Les agapes impériales et royales de Macron – Éditorial du 31 août 2023

(L-R) Political leaders of the leftist party Manuel Bompard, Olivier Faure and Marine Tondelier speak to the medias after a 12 hours meeting with French President Emmanuel Macron during the the "Rencontres de Saint-Denis" at the Maison d'Education of the Legion of Honor in Saint-Denis, on the outskirts of Paris, on August 31, 2023. Deprived of an absolute majority in the National Assembly lower house since last year's parliamentary elections, French President Emmanuel Macron is meeting leaders of all of France's political parties in a bid to break the deadlock of France's hung parliament. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)
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Août 31

Ils ont « échangé » de 15 heures à 3 heures du matin. On a le temps de s’en dire, des choses, en douze heures ! Jouant les incorruptibles, ah mais, les chefs de la NUPES avaient dit qu’ils ne mangeraient pas ! Mais il y avait des plateaux repas pour poursuivre en même temps les « échanges ». Alors, finalement, ils ont mangé (on ne connaît pas, à cette heure, le contenu des assiettes dans les plateaux repas ! ) !

Bien entendu, tous disent plus ou moins la même chose que Manuel Bompart, qui explique que ça n’a servi à rien, qu’il se sentait même, le pauvre, comme « chez les Martiens ».

Cela n’a servi à rien ? Olivier Véran, porte-parole du gouvernement Macron/Borne, se félicite : « Quelque chose s’est passé hier qui pourrait bien marquer l’histoire politique, voire démocratique, de notre pays », « Des gens qui ne se parlent pas, qui ne s’entendent pas, qui ne se comprennent pas, qui ne pensent pas la même chose, ont décidé de se parler à huis clos, ont décidé d’échanger, ont décidé de partager désaccords et désaccords, et ce, jusqu’au milieu de la nuit. » – ici, il faut préciser une chose : il faudrait être bien naïfs pour croire que ces gens, de LFI au RN avec Macron au milieu, « ne se parlent pas », mais la différence est que là, ils ont participé à une séance de parlotte officielle, jusqu’à 3 heures du matin, se prêtant tout entier, et jusqu’au bout, à la mise en scène de l’Élysée.

Véran précise, pour que l’on comprenne bien : « Ça veut dire aussi qu’Emmanuel Macron est prêt maintenant à parler au Rassemblement national comme à La France insoumise. Ça veut dire que le président de la République, par essence, est au-dessus des partis. C’est le président de tous les Français et donc il se doit de pouvoir écouter ceux qui représentent le discours politique français »

Le président « au-dessus des partis » avait besoin d’être reconnu comme tel par une gestuelle publique, sciemment localisée symboliquement dans un espace monarchique et impérial (les plateaux-repas, c’était dans le cloître de l’’ancienne nécropole royale, et l’ouverture de la réunion c’était dans la Maison d’éducation de la Légion d’Honneur !), et cette reconnaissance requérait la présence de LFI et du RN. LFI, un temps désigné comme ennemi de « l’arc républicain », est indispensable à la reconnaissance de Macron, président de la V° République. Voila pourquoi Bompart a souffert, selon ses dires, pendant 12 longues heures sur la planète Mars. Il a souffert, mais il était là et il est resté. Pour quoi faire ? Pour étayer Macron « président au-dessus des partis ».

Bien sûr, il y aura loin de la coupe aux lèvres. Mais Macron entend bien transformer l’essai. On verra ce que donneront les histoires de « préférendums ». Dans l’immédiat, Véran a donné un objectif politique qui, selon lui, aurait fait l’accord général (Bompart dit « ne pas avoir entendu » !) : « la porte n’a pas été fermée sur la question des bas salaires en dessous du SMIC ou des conditions de travail », et une « conférence sociale » se tiendra « sur les carrières et les branches situées sous le salaire minimum » -cela alors que tout retour en arrière sur la contre-réforme des retraites a été exclu avant, pendant et après les agapes sur plateaux-repas, comme il se doit.

Les syndicats seraient donc conviés à s’inscrire dans la mise en œuvre des plans discutés à huis clos pendant les douze heures de Saint-Denis. Marylise Léon, dirigeante de la CFDT, donne au même moment le contenu qu’elle entend imprimer à la journée d’action unitaire annoncée par toutes les centrales syndicales le 13 octobre : « Nous n’avons pas de revanche à prendre sur le gouvernement ».

L’immense majorité a plus qu’une revanche à prendre : elle n’a d’autre choix qu’affronter Macron et l’exécutif de la V° République qui, après le vrai recul inavoué qu’il a opéré sur les dates du Bac, commençant à casser l’œuvre de Blanquer, a eu besoin de convoquer à des agapes sur plateaux-repas royaux et impériaux son ban et son arrière-ban, RN et LFI inclus, nécessairement inclus.

Que cela plaise ou non à Macron et à tous les participants aux agapes martiennes sur plateaux-repas, l’affrontement va reprendre. Tous dans la rue le 23 septembre !

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