Nicolas Sarkozy, dans un tribunal parisien
PARIS (Reuters) – Nicolas Sarkozy a été mis en examen vendredi pour « recel de subornation de témoin » dans l’affaire de la rétraction de l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine qui accusait l’ancien président d’avoir recouru à un financement libyen pour sa campagne présidentielle de 2007, selon BFMTV.
L’ancien président a été doublement mis en examen pour « recel de subordination de témoin » et « association de malfaiteurs en vue de commettre une escroquerie au jugement en bande organisée », a rapporté BFMTV, citant des sources judiciaires.
Nicolas Sarkozy mis en examen dans l’affaire de la rétractation de Ziad Takieddine
L’ancien président de la République a été interrogé pendant plus de 30 heures sur ce volet de l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007.
JUSTICE – C’était l’heure de la décision pour les juges d’instruction. Ils interrogeaient Nicolas Sarkozy depuis mardi sur de possibles manoeuvres frauduleuses pour le disculper des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle 2007, et devaient rendre le verdict ce vendredi 6 octobre.
L’ex-chef de l’Etat, arrivé en voiture vers 09H40 au tribunal judiciaire de Paris, a finalement été doublement mis en examen pour recel de subornation de témoin et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’escroqueries au jugement en bande organisée, a indiqué à l’AFP une source judiciaire.
La décision a été prise au terme d’une trentaine d’heures d’interrogatoire au total sur trois jours et demi, mené par deux magistrats financiers chargés de cette information judiciaire ouverte en mai 2021 sur cette opération, appelée « Sauver Sarkozy » par l’un des mis en cause. Elle ouvre la voie à un possible nouveau procès pour la figure de proue de la droite française.
« Nicolas Sarkozy est fermement décidé à faire valoir ses droits, établir la vérité et défendre son honneur », ont déclaré dans un communiqué ses avocats.
Plus de 600 000 euros pour « sauver Sarkozy » ?
Dans cette affaire, la justice se penche sur les manœuvres qui auraient été élaborées par au moins neuf protagonistes, impliqués à des degrés et moments divers : la reine des paparazzis Mimi Marchand, l’intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie, le financier Pierre Reynaud (décédé depuis), le puissant chef d’entreprise David Layani, etc.
Leur objectif aurait d’abord été d’obtenir la rétractation des accusations du sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine contre Nicolas Sarkozy, contre une possible rémunération. Alors que, depuis plusieurs années, l’homme d’affaires clamait que Nicolas Sarkozy avait touché de l’argent libyen pour financer de manière illicite sa campagne de 2007, il donne une retentissante interview sur BFMTV et Paris Match en novembre 2020. Dans un spectaculaire volte-face, il assure que l’ex-chef de l’État n’a « pas touché un centime, cash ou pas cash ». C’est le point de départ de l’enquête.
Puis, au premier semestre 2021, certains d’entre eux auraient tenté d’obtenir une preuve que le document libyen publié dans l’entre-deux tours de la présidentielle 2012 par Mediapart et évoquant un financement à hauteur de 50 millions d’euros était un faux. Ou encore à corrompre des magistrats libanais pour qu’ils libèrent un fils Kadhafi détenu dans ce pays, afin que la famille du défunt dictateur libyen facilite la mise hors de cause de Nicolas Sarkozy.
Pour les enquêteurs, selon un chiffrage récemment établi, au moins 608 000 euros auraient pu être utilisés dans cette opération, dont les protagonistes contestent la teneur frauduleuse.
Avec cette nouvelle mise en examen, l’agenda judiciaire de Nicolas Sarkozy se charge encore davantage. Outre le procès du financement libyen, prévu début 2025, il sera jugé en novembre en appel dans le dossier Bygmalion. L’affaire dite « Bismuth » pourrait pour sa part faire l’objet d’un nouveau procès, pour raisons procédurales.
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