L’édito d’Alexandra Schwartzbrod
Après une explosion meurtrière dans un hôpital de Gaza, les manifestations qui se sont multipliées dans plusieurs pays de la région font craindre une escalade du conflit. Il est urgent d’agir.
publié le 18 octobre 2023 à 21h19
Plus que jamais, en ces heures sombres où la communauté internationale semble marcher sur un fil de plus en plus mince, les responsables politiques doivent se garder de tout amalgame ou parole incendiaire. L’explosion qui s’est produite mardi soir à l’hôpital Al-Ahli Arabi de Gaza, causant la mort de très nombreuses personnes – les chiffres sont encore difficiles à établir – pourrait bien, en effet, transformer la guerre qui oppose Israël au Hamas en un embrasement régional, voire pire.
Le mouvement islamiste a aussitôt attribué cette frappe à Israël, qui bombardait régulièrement l’enclave depuis plusieurs jours, mais des vérifications poussées, mêlant vidéos et analyses d’experts reconnus, semblent plutôt indiquer qu’il s’agirait d’une explosion causée par une roquette, mal contrôlée ou mal déviée, tirée côté palestinien. Israéliens et Palestiniens continuent malgré tout à se rejeter mutuellement la responsabilité du tir.
Alors que la planète était suspendue avec angoisse à l’offensive terrestre préparée par Israël dans Gaza, redoutant le coût humain d’une telle opération, c’est finalement cette explosion qui a changé la donne. Tétanisées ou divisées jusqu’alors par l’ampleur du massacre commis par le Hamas le 7 octobre en Israël, les populations musulmanes, qui commençaient à s’agiter devant le nombre de morts et de blessés palestiniens causés par les bombardements israéliens, sont descendues dans les rues de Ramallah, de Tunis, d’Amman, de Beyrouth ou du Caire pour crier leur colère. Une colère dirigée contre Israël mais aussi contre les Occidentaux, accusés de donner depuis longtemps carte blanche à l’Etat hébreu. Le président américain, Joe Biden, en visite à Tel-Aviv, a réitéré son soutien à Israël tout en arrachant à Nétanyahou la promesse de laisser passer une aide humanitaire à Gaza via l’Egypte. Pas sûr que cela suffise à calmer la rue. Tout doit être entrepris, aujourd’hui, pour que chacun comprenne l’urgence de se préoccuper d’un conflit que le monde entier avait mis sous le tapis, pays arabes compris.
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