«c’est une interdiction politique» clame Assa Traoré place de la République
Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterre dossier
Dix jours après la mort de Nahel, les violences urbaines se sont calmées, au grand soulagement de l’exécutif. Mais des tensions politiques apparaissent après l’interdiction d’une marche en hommage à Adama Traoré et avant les manifestations contre les violences policières prévues samedi.
par LIBERATION et AFP
– D’autres «marches citoyennes», contre les violences policières et pour défendre les quartiers populaires, sont organisées ce samedi dans plusieurs villes du pays à l’appel de 90 organisations de gauche.
«Danger. Danger», pour Jean-Luc Mélenchon.
«Les policiers sont tellement nombreux qu’ils verbalisent ceux qui portent des t-shirts Adama Traoré». «Ils ne veulent pas que le comité Adama puisse se rassembler. Ils jettent de l’huile sur le feu !», vitupère Assa Traoré, en référence à l’annulation de la Marche pour Adama prévue dans l’Oise, transformée en un rassemblement sur la place de la République, lui aussi interdit. C’est pourtant là qu’elle se tient, à 14 h 45, ce samedi. «Les policiers sont tellement nombreux qu’ils verbalisent ceux qui portent des t-shirts Adama Traoré», poursuit-elle. Issa peut en témoigner : un peu plus tôt, le jeune homme a écopé d’une amende de 135 euros, avant d’être sommé de quitter les lieux. Forcé de retourner dans le métro, il peste : «J’ai les nerfs. On veut juste manifester calmement.» Autour, la foule s’est massé et hurle «Liberté, liberté» quand elle n’est pas en train de huer les policiers. De notre journaliste Alexis Pfeiffer.
Pour Eric Coquerel, l’Exécutif met la «France au banc des démocraties». «A force de multiplier les interdictions d’un droit constitutionnel, celui de manifester, de pratiquer une répression disproportionnée des mouvements sociaux, d’employer une doctrine d’utilisation de la police dangereuse pour les libertés (…) l’exécutif met la France au banc des démocraties», a abondé Eric Coquerel. Le député insoumis de Seine-Saint-Denis est présent au rassemblement parisien en compagnie d’une dizaine de députés du mouvement, dont la cheffe du groupe Mathilde Panot.
A Paris, un important dispositif policier déployé. Autour de la place de la République, la circulation n’a pas été coupée. «Il y a une interdiction à se rassembler pacifiquement place de la République. C’est une entorse à la république extrêmement grave de nous dénier le droit de manifester, a dénoncé la députée LFI de Paris Danielle Simonnet dans une vidéo publiée sur son compte twitter. Avant de montrer à l’image l’important dispositif déployé aux abords de l’esplanade. «Toute la police encercle, nasse le collectif Adama qui est joint avec d’autres collectifs. Il ne faut rien lâcher, encourage la députée. C’est le racisme qui abîme la république».
Pour Olivier Faure, le gouvernement «renforce les frustrations». Le premier secrétaire du Parti Socialiste a dénoncé la décision d’interdire la «marche Adama» prévue à Beaumont ainsi que le rassemblement organisé sur la place de la République à Paris. «Est-ce que le gouvernement se rend compte qu’en interdisant l’expression pacifique de la colère il renforce les frustrations et, implicitement, adresse le message qu’il n’est possible d’être entendu que par la violence ?» s’interroge Olivier Faure.
Assa Traoré prend la parole place de la République. Quelques minutes avant 15 heures et le début du rassemblement place de la République à Paris, Assa Traoré s’est exprimée un court instant face à des journalistes et à des manifestants réunis à l’ombre des arbres. «C’est une interdiction politique que nous avons eue, qui touche directement l’affaire Adama Traoré. Parce qu’ils ne veulent pas que le comité Adama puisse s’organiser, qu’on puisse rassembler nos colères», a-t-elle affirmé. Une prise de parole également à destination de la jeunesse. «Je dis à cette jeunesse : venez, marchez, pour dénoncer l’impunité policière, pour dénoncer toutes les violences policières», lance la sœur d’Adama Traoré, mort un soir de juillet 2016 dans la cour de la gendarmerie de Persan. Avant de poursuivre par une énumération des récentes victimes de la police. «En quelques semaines on a eu Mozomba à Sarcelles [ndlr : mort le 4 juin après une course-poursuite avec la police], Mohamed à Marseille [ndlr : un homme de 27 ans ayant succombé à un impact au thorax en marge des violences urbaines] et Nahel à Nanterre […], a listé Assa Traoré. On n’accepte pas lorsqu’on veut s’organiser».
