Mort d’Adama Traoré : le parquet de Paris requiert un non-lieu pour les gendarmes

Beaumont-sur-Oise, le 17 juillet 2021. Marche " vérité et justice" pour Adama Traoré, jeune homme, décédé au cours d’une interpellation par les gendarmes en 2016. Plus de 2 000 personnes ont défilé à l’appel de la famille entre la mairie de Persan et Boyenval, le quartier de la famille Traoré à Beaumont-sur-Oise.

Le parquet de Paris a requis ce mercredi 26 juillet un non-lieu au terme de l’enquête sur la mort du jeune homme en juillet 2016 dans l’enceinte de la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise).

par LIBERATION et Charles Delouche-Bertolasi

publié aujourd’hui

Cette évolution du dossier était attendue. Dans cette affaire, érigée en symbole des violences policières, aucun des trois gendarmes impliqués dans la mort d’Adama Traoré le 19 juillet 2016 n’a été mis en examen.

«Au terme d’un réquisitoire particulièrement exhaustif de 71 pages, le parquet a donc conclu, à la lumière des investigations menées, à l’absence de quelque charge que ce soit à l’encontre des gendarmes», se sont félicités dans un communiqué les avocats des gendarmes, Me Rodolphe Bosselut, Pascal Rouiller et Sandra Chirac-Kollarik. D’après eux, «ces réquisitions extrêmement motivées n’ont laissé aucune zone d’ombre pour aboutir à leur mise hors de cause».

«Manqué à leur devoir de protection»

Dans une décision publiée lundi 26 juin, la défenseure des droits Claire Hédon recommandait pourtant «que des poursuites disciplinaires soient engagées à l’encontre» des représentants des forces de l’ordre impliqués dans l’affaire qui a vu le jeune homme mourir à la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise) quelques dizaines de minutes après son arrestation. Trois des militaires avaient été placés en 2018 sous le statut de témoin assisté.

Dans sa décision, Claire Hédon reprochait aux gendarmes d’avoir «manqué à leur devoir de protection» en n’ayant «pas pris le soin de préparer et de faciliter l’arrivée des pompiers». Pour pouvoir interpeller le jeune homme de 24 ans qui tentait de s’enfuir, les forces de l’ordre ont procédé à un placage ventral. Une fois au sol, Adama Traoré avait alors prévenu qu’il rencontrait des difficultés pour respirer mais les agents n’en ont que très peu tenu rigueur.

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Les fonctionnaires ont alors gardé l’homme menotté au moment de le mettre en position latérale de sécurité (PLS). Ce qui fait dire à la Défenseure des droits «qu’en conséquence, contrairement à ce qu’ils indiquent, ils n’ont pas pratiqué une PLS réglementaire». «En présence d’une personne inconsciente, allongée au sol, venant de surcroît de s’uriner dessus, au sein d’une brigade et entourés de plusieurs gendarmes, les militaires devaient le démenotter immédiatement, pour permettre la mise en œuvre des gestes de premiers secours», a ajouté la haute fonctionnaire.

Adama Traoré avait eu un malaise dans leur véhicule avant de décéder dans la cour de la gendarmerie de la ville voisine de Persan. Il avait été laissé menotté jusqu’à l’arrivée des pompiers.

Selon un rapport rendu en janvier 2021 par quatre experts belges, confirmé en août 2022 par un complément d’expertise, son décès a été causé par un «coup de chaleur» qui n’aurait toutefois «probablement» pas été mortel sans son interpellation par les gendarmes.
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