Discussion : à propos d’un appel unitaire.

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Juil 7

Après une semaine d’affrontements, des milliers d’arrestations, des morts et des blessés, sort l’appel « Notre pays est en deuil et en colère » (ci-dessous) signé par des syndicats (CGT, FSU, Solidaires), des associations (du DAL à la Libre Pensée et au RAAR en passant par la LDH et ATTAC), pas mal de collectifs nationaux dont le Comité Vérité et Justice pour Adama, ou locaux, des partis ou groupes politiques : LFI, EELV, POI, NPA (publiant l’Anticapitaliste), UCL, PEPS, Réseau Bastille …

A la différence de ce qui s’était passé en 2005, nous avons là un appel large de défense des jeunes et des habitants de nombreux quartiers contre la répression (sans aller pour autant jusqu’à exprimer la légitimité de la recherche de l’affrontement avec L’État). C’est à souligner, d’autant que manquent les signatures du PCF et du PS, le premier soucieux de combattre la chienlit conformément à la « ligne Roussel », le second peu désireux de revendiquer l’abrogation de la loi Cazeneuve de 2017 permettant largement à la police de tirer. Il y a donc une dimension indispensable de défense contre la répression que l’on doit saluer, et qui, il faut le dire, est le fruit de la réalité politique et sociale : des millions ont cherché à vaincre Macron en défense des retraites, des centaines de milliers se sont littéralement soulevés depuis une semaine.

Cela étant dit, que préconise cet appel ? Citons-le. « La situation nécessite que le gouvernement prenne ses responsabilités et apporte des réponses immédiates pour sortir de l’affrontement » (en gras dans le texte). Suivent les « réponses immédiates » qu’il est donc explicitement demandé à Macron, Borne et Darmanin de mettre en œuvre : abrogation de la loi de 2017, « réforme en profondeur de la police », remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant et création de services de l’Etat dédiés à la lutte contre les discriminations. Certes, est-il ajouté, « Rien ne peut se faire sans un partage des richesses » et sans la lutte contre la pauvreté, la précarité, le dérèglement climatique … toutes choses belles et bonnes qui constituent donc les « chantiers auxquels le gouvernement devrait s’attaquer ».

Un pas en avant, un pas en arrière ! La supplique à Macron, Borne et Darmanin est explicite, elle a pour message : ce président et ce gouvernement doivent rester en place. En cela, cet appel formule une orientation politique conséquente qui s’oppose au mouvement qui à poussé des millions à manifester pour les retraites et des centaines de milliers de jeunes à affronter l’État. Sa signature par un certain nombre d’organisations et de groupes se voulant anticapitalistes et opposés à cet État, n’est pas anodine : leur droit d’ainesse contre un plat de lentilles !

Bien entendu, personne ne demande à la Ligue des Droits de l’Homme, par exemple, d’appeler au renversement de Macron. Mais là c’est l’inverse : pour signer un appel contre la répression, il a fallu signer un appel posant explicitement le maintien du président et du gouvernement en place, le respect de la V° République, et donc au final y compris la préservation de la police, nantie d’une « réforme en profondeur » à laquelle il est demandé de fait à … Darmanin, de procéder !

Alors qu’un simple appel en défense des jeunes, contre la répression, laissant chacun libre de ses orientations politiques par ailleurs, eût été parfaitement possible. Remarquons d’ailleurs que quitte à adresser au gouvernement des doléances, la dissolution des organisations factieuses, qui ne sont pas des syndicats, telles que Alliance, dont J.L. Mélenchon vient de dire à juste titre, dans une interview à Médiapart, que le gouvernement en a peur et leur sert la soupe, aurait pu figurer dans la liste : même pas. Il ne s’agissait donc même pas d’adresser à ce gouvernement des exigences démontrant son incompatibilité absolue avec la sécurité publique la plus élémentaire, mais bien de lui demander responsablement de gouverner (ce qu’il fait !!!) et qu’il « prenne ses responsabilités » – sic.

Bien entendu, les milliers et les milliers, et Aplutsoc en sera, qui manifesteront samedi 8 juillet pour la justice, dans les « marches citoyennes » appelées par les signataires, seront présents, pas pour que le gouvernement Macron-Borne-Darmanin prenne ses responsabilités, mais pour le combattre et le battre sans attendre 2027.

VP, le 06/07/23.

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1 Comment

  1. Manifester en marchant sur des lieux autorisés par le gouvernement, est ce vraiment la meilleure manière pour combattre ce gouvernement ? Ce qu on a pas arrêté de faire depuis des lustres ,sans efficacité
    Alors, pourquoi se priver d aller dans les quartiers pour y montrer notre solidarité contre les injustices?

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