Fonds d’urgence bio : courrier du Président d’Agribio04

Superbe texte de Gérard Daumas (Agri-bio 04), en dossier joint en bas de page. A partager d’urgence avec vos réseaux.
Comme lui nous sommes nombreux à ne vouloir que la paix dans nos campagnes. Or cette paix, de mémoire d’humain, n’a jamais été aussi menacée qu’au cœur d’un réchauffement climatique dont nous semblons largement responsables mais dont nous peinons à comprendre qu’il semble, sous nos yeux passer d’un mode arithmétique à un mode exponentiel. 
 
Cultiver la paix, c’est chercher et partager l’information pour agir de manière lucide et concertée, chacune et chacun, à sa vraie place, sans excès de position dominante. Nous allons devoir revoir tous nos modes de pensée et de vie. C’est une aventure forcément risquée mais moins risquée que la mésaventure de l’inaction.
 
La trahison de l’Etat, de & par ses clercs (ex ENA)massivement séduits par l’enrichissement perso via Le Marché, passe elle aussi du mode arithmétique au mode exponentiel. Elle doit cesser. La DATAR de Philippe Seguin est morte et enterrée, reléguant au fil du temps la préfectorale au rang de SAMU de missions régaliennes dégradées ainsi qu’à l’appui logistique et financier au bénéfice de start-up à l’avenir bref.
 
L’Etat doit recouvrer son rôle de charpente, de colonne vertébrale en réponse à « une société devenue liquide  » & dont, toute honte bue, se plaint notre Président.
 
Macron s’inquiète ainsi d’une société liquide (Cf Zygmunt Bauman 1998), c’est à dire où ni l’amour, ni l’amitié ni le travail, (ni l’Etat en renonçant à ses missions régaliennes) ne sont plus en mesure de contribuer à nous structurer. « En même temps » qu’avec ses amis et soutiens il œuvre à nous réduire toujours plus aux rôles de consommateurs abandonnés au bon vouloir d’entreprises monopolistiques & tentaculaires.
Le second paragraphe du texte de Gérard mérite peut-être un court développement pour les non paysans … et non chasseurs. Il signale à la fois que les véritables mesures « agri-environnementales » ont été mises en mode « pause » dans le même temps que la chasse aux paysans de la bio est ouverte, de l’Europe à nombre de communes en passant par les collectivités territoriales et le gouvernement français.
« Qui aurait pu prédire » que les chasseurs deviendraient sous la Représidence Macron les acteurs pivot de la « reconquête de la biodiversité » hexagonale (Hors métropoles & Parcs Nationaux), main dans la main avec la FNSEA ? Avec à la godille des sénateurs sur-représentants de la France rurale âgée et masculine, dont l’élection est assimilable a tout du suffrage censitaire sous ancien régime. Les jeunes générations en danger ne peuvent qu’apprécier.
Ces chasseurs ont su peser de tout leur poids, dès le 18 septembre 2021, pour faire « entendre raison » au Président Macron en le contraignant à leur accorder immédiatement  le retour sur investissement qu’ils attendaient de leur engagement massif en faveur de sa fraîche réélection.  Reçu 5/5.
Rappelez-vous le beau samedi 18 septembre 2021. Une marrée orange de plus de 10.000 chasseurs déferle sur Forcalquier (Comme à Mont-de-Marsan, Amiens, Redon, Caen, Charleville-Mézières pour bien « marquer » l’hexagone), asséchant l’ensemble des bars, avec comble de la bienveillance du pouvoir, la Gendarmerie aimablement mise à disposition pour faciliter l’accès des troupes aux parkings & à la ville puis finalement leur éparpillement routier sans le moindre contrôle d’alcoolémie.
Je tiens à préciser que j’ai ici, comme dans tout milieu, des amis chasseurs, profondément reliés à la terre. Ils sont plus chasseurs-pisteurs que chasseurs et promènent souvent le fusil cassé. Ils estiment à 20/80 le rapport bons chasseurs/viandards mécanisés, connectés. Les expertises qu’ils ont les moyens de commander sont aussi de vraies ressources.
De : Gerard DAUMAS <gerard-daumas@wanadoo.fr>
Date : mardi 19 septembre 2023

Bonjour

pour info à diffuser le + possible

Cordialement,

Gérard Daumas Le Mas de l’Aurore 04300 Mane

tel/fax: 04 92 79 56 62 – tel portable: 06 82 81 91 25

envoyé : 19 septembre 2023

Madame, Monsieur,
Veuillez trouver ci-joint un courrier de notre président, M. Gérard Daumas, concernant le Fonds d’urgence bio mis en place par le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (enveloppe de 60M€) pour aider les agriculteurs et agricultrices en difficulté en agriculture biologique.
Cordialement,

L’équipe d’Agribio04.

   

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 FONDS D’URGENCE BIO : Une usine à gaz construite à la hâte, sur un terrain miné, au risque d’explosion imminente

Elle était attendue comme une aide de reconnaissance du travail effectué en faveur de l’environnement et un encouragement à continuer dans cette voie, mais une fois de plus nos décideurs, complètement déconnectés de la réalité, sont à côté de la plaque ! En effet, sans EBE et expert-comptable, coûtant une fortune chaque année, impossible d’avoir accès à ce fonds d’urgence.

Concrètement, sur le terrain, alors que le feu dévore la planète, nous devons perdre notre temps à apporter la preuve par les chiffres que la baisse de nos ventes, l’augmentation démesurée du coût de l’énergie – planifiée depuis longtemps et décidée brutalement par les profiteurs de guerre – à laquelle il faut ajouter canicule, sécheresse, et inscription forcée – parce que reconnue pour la qualité supérieure des productions de nos exploitations – au guide Michelin des restaurants à sangliers, font chuter nos revenus !!!

