La France vient encore de battre un triste record alors que les chiffres du taux d’incarcération en Juillet dernier viennent de tomber.
Au premier Juillet 2023, le nombre de détenus atteignait 74 513 détenus. La France bat son sixième record avec une densité globale de 122,8 %.
Dans les maisons d’arrêt où sont incarcérés les présumés innocents en attente de procès et les prisonniers pour des petits délits, le taux d’occupation globale est de 146,3%
On dépasse les 200% dans huit établissements pénitentiaires à Rochefort, Saint-Brieuc, Perpignan, Carcassonne, Foix, Nimes, Remire-Montjoly, Majicavo.
A noter que d’entre eux dépassent les 200% avec deux records de 278,1% à Majicavo (Mayotte) et 212,2% à Perpignan.
Régulièrement épinglé par la Cour Européenne des droits de l’homme, l’État Français a pourtant choisi de surenchérir dans la dureté répressive à l’inverse de l’Allemagne, de la Finlande ou des Pays Bas (loin d’être à idéaliser pour autant).
Pourtant, construire de nouvelles prisons n’a absolument rien changé, si ce n’est qu’elles se remplissent immédiatement et se retrouvent surpeuplées.
En décidant de baisser de manière assez conséquente son nombre de détenus, l’Allemagne n’a pas connu d’augmentation de sa criminalité.
A elle seule, l’affaire Nahel a conduit à l’incarcération de plus de 600 personnes et des condamnations à la prison ferme pour 742 individus.
Nicolas Ferran, l’Observatoire international des prisons souligne à juste titre le caractère autoritariste et inquiétant de l’État qui tend à aggraver encore la situation.
« Il y a une utilisation massive et exponentielle des comparutions immédiates, qui sont des procédures d’urgence très pourvoyeuses d’incarcérations » (…) « Vous avez aussi, contrairement à ce que l’on croit, une augmentation en continu de la durée des peines ; et la création continue de nouvelles infractions qui sont susceptibles d’être sanctionnées de peines de prison » (…) « Tous les voyants sont au rouge, et ça, c’est une tendance profonde sur laquelle il faut absolument travailler ».
(Source France Inter)
A l’approche des jeux olympiques et avec les annonces successives de Dupont-Moretti avant les JO et son programme « zéro délinquance », il est probable que la situation empire.
Être abolitionniste et anti-carcéral paraît plus que nécessaire aujourd’hui, alors que la répression judiciaire réduit à néant toute parole contestataire, en faisant fi du principe de liberté d’expression.
Mais aussi parce qu’enfermer n’est pas une solution pour la majorité des enfermé•es, qui ne représentent pas de danger pour la société.
De nombreuses pistes existent, qui devraient pouvoir être étudié•es.
Comme le fait remarquer Gwenola Ricordeau:
« La fermeture des prisons est inéluctable à l’horizon de quelques générations, quand nous disposerons de suffisamment d’outils technologiques pour nous passer des murs. Tôt ou tard, un consensus fera apparaître que ce châtiment ne correspond plus aux standards démocratiques. »
Toutes les réactions :
77
Poster un Commentaire