Drôles d’images que celles que nous avons vues hier après-midi. Pourtant celles-ci n’ont tristement rien de surprenant. Cette marche, non pas contre toutes les discriminations, mais prétendant combattre le seul antisémitisme, avait justement l’apparence d’un rassemblement haineux.
Témoignages de haine à l’égard d’une certaine partie de la gauche tentant de tenir une ligne respectable, témoignages de haine à l’égard des musulman·es, et, fait notable, présence de plusieurs individus qui dissimulent à peine leur antisémitisme puant.
Rappelons par exemple que le ministre Darmanin, il y a peu, citait encore Bainville à l’Assemblée (un historien de l’Action française, mouvement dont les positions antisémites ne font aucun doute et par lequel est passé le ministre de l’Intérieur), ou félicitait dans son livre la politique antisémite de Napoléon à l’égard de la population juive de l’époque.
En vérité, pour bon nombre de personnalités, la lutte contre l’antisémitisme est avant tout une véritable tribune qui leur permet d’exposer leurs positions racistes et islamophobes, et cela s’est pleinement illustré hier.
En cela, les crimes du Hamas sont une véritable aubaine pour le gouvernement, qui se plaît à propager l’idée que chaque musulman·e est un terroriste en puissance.
Mais leur lutte de façade contre l’antisémitisme ne trompe personne. L’antisémitisme en France est un fléau qui parcourt l’ensemble de la société. Pourtant, aux yeux de l’Etat et des médias, celui-ci ne semble exister que lorsqu’il émane d’individus non-blancs, souvent musulmans, ou de personnalités politiques de gauche.
L’antisémitisme de l’extrême-droite, qui est la seule à l’avoir traduit politiquement, semble s’être volatilisé.
Pourtant, régulièrement des militants néo-nazis ou nationalistes sont arrêtés au motif qu’ils projetaient des attentats, parfois à l’encontre de la communauté juive, parfois à l’encontre de la communauté musulmane, mais dans tous les cas, les médias ne semblent pas s’en préoccuper outre mesure.
Pendant ce temps, la communauté musulmane est présentée comme étant antisémite dans son ensemble, preuve là encore de l’islamophobie maladive de la droite, et d’une partie de la gauche.
A tel point que des croix de David inscrites sur des murs en soutien à l’Etat colonial israélien deviennent des symboles de la radicalisation islamiste ou d’on ne sait quelle autre théorie du complot d’extrême-droite.
Le fait le plus notable ce dimanche, fut que la présence de groupes fascistes ne rencontra aucune opposition, ni dans les médias, ni dans la rue, maisen revanche, l’absence du président fit couler beaucoup d’encre.
C’est un bel indicateur du climat dans lequel nous nous trouvons. Défiler avec les fascistes sans broncher, et déplorer l’absence d’un président pourtant peu apprécié, sinon abhorré.
Quand la gauche, isolée et fragilisée est jugée comme infréquentable, et que l’extrême-droite parade fièrement dans la rue pour soi-disant protester contre les discriminations à l’égard d’une communauté qu’elle faisait monter dans des trains il y encore quelques décennies, il y a véritablement matière à s’inquiéter.
L’inversion des valeurs à laquelle nous assistons est flagrante.
Soulignons également que cette marche, assortie d’un battage médiatique énorme, aura été aussi une manière très efficace de reléguer en arrière plan la question palestinienne et l’enjeu crucial de stopper les massacres en cours, et de remettre sur la table la question de la politique de colonisation d’Israël ainsi que de l’apartheid subi depuis des décennies par les Palestiniens.
Enfin, si les violences à caractère antisémite, qui sont bien réelles, et l’actualité nous le rappelle régulièrement (même si elle fait moins de bruit quand ces violences sont commises par des blancs) doivent être condamnées avec la plus grande intransigeance, il convient également de rappeler la véritable nature de l’extrême-droite.
Car nul doute qu’après s’être débarrassée des musulmans, il ne lui faudrait pas longtemps pour se tourner à nouveau vers les juifs.
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