Macron a été copieusement hué et sifflé au stade de France pour l’ouverture de la coupe du monde de rugby, ce qui a été vu sur toute la planète.
Cela témoigne que rien n’a été oublié des attaques de Macron contre les retraites, de ses 49.3 à répétition et que le feu couve encore.
C’est que ces sifflets ne sont pas seuls.
Pour comprendre la situation actuelle, ce qui couve encore, quelles leçons ont été tirées des luttes du printemps et ce qu’on peut attendre des semaines et mois à venir, il faut lier ce qui s’est passé au Stade de France à d’autres événements au même moment.
D’abord les belles déclarations courageuses, déterminées et offensives des militants inculpés pour les événements de Sainte Soline à l’ouverture du procès à Niort . Et puis, toujours dans le même temps les déclarations tout aussi courageuses et combatives de Sébastien Menesplier, secrétaire de la CGT Energie mais aussi à la direction nationale de la CGT, poursuivi pour les actions des Robins des Bois de l’énergie ce printemps, les revendiquant pleinement et appelant à l’offensive, sans oublier encore à cette même occasion celles de Cédric Liechti secrétaire de la CGT Energie de Paris défendant les actions et grèves insurrectionnelles.
Toujours dans le même temps, malgré l’absence des directions syndicales nationales en cette rentrée choisissant le dialogue social avec Macron plutôt que la continuation de la lutte du printemps, il faut souligner le caractère bagarreur des grèves des conducteurs de trains et bus à Marseille, du métro à Paris, des bus à Toulouse et des aiguilleurs du ciel pour l’ouverture de la coupe du monde de rugby.
Enfin, dés la rentrée, il y a les succès des grèves le plus souvent pour les salaires des employés et ouvriers du Carlton à Cannes, d’Intermarché à Champigny, de Becton Dickinson à Pont-de-Claix, de la Samsic à La Défense, de TMS à Grand Synthe, et la reprise des casserolades pour accueillir Attal, Borne ou Macron devant les écoles.
Mais pour donner tout leur sens à ce qui pourrait apparaître peu important, il faut prendre un peu de recul et replacer ces événements au niveau international.
Ainsi, Macron recule aussi au Niger pour différentes raisons mais aussi face à la grève générale des travailleurs au Nigeria qui paralyse toute possibilité d’intervention des soldats de la CEDEAO et, surtout, pourrait faire boule de neige dans toute la région et donner aux mouvements anti-impérialistes une coloration prolétarienne internationaliste qui lui fait peur.
Car au même moment aussi au niveau mondial, se dégage un caractère plus offensif des luttes. Cela se mesure par exemple aux revendications exigées par le syndicat de automobile américain UAW qui exige à la veille d’une grève nationale : 46% d’augmentation de salaire (sur 4 ans), un taux horaire à 47 dollars (44 euros), 32 h par semaine, 4 jours travaillés ; c’est-à-dire plus que l’inflation et avec un début de rattrapage de ce qui a été perdu depuis des décennies.
Et ce caractère offensif se traduit maintenant par des victoires. Bien des salarié américains viennent d’obtenir satisfaction à des revendications de cette dimension. Même chose au Canada tandis qu’en Grande Bretagne, il y a des victoires du même ordre avec une continuité des luttes depuis plus de 14 mois. En Allemagne, par la seule menace d’une grève les cheminots ont obtenu une augmentation de 410 euros (sur 4 ans) tandis que certains menacent d’une grève pur une augmentation de 965 euros mensuels. En Amérique du Sud ce sont les succès de la lutte des femmes pour le droit à l’avortement avec sn autorisation par exemple au Mexique ces dernier jours.
L’Asie du sud de son côté est en ébullition et fait reculer les pouvoirs en place En Inde ce sont des victoires incessantes des paysans, qui mènent parallèlement un combat pied à pied contre les fascistes et viennent de constituer un front de masse historique avec les syndicats ouvriers pour faire tomber le gouvernement d’extrême-droite autour d’un programme anti-capitaliste audacieux. Au Pakistan, c’est le second gouvernement qui tombe en à peine plus d’un an sous la pression des grèves et des manifestations. Au Bangladesh les enseignants ont obtenu la nationalisation de l’enseignement secondaire après un mois de lutte (le primaire était devenu public au moment de l’indépendance), et puis le quadruplement des salaires des ouvrières du thé après un mois de grève de ces dernières. C’est encore la reprise du soulèvement en Syrie et du mouvement des places comme Tahrir et Kasbah en 2011-2013… contre la dictature de Bachar-el-Asad, toutes les dictatures arabes et tous les impérialismes.
Bref, nous sommes passés de luttes défensives à des luttes offensives puis de ces luttes offensives nous sommes en train de passer à des luttes victorieuses et à un ré-équilibrage mondial progressif des rapports de force
C’est ce caractère offensif de la période qu’on entend dans les discours de Niort ou des militants de l’Energie et dans la volonté de la base syndicale et ouvrière d’utiliser la coupe du monde de Rugby. C’est cet aspect victorieux qui se lit dans les succès grévistes de ces dernières semaines. Et c’est volonté de continuer la lutte qu’on entend dans les sifflets du Stade de France, et qu’entendent également tous les citoyens du monde.
Nous sommes dans une telle période .ela ne veut pas dire qu’il n’y ais pas de reculs, comme nous venons d’en vivre un avec la réforme des retraites, ni d’attaques – on le voit tous les jours – , mais cela signifie que des luttes d’ampleur ne sauront pas tarder à reprendre et que pouvons, nous allons gagner.
Jacques Chastaing, 10.09.2023
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