IL Y A URGENCE POLITIQUE

Le caractère explosif de la situation générale en progression continue depuis 2016 vient de trouver une nouvelle expression dans la colère des jeunes des quartiers populaires alors que le mouvement de 5 mois pour les retraites, le plus long de notre histoire, vient à peine de s’éteindre.
Le coup de feu a bout portant criminel et raciste du policier à Nanterre est l’allumage de plus d’une mèche qui rejoint toutes les mèches et toutes les colères provoqués par des réponses autoritaires/sécuritaires brutales aux aspirations de la jeunesse et des classes populaires, depuis les 49.3, 47.1 ou article 40 de la réforme des retraites jusqu’aux violences policières inouïes à Sainte Soline en passant par la dissolution des Soulèvements de la terre, les menaces de de-financement de la Ligue des Droits de l’Homme et la perte d’agrément d’Anticor.
Macron, petit à petit, allume le feu dans tous les secteurs de la société française en même temps que s’isolant de plus en plus, il ne lui reste plus qu’une réponse policière toujours plus violente comme seule protection contre l’union montante de toutes ces colères en une seule, pour le dégager, lui et son régime, lui et son monde.
Car c’est bien ça qui est en jeu : l’union de toutes les colères pour en faire une force que rien ne pourra arrêter.
Bien sûr, il faut du temps pour que cette union montante des colères diverses se cristallise en une force commune parce que la gauche politique et syndicale, seule à même à le faire pour le moment, s’y refuse par peur qu’avec un départ de Macron poussé par la rue, ce ne soit tout le système qui soit emporté avec lui, ce qu’elle ne veut pas.
Ainsi, au delà de la CFDT qui signe un communiqué dénonçant la violence des jeunes de quartier et pas celle des policiers, elle vient encore dans son ensemble de refuser d’organiser des manifestations partout dans le pays en soutien à la révolte de la jeunesse pour exiger tout à la fois justice pour Nahel et la démission de Darmanin. Cela aurait pu faire le lien entre la lutte massive pour la retraite et la révolte explosive des jeunes et annoncer ainsi la fin proche du régime de Macron, et, derrière lui, celui de l’exploitation et de toutes les oppressions.
En abandonnant la jeunesse pauvre à des colères auxquelles cette dernière peine à donner une expression politique par elle-même, brûlant tout autant les commissariats que les écoles, la gauche donne libre champ à l’expression de la répression la plus violente de la police y compris l’expression de ses courants factieux – comme à l’a vu avec Alliance et UNSA Police – et à la tentative de récupération par l’extrême droite, instrumentalisant les incendies d’école ou de bus et organisant une collecte pour le policier tueur, cherchant par là-même à effacer les gains d’union et de conscience politique des classes populaires de cette période de lutte pour les retraites.
En 2005, la colère de la jeunesse des quartiers a duré 3 semaines. Aux USA, l’explosion des ghettos populaires noirs des années 1960 a duré 4 ans, Black Lives Matter a duré 4 mois… On ne sait pas combien de temps peut durer l’explosion actuelle.
Même si les tendances lourdes de la situation générale poussent et pousseront encore et toujours plus aux révoltes populaires demain, étant sûr que Macron mettra toujours plus d’huile sur le feu, cette explosion des quartiers aujourd’hui pourrait toutefois accélérer formidablement la résolution de la situation politique actuelle, mais elle pourrait aussi au contraire, si on ne fait rien et laisse parler d’émeutes et non de colère politique, donner un espace de respiration au régime et à l’extrême droite, y compris pour faire émerger des milices fascisantes contre les jeunes, avant que ce ne soit contre toutes les forces progressistes.
Par delà la marche blanche de Nanterre, il y a eu ici et là dans différentes villes, des manifestations politiques de la jeunesse contre le racisme et les violences policières en soutien à la révolte des quartiers. En même temps, des comités unitaires anti-répression associant écologistes et syndicalistes, cherchent à se mettre en place face à la dissolution des Soulèvements de la terre et aux licenciements et sanctions qui frappent massivement les syndicalistes. Ce qui est possible aujourd’hui par en bas, serait d’associer à ces comités et à leurs préoccupations, la jeunesse des quartiers qui subit aussi la répression de plein fouet et à partir de là, d’organiser des rassemblements donnant une voix politique de gauche à la jeunesse qui cherche à se faire entendre. En associant pour la première fois le mouvement social au mouvement des jeunes de quartier, cela ferait basculer le moment et l’ouvrirait à la fin du régime macronien et de son ordre.
Il y a urgence à donner rapidement une expression politique forte à la colère des banlieues en la liant à celle des retraites, des écologistes et des libertés démocratiques.
Jacques Chastaing 2 juillet 2023
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