Des milliers de personnes se sont réunies ce dimanche en soutien au peuple palestinien, à Paris. Pendant deux heures, syndicats et politiques se sont succédé au micro devant une foule en colère, mais calme.
par Margaux Gable
«On n’a jamais été si nombreux je crois.» Noré Saïd Ben Medjahed, militant propalestinien de longue date et jeune retraité, se réjouit de voir la foule si dense. Ce dimanche 22 octobre, place de la République, à Paris, plusieurs milliers de personnes se sont réunies dans ce qui est le premier rassemblement propalestinien autorisé par la préfecture de Paris depuis le 7 octobre.
Après une première manifestation interdite samedi dernier et une autorisée une heure ce jeudi, la préfecture de police de police de Paris a donné son feu vert pour ce dimanche. «Les appels à manifester pour demain [dimanche] condamnent les attaques terroristes perpétrées par le Hamas, le rassemblement déclaré place de la République pourra donc avoir lieu», avait indiqué la préfecture de police à l’AFP, prévenant toutefois qu’«aucun débordement ne sera autorisé». La FSU, la CGT, la France insoumise (LFI), Lutte ouvrière, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ou encore l’organisation Attac ont défilé.
«Macron donne un permis de tuer à Israël»
Syndicats et politiques se sont succédé au micro. Il faut «contraindre l’Europe à agir», «un cessez-le-feu immédiat», «une levée du blocus contre Gaza en place depuis 2005» et «une paix juste et durable», selon Celine Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT. Aurélie Trouvé, députée LFI, dénonce pour sa part une situation «cataclysmique» dans laquelle «chaque mort est une blessure insupportable», rappelant sa solidarité envers «toutes les familles qui attendent la libération des otages».
Devant la foule, qui scande en chœur «Israël assassin, Macron complice», Bertrand Heilbronn, président de l’association France Palestine Solidarité (AFPS), dénonce la position du gouvernement français sur le conflit israélo-palestinien. «Macron donne un permis de tuer à Israël», s’est-il rebiffé au micro. «Notre gouvernement français est complice des massacres qui se déroulent actuellement, […] ce même gouvernement qui laisse crever les gens dans la Méditerranée, ajoute le NPA. Eux ont du sang sur les mains, nous, on n’en a pas. La dignité est de notre côté, nous ne devons pas l’oublier.»
En s’éloignant des enceintes, on croise Selma, une pancarte dans la main droite : «Pas en notre nom». Son conjoint est «musulman par son père et juif par sa mère». Pour elle, «tout cela n’a rien d’une guerre de religion. La religion ne peut pas justifier tant d’inhumanité.» Depuis le début du conflit, elle se désole surtout des amalgames, qu’elle «voit partout». «Si je suis là aujourd’hui, ce n’est pas parce que je suis antisémite. Le problème, c’est que le gouvernement ne fait rien pour arrêter cette haine. Ils attendent quoi ? Que le RN gagne au second tour ?» s’inquiète-t-elle. Ces derniers mois, les actualités lui laissent un goût amer. «En fait, c’est comme pour Nahel, ce sont des morts dont tout le monde se fout.»
«J’étais à la manifestation et je n’ai jamais entendu ça»
A ses côtés, son amie Mounia s’inquiète surtout «du traitement médiatique». «Sur BFM, en ce moment, quand on parle de Gaza, on ne parle que du Hamas. Mais les Palestiniens ne sont pas le Hamas. […] Et quand on parle de terrorisme, c’est toujours pour parler du même camp. Je ne suis pas d’accord, on devrait aussi parler de terrorisme pour parler des attaques d’Israël», partage celle qui dit, désormais, ne lire «que la presse étrangère», qui a, selon elle, «une lecture plus intelligente du conflit».
«Allah Akbar n’est pas un cri de terroriste», peut-on lire un peu plus loin sur une pancarte. Référence à la manifestation de jeudi à Paris, au cours de laquelle la foule a scandé en chœur «Allah Akbar» au terme d’une minute de silence. En ligne, les vidéos ont été massivement partagées sur X (ex-Twitter), notamment par des personnalités comme Eric Zemmour, Marion Maréchal ou Jean Messiha. Pour Selma, «c’est un non-sujet. J’étais à la manifestation et je n’ai jamais entendu ça. Ça s’est passé, je ne le nie pas, mais ce n’était pas quelque chose de massif. De toute façon, tout est bon pour nous décrédibiliser.»
Il est 19 heures, place de la République, les militants sont descendus de la statue, les enceintes sont démontées et la place se désemplit doucement. Seule une centaine de personnes restent. Sous l’imposante statue en bronze de la République, l’allégorie représentant la fraternité tient encore un drapeau palestinien à la main.
Poster un Commentaire