Tenter de diviser une profession unie dans la défense et la promotion d’une agriculture saine et respectueuse de l’environnement est une erreur fatale pour l’avenir. L’éveil des consciences est en marche et ne s’arrêtera pas. Le chemin que vous prenez n’est pas le bon.

En 1986, j’ai fait partie des premiers dossiers JA Bio. Par la suite, beaucoup de jeunes m’ont emboîté le pas, et je m’en réjouis. Depuis plus de 30 ans, chaque agriculteur bio a participé à cette marche vertueuse en faveur de l’environnement et même si le crépuscule de ma carrière de paysan se dessine à l’horizon, je dois, avec tous ceux qui m’ont suivi, en récolter les fruits.

La suppression de l’aide au maintien en agriculture biologique[1] a été la plus grande erreur commise ces dernières années. Cette aide était pour nous une reconnaissance pour service rendu à l’environnement en matière de protection de l’eau, de la faune, de la flore et surtout en faveur de la lutte contre l’érosion des sols. Mesure injuste et pénalisante pour nos exploitations, mais je peux la comprendre : après tout je dois bien reconnaître que, produisant de la nourriture et vivant au grand air, je n’ai pas besoin d’aller au Fourquet’s pour manger, ni sur un yacht en Méditerranée pour me ressourcer.

Si vous ne l’avez pas compris, le développement de l’agriculture biologique, c’est la naissance d’un nouveau monde et surtout le moyen de rétablir la paix dans tous les secteurs :

– demander de la main d’œuvre est une piste pour la baisse du chômage,

– donner de la nourriture aux habitants des pays pauvres peut limiter les migrations,

– planter des arbres pour abriter les auxiliaires limitera l’emploi de pesticides,

– les exemples de ce type sont nombreux et toujours durables !

En ce début des temps apocalyptiques que nous vivons, la planète nous demande des comptes. Qu’avez-vous fait de moi ? Notre réponse est simple : nous avons commis des erreurs, mais nous allons les réparer en produisant de l’électricité verte et en construisant des voitures électriques. Mais nous allons aussi devoir défricher quelques milliers d’hectares et remuer quelques milliards de m3 de terre pour récupérer du lithium… « Tu dois bien comprendre que c’est nécessaire pour aller mieux, mais ne t’inquiète pas, nous allons replanter des arbres et tout ira bien ! »

Oui, tout pourrait aller mieux si nous avions au moins la volonté d’arroser ceux-ci avec le peu d’eau qu’il nous reste. C’est ainsi que j’ai alerté pendant plusieurs semaines pour que les arbres récemment plantés le long de la Voie Verte à Forcalquier, soient enfin arrosés… Trop tard ! Fin août 2023, je constate leur décès ! Entre Volx et Manosque, au niveau du radar, ce sont 40 % des arbres plantés qui sont morts de soif. Ironie du sort, ils voient passer à quelques mètres d’eux, chaque jour, des millions de m3 d’eau dans le canal EDF. Même triste sort pour ceux plantés entre Reillanne et Céreste, après l’agrandissement d’une portion de route. Là aussi, ironie : en face d’eux, une bassine d’eau a été construite (je n’ai rien contre cette réserve). A 2500 € par arbre, faites le décompte du gâchis ! L’aide aux agriculteurs bio, à côté, représente peu de choses. Force est de constater qu’en matière de gestion de l’eau, nous avons de gros progrès à faire !

Face à l’inconscience, il existe quand même des solutions, ou plutôt une solution universelle : l’humanité se trouve devant l’obligatoire nécessité d’effectuer un grand pas spirituel en se connectant avec le reste du vivant, représenté par le monde animal, végétal et minéral. Chaque forêt qui brûle, ce sont des milliards d’êtres vivants brûlés. Aujourd’hui ce sont eux, mais demain nous serons à leur place. La récente catastrophe de l’archipel d’Hawaï est un premier avertissement.

Je n’ai pas oublié que par un passé pas si lointain, c’est une somme considérable venue de l’Europe, destinée au développement biologique régional, qui a été détournée pour payer les dégâts du loup aux éleveurs. Là aussi, prélèvement obligatoire, sans espoir de retour, qui n’a pas résolu le problème du loup, mais posé un problème de développement pour l’AB.  Refuser de mettre les moyens là où ils sont nécessaires, c’est faire la politique de l’autruche et refuser de voir la grande famine mondiale qui arrive à grands pas. N’oubliez pas que nous avons de plus en plus de difficulté à produire, que les cultures souffrent des excès de température et de l’attaque de nouveaux ravageurs.

L’agriculture biologique doit faire l’objet d’un plan de développement ambitieux et dynamique, impliquant chaque habitant, permettant d’utiliser les ressources locales que le territoire nous offre et non de les exploiter. Ce plan doit être élaboré en concertation avec les acteurs locaux, en n’oubliant pas les paysans, en tenant compte de leur avis et de leur connaissance du territoire. Compte-tenu de l’augmentation du nombre de catastrophes naturelles, plus que jamais, la notion de production bio et locale doit être présente à l’esprit, afin que chaque territoire retrouve ce que faisaient nos ancêtres, c’est-à-dire un minimum d’autonomie alimentaire, même dans les lieux les plus reculés.

Gérard Daumas, Président d’Agribio 04.

[1] [1] https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/09/22/l-etat-supprime-les-aides-au-maintien-de-l-agriculture-bio_5189584_3234.html

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