Qui a intérêt à s’en prendre à Médine ?

Faisant suite à son invitation aux universités d’été d’Europe-Écologie-Les-Verts et de la France Insoumise, une nouvelle polémique est montée en épingle à l’encontre du rappeur Médine, accusé d’antisémitisme.
Régulièrement ciblé par une frange politique allant du Printemps Républicain à l’extrême-droite la plus radicale, en passant par la Macronie, c’est bel et bien la classe médiatico-politique la plus raciste qui s’en donne à cœur joie et se retrouve à l’initiative de ces attaques.
C’est justement parce que Médine tient un discours ouvertement antifasciste, antiraciste et qu’il tient cette ligne depuis plus de quinze ans de carrière, qu’il est la cible de toutes les franges réactionnaires, comme c’est le cas pour d’autres figures musulmanes, et antiracistes de manière globale.
Afin de saisir ce qui est reproché au rappeur, nous devons revenir à la base sur laquelle reposent ces accusations.
En cause, une quenelle photographiée il y a une dizaine d’années, pendant une époque confuse où ce geste s’était malheureusement propagé partout dans l’hexagone.
Ces faits datent, et pourtant Médine s’en est déjà expliqué plusieurs fois sans chercher à minimiser les faits ni à s’en dédouaner.
Après de multiples attaques, il y a environ une semaine, Médine répond à un tweet de Rachel Khan, ( activiste du Printemps Républicain, admiratrice de Finkielkraut et ancienne employée fictive du centre culturel hip-hop. Cette dernière avait aussi déjeuné avec Marine Le Pen à son domicile en 2021.) :
« ResKHANpée : personne ayant été jetée par la place Hip Hop, dérivant chez les social traîtres et bouffant au sens propre à la table de l’extrême-droite ».
Le nom de Khan est celui du père de Rachel, d’origine gambienne.
Ce nom est répandu dans l’ensemble du monde musulman, il est très régulièrement cité par Médine lui-même. Il en fait de nombreux jeux de mots qu’il utilise pour sa propre famille (la Khan family), notamment son fils ou encore le livre de recettes de sa femme ( bienvenue à la Khantoche ).
Ce n’est donc pas le nom « Kahn » (nom fréquent chez les juifs ashkénazes) qui est visé ni les origines juives de ses grands parents.
Pour autant, le rappeur a immédiatement reconnu la maladresse de ce tweet et s’est excusé des mauvaises interprétations qu’il pouvait susciter :
« Aucune ambiguïté. J’ai attaqué le parcours professionnel de Rachel Khan. La formule pas adaptée, qui à certainement dû heurter des personnes et je m’en excuse, n’était pas dirigée vers sa famille ni vers les victimes du drame de la Shoah.
Rachel Khan m’a traité il y’a quelques jours de « déchet ». Je n’ai pas crié à l’islamophobie ni au racisme anti-arabe.
Le combat contre l’antisémitisme, contre l’islamophobie et toutes les discriminations mérite mieux que des anathèmes sur Twitter. »
A titre d’élément comparatif, presque personne ne demande des comptes à Macron et Darmanin qui saluent la mémoire de Pétain, Bainville ou Maurras et occupent des fonctions présidentielles et ministérielles.
Plus récemment, personne n’a tenu compte du député Républicain Jean-Louis Thiérot, auteur d’une tribune publiée dans le quotidien Le Figaro, en hommage à Barrès, penseur et écrivain antisémite français.
Aussi, il est malheureusement trop rare que la question de l’antisémitisme touche le Rassemblement National ou Reconquête et leur électorat systémiquement raciste.
Y compris lorsque certains de leurs électeurs se sont mis en scène en projetant des attentats racistes à l’encontre de différentes minorités dont les juifs.
Plus qu’une nécessité, la lutte contre l’antisémitisme est un devoir.
C’est également le cas pour toutes les formes de racisme, particulièrement dans un pays où les institutions étatiques définissent dorénavant un agenda ouvertement islamophobe et négrophobe.
L’instrumentalisation de l’antisémitisme par les franges réactionnaires racistes est forcément un désastre qui ne peut que desservir le combat antiraciste et antifasciste dans son ensemble.
Face à cela, si la LFI tient sa ligne et refuse de se soumettre aux diktats, chez une partie des leaders libéraux d’EELV, on plonge la tête la première dans la sémantique de « l’arc républicain. »
Sur France Inter, Marine Tondelier explique qu’elle surveillera attentivement les propos de Médine « Je serai extrêmement attentive à ce que Médine dira le 24 août »
Sandrine Rousseau qui avait affirmé son paternalisme blanc pendant les révoltes en qualifiant les émeutiers de virilistes,
continue sur sa ligne et somme à Medine de reconnaître « le caractère antisémite de son tweet ».
Dans les deux cas, nous sommes confrontés à une attitude civilisatrice comme si Médine était un adolescent qu’il faudrait éduquer, pour le plus grand bonheur du champ politique de la suprématie blanche et ses alliés objectifs.
Cette polémique a au moins le mérite de placer le curseur antiraciste et de voir où chacun se situe, y compris à gauche.
Peut être une image de 1 personne et texte qui dit ’QUI A INTÉRÊT À S'EN PRENDRE À MÉDINE?’
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