Argentine: vive la liberté, bordel!

Pourquoi le peuple (les « vrais gens ») a-t-il offert au nouveau président la plus large victoire jamais accordée à un président depuis le retour de la démocratie ?

Edito Remi Godeau

Anarcho-capitaliste, libertarien d’ultra-droite, radical-réactionnaire, anti-système pro-finance, Javier Milei est difficile à étiqueter. Il n’empêche, ses projets foutraques, ses paroles démentes et son style vulgaire font déjà du nouveau président argentin l’idiot utile de l’internationale anti-libérale, trop heureuse d’accoler au libéralisme économique le conservatisme social et l’excentricité démagogue. En France, les défenseurs du « modèle vénézuélien » ont ainsi vite fait, toute honte bue, d’instrumentaliser la victoire du populiste — un amalgame pavlovien.

 Le mal-nommé « Trump de la pampa » n’appliquera pas son programme, et d’abord ses mesures les plus indéfendables. Mais l’essentiel est ailleurs : pourquoi le peuple (les « vrais gens ») lui a-t-il offert la plus large victoire jamais accordée à un président depuis le retour de la démocratie ? Il s’agit d’un vote sanction. Clair et net. Les électeurs – dont la moitié est pauvre – ont rejeté ce péronisme fait de dirigisme, de protectionnisme, de corruption et de nationalisme. Ils ont puni un système illibéral qui a mené à la faillite un pays autrefois parmi les plus riches au monde. Qui s’en préoccupait jusque-là ?

A vrai dire, la bombe économique a déjà été allumée par Sergio Massa, le candidat défait du pouvoir. A tel point que les chances de succès de la politique de Javier Milei sont minimes. Une autre bonne affaire pour les hérauts de l’étatisme… Au bord du gouffre, les Argentins ont, eux, moins voté pour une idéologie que pour une rupture – une simple question de survie. Que cette volonté de renverser la table se fasse aux accents du slogan « vive la liberté, bordel » ne saurait discréditer la solution libérale. Elle sonne au contraire comme un avertissement, jusqu’aux frontières d’une Europe corsetée par un interventionnisme extrême : il ne faut pas laisser le monopole de la liberté aux extrémistes.

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