Assa Traoré sera bien présente place de la République. Les bras en l’air sous en drapeau français brandit par des jeunes, nichée sur le balcon d’un appartement Haussmannien : la photographie partagée par Assa Traoré ce samedi matin sur Instagram, une heure seulement après l’annonce de l’interdiction du rassemblement, est accompagnée d’un court texte. Quelques lignes qui sonnent comme un appel : «15 heures place de la République. Pour la Liberté, la Justice, l’Egalité».
Des députés LFI annoncent qu’ils seront présents au rassemblement place de la République. A l’origine, ils avaient prévu de participer à la marche en la mémoire d’Adama Traoré organisée à Beaumont mais interdite vendredi soir par la préfecture de l’Oise. Finalement, selon une source du parti, ils sont une dizaine de députés accompagnés de la cheffe du groupe Mathilde Panot, ont annoncé qu’ils comptaient se rendre place de la République à 15 heures. Et cela malgré l’interdiction du rassemblement arrêtée ce samedi matin par la préfecture de police de Paris. Des élus écologistes pourraient également s’y rendre. Une trentaine d’autres manifestations contre les violences policières ont été répertoriées en France sur une carte en ligne, de Lille à Marseille et de Nantes à Strasbourg.
Le rassemblement prévu à Paris place de la République présente un «risque de trouble à l’ordre public». Dans son arrêté mis en ligne peu après 10 heures 30, la préfecture de police justifie l’interdiction d’«un rassemblement non déclaré présentant des risques de troubles à l’ordre public». L’arrêté, signé par le préfet de police Laurent Nuñez, rappelle le «contexte tendu» et les «cinq nuits consécutives» de violences urbaines en région parisienne. Assa Traoré, sœur d’Adama et figure du combat contre les violences policières, avait annoncé vendredi soir qu’elle serait présente «samedi à 15 heures place de la République», après l’interdiction d’une marche commémorative à Persan et Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), en raison du «contexte des émeutes».
La France conteste les observations de l’ONU autour des émeutes. «Excessifs» et «infondés». La réponse des autorités n’a pas tardé au lendemain des observations d’un comité d’experts de l’ONU dénonçant «l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre» durant les récentes émeutes. «Toute mesure de profilage ethnique par les forces de l’ordre est interdite en France», rappelle par ailleurs le communiqué du ministère des Affaires étrangères, assurant au passage avoir intensifié la lutte contre les dérives de contrôle dits au faciès.
Une saisie de 286 kilogrammes d’articles pyrotechniques. Soit un total de 66 cartons bourrés à l’arrière d’un utilitaire. Ce vendredi matin, la Préfecture de police de Paris s’est félicitée dans un tweet de la réussite d’une opération. Hier matin à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, lors d’une mission de contrôle les policiers assistés d’effectifs des douanes ont mis la main sur 286 kg d’articles pyrotechniques et autres mortiers d’artifice, engins massivement utilisés depuis le début des émeutes. Si la vente de matériel pyrotechnique fait l’objet d’une législation renforcée depuis que l’usage émeutier des mortiers s’est répandu, les professionnels décrivent un milieu nébuleux et de facto dérégulé. Entre commerçants peu regardants, trafic sur Snapchat et cargaisons à bas coût importées d’Europe de l’Est.
Des marches contre les violences policières un peu partout en France. Des «marches citoyennes» empreintes de «deuil et colère» contre les violences policières sont annoncées samedi dans plusieurs villes, en l’absence de celle prévue à la mémoire d’Adama Traoré dans le Val-d’Oise, interdite dans un contexte de tensions après les nuits d’émeutes. Une trentaine de manifestations contre les violences policières auront lieu dans toute la France : Lille, Marseille, Lyon, Nantes… Ces mobilisations répondent à l’appel d’une centaine d’associations, syndicats et partis politiques classés à gauche, parmi lesquels LFI, EE-LV, CGT et Solidaires.
Le rassemblement annoncé par Assa Traoré Place de République à Paris est interdit. Un arrêté préfectoral va être pris samedi matin pour interdire le rassemblement prévu place de la République à Paris pour les sept ans de la mort d’Adama Traoré, décédé lors de son interpellation en 2016, a indiqué à l’AFP la préfecture de police. Assa Traoré, sœur d’Adama et figure du combat contre les violences policières, a annoncé vendredi qu’elle serait présente «samedi à 15 heures place de la République», après l’interdiction d’une marche commémorative à Persan et Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), en raison du «contexte des émeutes» qui ont suivi la mort de Nahel fin juin à Nanterre. Depuis le début des émeutes un peu partout en France, 3 693 personnes ont été placées en garde à vue et 1 122 ont été déférées devant la justice, selon les chiffres communiqués par le ministère de la Justice jeudi soir.
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