans le centre du pays, selon l’Observatoire national d’Athènes. Une chaleur accablante, voire même étouffante, qui a forcé les autorités à fermer temporairement l’accès à l’Acropole d’Athènes, pendant les heures les plus chaudes de la journée. Plusieurs touristes y ont été victimes de malaise.

« Même en y étant allé tôt le matin, c’était irrespirable et difficile de profiter du monument », dit Grace, une touriste australienne essoufflée par la chaleur, alors qu’elle redescend du Parthénon. Les autorités recommandent depuis plusieurs jours à la population locale et aux milliers de touristes en vacances dans le pays de limiter leur exposition au soleil, particulièrement durant les après-midis. Des centres publics climatisés ont été ouverts dans plusieurs villes du pays, tout le monde n’ayant pas accès à un climatiseur.

« Il fait extrêmement chaud chaque année en juillet, on y est habitués, mais j’ai l’impression que c’est de pire en pire », constate Maria, une Athénienne qui ne sort de son logement que pour promener son chien à l’ombre des arbres du jardin botanique. Depuis le début de la vague de chaleur, les autorités sont sur le qui-vive alors que plusieurs régions de la Grèce sont en état d’alerte maximale face aux incendies. Mais le scénario tant redouté s’est produit en début de semaine alors que plusieurs feux, dont certains aux portes d’Athènes, se sont déclarés et sont devenus très rapidement incontrôlables en raison de vents violents.

Plusieurs maisons ont été calcinées à Kouvaras, à quelques dizaines de kilomètres à l’est d’Athènes, forçant l’évacuation de résidents et de plusieurs zones balnéaires, alors que près du canal de Corinthe, à Loutráki, plus de 1 000 enfants ont dû être évacués d’un camp de vacances.

Un autre important brasier fait aussi rage depuis le 18 juillet dans la forêt de Dervenohoria, à 50 km au nord d’Athènes. La France et l’Italie ont envoyé dans la foulée des renforts humains et aériens, alors que l’on craint le pire avec une nouvelle vague de chaleur attendue en Grèce dès le 20 juillet, avec des températures qui pourraient être encore plus élevées que ce qu’a connu le pays jusqu’à présent.

Des « conséquences de la crise climatique »

Pour le professeur Apostolos Voulgarakis, spécialiste sur la question des incendies et du climat à l’université technique de Crète, il ne fait aucun doute que cette vague de chaleur, accentuée par le changement climatique, a un effet direct sur les incendies : « Les vagues de chaleur font entre autres évaporer l’eau qu’il y a dans la végétation, comme dans les plantes, ce qui rend ces régions plus sèches et donc plus vulnérables. » La Grèce, comme d’autres pays méditerranéens, est en première ligne face au réchauffement climatique, particulièrement le centre et le sud du pays.

Plusieurs études anticipent une augmentation de 10 à 20 jours par an des vagues de chaleur dans le pays d’ici 2050, une baisse des précipitations de 10 à 30 %, ou encore une augmentation du nombre de jours à haut risque pour les incendies, de 15 à 70 %. Le Premier ministre grec, Kyriákos Mitsotákis, a d’ailleurs qualifié ces événements « de conséquences de la crise climatique ». Mais pour plusieurs citoyens, pompiers ou rescapés de précédents incendies, le pays n’en fait pas assez face à cette nouvelle réalité.

« Nous n’avons pas de plan national de prévention des feux. Pourquoi nous ne répondons pas au problème en amont alors que nous connaissons ce risque ? » s’interroge Elias Tziritis de WWF, qui précise que plusieurs départs de feux sont aussi d’origine humaine. Son ONG a d’ailleurs publié un rapport dévoilant que 83,5 % des fonds publics grecs pour la protection contre les incendies entre 2016 et 2020 ont été consacrés à la lutte contre les incendies de forêt et seulement 16,5 % à leur prévention. Or, les Nations unies recommandent d’investir au moins 45 % dans la prévention des incendies.

La Grèce fait face chaque été à de violents incendies. En 2021, trois personnes sont mortes et des milliers d’hectares ont brûlé en pleine canicule, alors qu’en 2018 près d’une centaine de personnes ont perdu la vie lors d’un incendie dans la station balnéaire de Mati. Après ce drame, le gouvernement conservateur avait promis qu’il prendrait des mesures pour éviter des incendies de cette taille. Mais pour l’activiste Agisilaos Koulouris, rien n’a vraiment changé. « Le gouvernement n’a jamais pris au sérieux les risques et utilise l’enjeu des changements climatiques uniquement à des fins économiques [par exemple pour autoriser de grands projets de construction] », déplore l’activiste, qui craint maintenant le pire pour cet été.

 

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